Eglises d'Asie – Thaïlande
PERE RAY : RAYON D’AMOUR Un prêtre au service des plus pauvres à Pattaya
Publié le 18/03/2010
“On n’arrête pas de me dire de prendre un jour de congé », dit le P. Ray dont “La Maison de Charité » dépend exclusi-vement du soutien financier de généreux thaïlandais et de donateurs étrangers. “Depuis presque 30 ans, je n’ai jamais une seule fois écrit pour demander une aide financière », précise le prêtre, ajoutant qu’il passe chaque jour des heures à écrire des lettres remerciant chacun pour sa généreuse contribution, supervisant les opérations quotidiennes du Centre rédemptoriste, poursuivant son engagement à payer le personnel et les travailleurs volontaires, et assurant aux enfants sous sa garde bonne nourriture et bonne éducation, s’assurant qu’ils sont bien protégés et écartés des mauvais chemins.
“Il me faut 45 bahts par jour pour nourrir chacun de mes 600 enfants, soit un total journalier de 27 000 bahts, ou encore 10 millions de bahts annuellement, juste pour la nourriture », dit ce prêtre plein d’entrain. “Constamment je prie Dieu pour qu’il protège tous les enfants défavorisés placés sous ma garde et que nul n’en profite. Le coût pour élever ces enfants, payer le personnel et les volontaires, atteint presque les 13 millions de bahts par an. Croyez–moi, le manque de ressources pour nous est un vrai souci ».
Humble commencement
C’est en 1974 que ce rédemptoriste américain a ouvert l’orphelinat. “J’ai bâti l’orphelinat pour 600 000 bahts avec un prêt de la Banque Hongkong Shanghai. Je n’avais aucune garantie bancaire mais j’avais un homme d’affaires qui croyait en moi et dans ce que je pouvais faire. Il signa pour le prêt bancaire ». En plus de l’orphelinat, le Centre rédemptoriste inclut une école spécialisée pour les handicapés, des classes pour les aveugles et pour les muets, une maison pour les plus âgés et les apatrides, enfin un asile pour les enfants des rues.
Le P. Ray explique que les rédemptoristes se sont pendant plus de 50 ans dévoués auprès des plus démunis et des abandonnés en union avec les efforts des évêques, des prêtres et des autres religieux dans les dix diocèses de l’Eglise catholique en Thaïlande.
A son Centre de Pattaya, le P. Ray est assisté par le P. Vichien Likittam et le P. Michael Vicharn, sans compter Sour Supattra Nonthasuwan et trois autres religieuses de la congrégation locale des Amantes de la Croix, dont la charité chrétienne aide à rendre un orphelinat une maison pleine d’amour, de chaleur, de compréhension et de soins.
L’orphelinat du P. Ray représente le côté spirituel peu connu de Pattaya. De descendance irlandaise et né aux Etats-Unis dans la rude zone sud de Chicago, le P. Ray a donné un refuge depuis plus de 30 ans aux multiples enfants délaissés, après sa première affectation dans la province de Loei lors de son arrivée en Thaïlande en 1966.
“Quand j’ai donné asile, la première fois, à un enfant abandonné pour le mettre en sûreté, j’ai dû payer une vieille femme pour prendre soin du bébé », se souvient-il en référence au commencement de l’orphelinat en 1970, pendant la guerre du Vietnam quand Pattaya n’était encore qu’une petite station balnéaire à peine habitée. Depuis, de plus en plus d’enfants ont fait ressortir ce qu’offre aujourd’hui l’orphelinat avec ses six programmes pour répondre aux besoins des exclus de la société de tout âge. “Aujourd’hui, chacun des 200 orphelins a sa propre histoire différente de celle des autres », dit-il au sujet de cet orphelinat plein à craquer.
Aide auprès des enfants des rues
Le P. Ray a ouvert la ‘Maison des Enfants des rues’ en 1990, donnant aux enfants de Pattaya sans famille logis, nourriture, éducation et formation adaptée pour corriger leur conduite avec pour but de les intégrer dans la société courante. Quelque 60 enfants trouvent aujourd’hui refuge ici sous la chaleureuse attention de quatre éducateurs.
L’école pour aveugles a vu le jour en 1986 grâce au généreux prêtre et à Khun Aurora Seebuaphan. Il y a bien une bonne centaine d’étudiants et près de vingt professeurs. L’école enseigne les cours du programme national de la maternelle à la troisième année du secondaire. Les étudiants reçoivent aussi une formation spécifique en vue de leurs futurs métiers.
En 1982, le P. Ray a commencé l’école pour les sourds, dirigée par les religieuses des Amantes de la Croix. On y enseigne aux enfants de 4 à 8 ans le langage des signes en plus du programme normal de l’école. Ils apprennent aussi les techniques pour pouvoir suivre des études ultérieures avec des enfants normaux dans des écoles d’Etat. L’école a plus de 50 étudiants et sept enseignants.
L’Ecole professionnelle des rédemptoristes pour les handicapés est née en 1984 pour permettre aux étudiants handicapés physique d’acquérir des compétences en électronique et en ordinateur. L’école a 200 étudiants et 21 enseignants ; tous, à l’exception d’un seul d’entre eux, sont handicapés. “Les handicapés ne veulent pas de compassion et ne cherchent pas la pitié. Ils veulent seulement une vraie compréhension et une chance d’être acceptés », déclare A-mue Angee, une ancienne étudiante.
