Eglises d'Asie

LE POINT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE du 1er mars au 30 avril 2000

Publié le 18/03/2010




Réunion du groupe consultatif de Paris

Depuis les derniers mois, tous les dirigeants du pays ont les yeux tournés vers la réunion du groupe consultatif de Paris qui doit se tenir les 26-28 mai prochains, et décider de l’enveloppe accordée au gouvernement de Phnom Penh pour les trois prochaines années. A Tokyo, le 25 février 1999, le Cambodge avait obtenu 470 millions de dollars. A Paris, il en demande 536, soit 1,5 milliards pour les trois années à venir. A Tokyo, le gouvernement cambodgien s’était engagé à démobiliser l’armée et la police, à revoir sa politique forestière, à mener des réformes dans l’administration et dans la fiscalité. Cette année, on ajoute la bonne gouvernance.

Le 14 mars, Yoshihiro Iwasaki, directeur régional de la Banque asiatique de développement (BAD) pour 12 pays de la région du Mékong et de l’Asie du Sud, recommande à Ranariddh, président de l’Assemblée nationale, que, pour son développement économique, le Cambodge attire davantage d’investissements privés et ne s’appuie pas trop lourdement sur les pays donateurs, qui ne peuvent continuer leur aide indéfiniment. « La période d’urgence est terminée », déclare-t-il. Le 26 avril, la BAD estime que, vu les réformes signifiantes effectuées durant la dernière année, le gouvernement peut espérer obtenir un nouvel afflux d’argent. Dans une lettre envoyée le 17 avril au Premier ministre Hun Sen, le nouveau Premier ministre japonais confirme la politique de son prédécesseur concernant un fort soutien à la reconstruction et au développement du Cambodge.

Les organismes internationaux, les diplomates, la Banque mondiale (BM) et la BAD ne tarissent d’éloge pour l’action entreprise par le gouvernement, et le climat pour l’obtention d’aides est très favorable. A y regarder de près, on peut être plus que circonspect sur les réalisations gouvernementales.

Démobilisation

La démobilisation est toujours au point mort. En principe, elle devrait commencer le 1er mai avec un projet pilote con-cernant 1 500 soldats, qui recevront 240 dollars chacun, ainsi que du matériel pour se réinsérer dans la vie civile. L’armée dévore à elle seule 23,6 % du budget national, soit plus que le budget de la Santé, de l’Education et du Déve-loppement rural réunis. Le Premier ministre Hun Sen affir-me sa volonté de « dépolitiser » l’armée, mais sa garde per-sonnelle de plus de 1 000 hommes témoigne de l’inverse.

Politique forestière

La superficie de la forêt cambodgienne est estimée à 10,5 hectares, soit 58 % du territoire (13 millions en 1970, soit 73 % du territoire). Il ne reste actuellement que 18 à 20 % de grande forêt primaire. Les concessions accordées à 30 sociétés d’exploitation forestière couvraient 7 millions d’hectares. En 1999, sur pression des donateurs, le gouvernement a annulé deux contrats portant sur 2 millions d’hectares. Actuellement, 4,6 millions d’hectares sont accordés à 20 sociétés d’exploitation.

Le 3 avril, la BAD rend compte de son rapport sur l’exploitation forestière au Cambodge. Aucune société n’a pratiqué d’inventaire sérieux ; aucune n’a replanté d’ar-bres ; seulement deux emploient des forestiers profession-nels ; aucune n’a de plan pour la protection de la forêt et toutes coupent les essences les plus chère, le plus rapide-ment possible. Six sociétés sont qualifiées d’« inaccepta-bles à tous égards 50 % des concessions ont été exploi-tées. C’est « l’échec complet du système de concessions ». Les experts estiment que le gouvernement devrait instituer un nouveau plan d’exploitation forestière, appuyé sur une batterie de lois, afin de garantir la protection de cette richesse naturelle. « Le pays est encore très riche en forêts, mais il convient d’agir très vite pour prévenir la destruction de cette ressource naturelle Le rapport suggère, entre autres, de geler ou mettre fin au contrat de trois sociétés qui ont pratiquement coupé tous les arbres sur leurs conces-sions au mépris de toutes les règles d’exploitation, de fixer un moratoire aux activités de sept autres qui ont sérieusement malmené les forêts qu’elles exploitent.

La déforestation entraîne la sécheresse, les inondations, l’appauvrissement des sols et l’ensablement du Tonlé Sap.

Les experts estiment que les taxes devaient baisser de 54 % à 20 ou 30 dollars le m³, à condition que les 40 à 80 dollars de taxes « officieuses » soient supprimées.

* Selon l’association britannique Global Witness, à la fin février, le ministre malaisien des Affaires primaires aurait fait le déplacement de Phnom Penh pour faire pression sur les autorités cambodgiennes afin qu’elles se montrent complaisantes envers la société malaisienne Samling. Elles auraient obtenu gain de cause. Le géant malaisien a cessé ses opérations au Cambodge le 27 janvier 1999, suite à l’augmentation unilatérale des taxes sur le bois (qui sont passées de 14 à 54 dollars au m³), mais refuse de payer 4,32 millions sur un stock de 80 000 m³. Selon l’ONG britannique, 40 à 80 dollars de taxes officieuses sont payés par m³.

