Eglises d'Asie

Des adeptes du Falungong sont morts en détention à la suite de mauvais traitements

Publié le 18/03/2010




Comme l’avaient laissé pressentir de récentes déclarations des autorités chinoises (3), la répression du Falungong s’est durcie et fait aujourd’hui l’objet d’une stratégie à long terme. Dans la soirée du 25 avril, journée anniversaire de la manifestation qui avait rassemblé il y a un an une dizaine de milliers d’adeptes du mouvement autour du siège du parti communiste chinois (4), des centaines d’adeptes ont été interpellés et arrêtés sur la place Tiananmen à diverses heures de la journée, alors que, en groupes ou individuellement, ils manifestaient leur présence par des exercices physiques ou en déroulant des banderoles. Ils ont été transportés aussitôt dans des fourgonnettes policières vers une direction inconnue. Ces arrestations vont s’ajouter aux quelque 35 000 interpellations auxquelles la police a déjà procédé depuis avril 1999. On estime que 5 000 personnes arrêtées ont déjà été envoyées dans des camps de rééducation par le travail.

Le traitement infligé aux membres du mouvement qui sont ainsi arrêtés par la police chinoise et détenus dans des camps semble être particulièrement sévère. Dans un communiqué daté du 20 avril, le Centre d’information pour les droits de l’homme et la démocratie, dont le siège est à Hongkong, a annoncé trois nouveaux décès en détention d’adhérents du Falungong. Une de ces personnes, Mme Li Yanhuan, morte une semaine avant la publication du communiqué, dans le camp de travail de Nanchang au sud-est de la Chine, a succombé à une crise cardiaque, alors qu’elle observait une grève de la faim avec 60 autres détenus du camp pour protester contre les mauvais traitements qui leur sont infligés. Un autre adepte habitant le Hunan, Guan Zhaosheng, a été battu à mort dans un centre de détention de Pékin au début du mois. Un porte-parole du gouvernement a affirmé que l’intéressé serait mort de maladie après avoir refusé de prendre des médicaments. Un autre adhérent du mouvement, Zhang Zhenggang, responsable de la secte à Huaian, dans la province du Jiangsu, est tombé dans le coma après avoir reçu des coups. Selon le communiqué de l’association des droits de l’homme de Hongkong, il a été transporté au « crématorium » avant que sa mort ne soit médicalement reconnue. Interrogés, les responsables du centre de détention ont affirmé tout ignorer de cette affaire. Au total, c’est une quinzaine d’adeptes qui sont morts dans des circonstances suspectes depuis l’interdiction officielle du mouvement au mois de juillet 1999.

La répression gouvernementale à l’encontre du Falungong n’est pas près de s’achever, aux dires d’un responsable de haut rang qui s’est exprimé, le 19 avril dans une interview à l’agence Chine nouvelle, sans révéler son identité. « La lutte à partir d’aujourd’hui, a-t-il dit, sera longue, ardue et compliquée Il a accusé les membres de la secte d’avoir provoqué des troubles « sur et autour de la place Tiananmen », quasiment chaque jour, à l’appel de leur gourou aux Etats-Unis, Li Hongzhi. « Ces actes, a-t-il souligné, démontrent de plus en plus clairement que Li Hongzhi et son organisation, le Falungong, se sont vendus aux forces antichinoises et leur servent d’instruments ». Le responsable a également répété les allégations gouvernementales selon lesquelles le mouvement Falungong serait responsable du décès de 1 500 de ses membres, morts pour avoir refusé les soins de la médecine classique, ou suicidés.

Un porte-parole du groupe Falungong en exil a répondu, le lendemain, aux accusations des autorités chinoises en affirmant que l’accusation dénonçant le mouvement comme un pion avancé par les Etats-Unis contre la Chine est totalement dépourvue de fondements. Il a appelé le gouvernement chinois à entamer un dialogue pacifique avec le Falungong, un dialogue qui sache surmonter les différences et réconcilier les deux points de vue.