Pour le P. Ray, chaque don est divisé en six : “Le parrainage est vital pour la marche de notre orphelinat et des autres programmes pour les défavorisés, qui sont internationalement reconnus comme les meilleurs dans le Sud–Est asiatique ». Sous sa garde il y a des enfants de tout âge, des bébés de quelques jours jusqu’aux étudiants universitaires.
“Quand un enfant arrive à l’orphelinat, il ou elle explique les raisons de sa fugue ou silencieusement montre ses cicatrices ». Les enfants les plus doués sont envoyés dans les meilleures écoles privées tandis que ceux qui ont moins de facilités vont dans diverses institutions gouvernementales. Les plus âgés vont soit à l’université soit dans une école professionnelle, en fonction de leur aptitude et de leurs résultats académiques. Le P. Ray paie pour leur éducation, pension et dépenses accessoires, sans tenir compte de leur talent ou de leur handicap.
“Si vous avez seulement un bras et pas de jambe, la plupart vous considéreront comme un anormal. Beaucoup de gens ne seront pas très sympathisants envers votre infirmité, pensant que vos misères sont dues aux péchés de votre vie passée. Nous, catholiques, ne pensons pas de cette façon. Ainsi notre compassion s’exprime mieux. Nous encourageons le développement du potentiel donné par Dieu au maximum avec respect de soi et une façon de penser positive”.
Un modèle
L’école professionnelle pour les handicapés est un exemple qui montre comment des vies peuvent être changées. Tous ceux qui en sortent trouvent facilement à s’embaucher. Mongkolsawadi, le principal, est lui-même un ancien élève de l’école. Le P. Ray apporte son affectueuse protection aux enfants à qui il donne asile sans aucune condition. “Nous n’essayons pas de convertir des enfants au christianisme. La plupart des enfants au centre rédemptoriste sont bouddhistes. Cependant, nous ne cachons pas notre religion. Quand, plus grands, ils posent des questions au sujet du christianisme, nous répondons du mieux que nous pouvons à toutes leurs questions. Tous les enfants profitent de la liberté religieuse aussi longtemps qu’ils restent sous notre protection ».
Prônant la vertu de la gratitude, le P. Ray rappelle constamment aux enfants dont il s’occupe de penser un jour à repayer l’école ou l’orphelinat pour ce qu’ils leur ont donné. « Même si un étudiant après avoir été diplômé de l’école ne peut envoyer qu’un baht chaque mois, ce sera un signe montrant la reconnaissance de cet ancien élève vis à vis de l’école. Il vaut mieux être mordu par un cobra chaque jour pendant 100 ans plutôt que d’avoir un enfant ingrat ».
Une légende vivante
En Thaïlande, le P. Ray est devenu comme une légende vivante. Il a aidé tant de gens grâce à son courage et à son esprit inventif : les orphelins, les infirmes, les aveugles, les pauvres, les abandonnés et les enfants des rues. Il est littéralement beaucoup de choses pour beaucoup de gens.
Les étudiants défavorisés, passés ou présents, reconnaissent que le P. Ray ainsi que le personnel religieux, leur ont donné des conseils appropriés, un support moral et une nouvelle vie.
Une récente diplômée de l’Université, “Yai” nous confie : “Mes 15 années à l’orphelinat ont été des plus merveilleuses. Je sens que je ne manque de rien, grâce au P. Ray qui est mon super héros. Je l’aime plus que n’importe qui au monde. J’aiderai sa mission dès que je le pourrai ».
“Ning” qui est sur le point d’obtenir sa licence, nous dit qu’elle est profondément reconnaissante pour l’orphelinat, l’assimilant à son paradis. “J’attribue mon succès au soin permanent du P. Ray et à son souci pour les enfants mis sous sa protection. Il a fait de ma vie un rêve réalisé. Je promets de le repayer pour la nouvelle vie qu’il m’a donnée ».
“Phot”, étudiant à l’université, nous dit : “Le P. Ray a toujours été patient, compréhensif et indulgent malgré ma mauvaise conduite occasionnelle. Je promets de porter ma croix, même lourde, en vous imitant, vous mon modèle. Je prie Dieu qu’il vous bénisse et vous protège, vous mon papa. Je vous aimerai toujours et prierai pour votre persévérance ».
Le P. Ray est fier de “Pat” qui a été choisi pour recevoir la Royal First Class Top Award pour la 12ème région d’enseignement des étudiants en cours moyen secondaire pour 1999. “La vie de Pat est pour moi un vrai conte de fée. Il a persévéré dans un bon travail malgré ses si nombreuses misérables expériences », raconte le P. Ray qui est récompensé par les lettres sans nombre de ceux qu’il a aimés et qui poursuivent leurs études supérieures ou un travail dans le secteur privé à travers tout le pays.
“J’ai eu le bonheur d’avoir tous ces temps des gens dévoués avec des talents variés », dit le P. Ray, se référant à ceux qui l’assistent, en particulier à Denis Gervais, ancien expert en informatique avec un salaire élevé et qui depuis 1992 s’est engagé bénévolement comme permanent à la cause du P. Ray.
Il faudrait des volumes entiers pour raconter tout ce que les enfants du passé et du présent ont à dire au sujet du P. Ray qui leur a donné une nouvelle vie et un espoir lumineux. Même les éducateurs volontaires auprès des jeunes dans nos pays d’Occident, pour la plupart non croyants, sont profondément impressionnés par son total engagement auprès des enfants défavorisés qu’il considère comme confiés à ses soins par Dieu.