Eglises d'Asie – Pakistan
Des musulmans protestent contre un projet d’amendement de la loi sur le blasphème
Publié le 18/03/2010
Mailana Fazalur Rehman, dirigeant du Jamiatul Ulema–i–islam, a accusé le gouvernement de vouloir amender la loi sur le “Namoos–e–Risalat » (respect du prophète) et d’avancer un ensemble de propositions sur les droits de l’homme à la demande des puissances occidentales et des organisations non gouvernementales du Pakistan. Un autre responsable musulman, Maulana Khwaja Khan Muhamad, chef du Alami Majils–e–Tahaffuz–e–Khatm–e–Nabuwat (Conseil mondial de défense du prophète), a lui aussi exprimé son soutien à cette journée de protestation.
De son côté, à Karachi, Naimatullah Khan, dirigeant du Jama’t–e–Islami–Karachi, a déclaré au cours d’un rassemblement que son groupe n’accepterait jamais les pressions, qu’elles viennent des Etats Unis ou d’autres puissances occidentales. Il a averti que la nation tout entière se dresserait contre le gouvernement militaire s’il essayait d’amender ces lois. Il a insisté pour dire que le respect du prophète Mohammad était partie prenante de la foi musulmane et que cette proposition d’amendement ne pouvait que heurter la sensibilité des croyants. Le Front national islamique avait lui aussi organisé un mouvement de protestation.
L’article 295 alinéa C du code pénal pakistanais stipule que la peine de mort est appliquée à quiconque souille le nom du prophète Mohammad “en paroles, par des mots ou des écrits, par des représentations visibles ou par imputation, insinuation directement ou indirectement ». D’après l’article 295 alinéa B le blasphème contre le Coran est aussi passible de la peine de mort. Cette loi, promulguée à l’époque du président Mohammad Zia ul-Haq, a été de plus en plus utilisée contre les non-musulmans en particulier contre les chrétiens, notent les spécialistes. En signe de protestation, Mgr John Joseph s’était donné la mort en 1998 (17), après que le tribunal de Sahiwal eut condamné à mort Ayub Masih, un catholique, au nom de l’article 295-C. Une tentative du gouvernement d’amender cette loi sur le blasphème en 1994 avait déjà échoué après que les musulmans eurent organisé des journées nationales de protestation.