Eglises d'Asie

Macao : le bon déroulement d’une première manifestation religieuse dans les rues de la ville est considéré par l’Eglise comme un signe de la bonne volonté des nouvelles autorités

Publié le 18/03/2010




Trois mois après la rétrocession à la Chine de l’enclave portugaise, beaucoup attendaient avec curiosité la traditionnelle procession du carême qui s’est déroulée cette année les 11 et 12 mars, pour tester la solidité des garanties de liberté religieuse accordée à la population par la loi fondamentale, chargée de régir le destin de Macao pendant les 50 ans à venir. Dans le nouveau cadre de vie politique du territoire, on tenait également à mesurer l’impact social de cette manifestation publique, très spectaculaire et hautement traditionnelle. Cette coutume religieuse fut, en effet, introduite à Macao par les missionnaires portugais il y a deux cents ans et y bénéficia rapidement d’une grande popularité. A l’issue d’une neuvaine de prières pour la paix et la stabilité du territoire, une statue du Christ est solennellement transportée à travers les rues de la ville.

Cette année, le cortège composé d’environ 2 000 participants – une affluence un peu moins nombreuse que les années précédentes – s’est mis en marche depuis l’église saint Augustin pour rejoindre la cathédrale de la Nativité de la Vierge en empruntant les rues principales, les plus passantes, de l’ancienne cité lusitanienne. Sept stations avaient été aménagées à l’avance, où la statue fut à chaque fois honorée. L’une d’entre elles avait été établie devant le Consulat du Portugal. Une escorte de 70 policiers avait été désignée pour accompagner cette manifestation et pour régler les problèmes posés à la circulation par ce mouvement de foule.

Le bon déroulement de cette procession en plein cour de la ville, tout près du Conseil municipal de la nouvelle Région administrative spéciale l’accueil sympathique qu’elle a reçu du public non chrétien ont satisfait les catholiques de Macao, dont certains avaient pu craindre de voir se renforcer le contrôle des activités religieuses après le retour du territoire portugais à la Chine. Une des participantes de la procession a fait remarquer : Nous bénéficions encore de la même liberté qu’auparavant. La société de Macao reste très libre, y compris dans ses pratiques religieuses. Il n’y a, sur ce point, pratiquement pas de différence entre l’ancien pouvoir colonial et le gouvernement chinois actuel ». L’évêque de Macao, Mgr Domingo Lam Kat-tseung a rendu hommage aux autorités qui, malgré les perturbations apportées à la circulation urbaine par cette manifestation religieuse, ont cependant adopté celle-ci comme un élément du patrimoine culturel du territoire. L’évêque a d’ailleurs annoncé qu’il n’avait pas l’intention de mettre un terme aux activités religieuses traditionnelles de son diocèse, qu’elles soient publiques ou privées. Le statut de l’Eglise catholique, a-t-il expliqué, est resté le même. L’Eglise continue de jouer un rôle très important dans le domaine du service social. Il est nécessaire, pour elle, d’y faire preuve d’un niveau véritablement professionnel sous peine de voir se ternir l’image sociale qui est aujourd’hui la sienne ».

C’est pour assurer l’efficacité d’un de ces services sociaux que, tout récemment, trois prêtres philippins ont été envoyés à Macao pour y renforcer le clergé local et y assurer le service des travailleurs migrants. Arrivés il y a près de trois mois, ils ont visité les diverses communautés philippines du territoire et étudié leurs besoins. On estime aujourd’hui que près de la moitié des 20 000 catholiques de Macao sont originaires des Philippines.