Eglises d'Asie

Le nom d’un évêque catholique décédé est donné à un bâtiment nouvellement construit à l’intérieur d’une école coranique

Publié le 18/03/2010




Une école coranique au Pakistan a décidé de dédier un bâtiment qu’elle construit à la mémoire de feu Mgr John Joseph, l’ancien évêque catholique de Faisalabad qui avait su dialoguer avec les musulmans. Mgr Joseph Coutts, évêque actuel de Faisalabad, et d’autres responsables chrétiens ont été invités le 1er avril dernier à la pose de la première pierre du nouveau hall qu’une “madrassah » (école, en arabe) d’une mosquée de Faisalabad construit actuellement et qui recevra le nom de Mgr John Joseph. Président de la Commission pour le dialogue interreligieux de la Conférence des évêques catholiques du Pakistan, Mgr John Joseph s’est suicidé devant le tribunal de Sahiwal (non loin de Faisalabad) le 6 mai 1998 pour, apparemment, protester contre les conditions faites aux chrétiens, sans cesse menacés par les lois anti-blasphème qui condamnent à la prison à vie ou à la mort par pendaison toute personne convaincue de blasphème à l’encontre du prophète Mahomet et du Coran (16).

Pir Muhammad Ibrahim, directeur de cette école et responsable religieux musulman, a bien connu Mgr John Joseph et était engagé à ses côtés dans le dialogue interreligieux. Dans son école, il a largement ouvert le programme des études, tout en conservant l’étude traditionnelle du Coran. Il a également fondé un service d’entraide, le Jamia Rehmania Rizvia. Au cours de la cérémonie de pose de la première pierre, à laquelle assistaient, outre Mgr Joseph Coutts, le P. James Channan, dominicain, un pasteur protestant et quelques autres responsables chrétiens, Pir Muhammad Ibrahim a déclaré que, sur les 200 élèves que compte l’école, 25 sont chrétiens. Des élèves issus de familles à très faibles revenus que l’école peut aider grâce aux dons privés qu’elle reçoit », a-t-il précisé. Il a souligné que la meilleure méthode pour construire une société tolérante et harmonieuse était de faire connaître aux jeunes la diversité des religions, de leur donner l’occasion d’étudier ensemble et de jouer ensemble dans le respect mutuel dès le plus jeune âge.

Mohammed Aftab, élève de cette madrassah », a dit combien ses parents étaient heureux de ce qu’on lui enseignait à l’école, en particulier la lecture du Coran. Un pasteur protestant, tout en exprimant son soutien à ce programme d’éducation, a conseillé à Pir Ibrahim d’aller plus loin et de donner la possibilité aux étudiants chrétiens d’étudier la Bible sous la direction d’un maître chrétien. Nous aussi devons donner aux musulmans qui viennent à nos classes de religion la possibilité d’étudier le Coran avec un professeur musulman », a-t-il précisé. Selon la loi pakistanaise, l’islam doit en effet être enseigné à l’école par des maîtres musulmans. Mais la réciprocité n’existe pas. Les minorités religieuses ne sont pas libres d’enseigner leur propre religion dans les écoles malgré tous les efforts entrepris pour corriger cet état de fait.

La population du Pakistan est estimée à 148 millions, musulmans dans leur écrasante majorité, les chrétiens n’étant que 3 millions, soit 2,02 % de la population.