* Une centaine de militaires thaïlandais auraient établi des camps à quelques kilomètres à l’intérieur du Cambodge, dans la région du Phnom Malai pour y couper le bois de la région. L’ambassade de Thaïlande au Cambodge dément.

* En février, les autorités provinciales de Kratié saisissent 300 m³ de bois et portent plainte contre deux individus responsables du trafic. L’un d’entre eux est Sath Soeun, ancien lieutenant-colonel de Kompong Cham, auteur de plusieurs assassinats de sang froid, poursuivi en octobre 1998 pour trafic illégal de bois et de caoutchouc.

* Selon le journal en langue khmère Chakraval, 5 000 m³ de bois auraient été coupés et transportés à travers la province de Kompong Cham au mois de mars, par une société appartenant à un proche du Premier ministre et à un haut gradé de l’armée. Il s’agit sans doute de la Phéphéamex, dans laquelle le Premier ministre est actionnaire, et qui a donné ordre de tirer sur toute personne étrangère à la société qui entrerait dans l’enceinte de l’entreprise pour y vérifier les stocks de bois.

Réformes fiscales

Des efforts ont été lancés pour faire entrer les taxes et impôts dans les coffres de l’Etat.

* Durant la dernière semaine de mars, le ministère des Finances fait savoir qu’il avait réussi à faire entrer 497 033 des deux millions de dollars dus par des sociétés privées ayant loué les biens de différents ministères.

* Le 10 avril, près de 200 000 dollars de taxes et amendes sont récupérés lors d’une perquisition d’une trentaine d’entrepôts à Poïpet par un commando de 350 douaniers.

* Selon le ministre des Postes et télécommunications, quatre compagnies privées de téléphone doivent des sommes astronomiques au gouvernement : Samart 4 millions de dollars, TriCelcam 4 millions, CamTel 2,2 millions et Camin Tel 864 000 dollars. Les compagnies démentent. Cependant la Samart paye ses redevances.

Lutte contre la corruption et bonne gouvernance

« La bonne gestion de l’Etat constitue un but clef pour le Cambodge, afin d’attirer les investissements à long terme et la confiance des pays donateurs déclare Hun Sen le 13 mars devant plus de 200 hauts fonctionnaires réunis lors d’une conférence de deux jours. « Paroles destinées à impressionner les donateurs lors de la prochaine réunion de Paris commente Sam Rainsy. Si quelques actions concrètes sont à mettre au crédit du gouvernement, le che-min à parcourir pour combattre la corruption et l’opacité reste très long. Il s’agit d’une véritable révolution culturel-le. Sous les différents régimes successifs, le Cambodge a été géré par des prédateurs, et non administré pour le bien du peuple. Les notions du bien commun, d’intérêt national, et même de Nation, semblent inexistantes dans la culture khmère traditionnelle. C’est une des raisons pour lesquelles il convient aux donateurs d’être vigilants dans les aides à accorder : elles doivent obligatoirement être liées à un accompagnement respectueux mais ferme. L’argent est bon, mais peut aussi se montrer le pire destructeur d’une société.

* Le 11 mars, 53 fonctionnaires, dont 26 policiers, 16 policiers militaires, 3 vétérinaires et plusieurs fonctionnaires chargés de percevoir différentes taxes, sont arrêtés en plusieurs provinces sur ordre direct de Hun Sen, pour avoir posé des barrages illégaux afin de rançonner les véhicules. Leurs photos avec leurs noms sont diffusées plusieurs fois à la télévision nationale. Les agents réglant le trafic routier ont vu leur salaire doubler, pour s’élever à 30 dollars par mois. Comme punition, les 16 policiers militaires ont été condamnés à nettoyer les toilettes et à construire des garages. Le 18 mars, Hun Sen menace à nouveau d’arrêter tout militaire ou policier qui établirait des contrôles routiers. Cependant, plusieurs témoignages confirment que ces directives ne sont pas suivies dans les provinces de Stoeung Treng, Ratakiri et Mondolkiri.

* Une étude sur la corruption commanditée par la Banque mondiale montre que le système judiciaire et les douanes sont parmi les fonctionnaires les plus corrompus. Les fonctionnaires du Conseil des ministres, de la commission pour le développement du Cambodge et ceux du ministère de l’Intérieur sont également en tête de liste.

* Dans une lettre en date du 24 février, un député demande une enquête indépendante sur la corruption dans les services de l’Electricité du Cambodge, où des sociétés de distribution d’électricité font disparaître près d’un million de dollars chaque mois. Le directeur d’une société de distribution et deux de ses adjoints ont été mis sous les verrous le 16 février, trois fonctionnaires de l’EdC suspendus. L’enquête révèle que des pots de vins ont été versés en 1998 et en 1999 aux enquêteurs pour qu’ils classent les affaires. Les hauts fonctionnaires, militaires et institutions gouvernementales doivent 15,8 millions de dollars à l’EdC. La BAD et la BM mettent le recouvrement de ces dettes comme condition à un éventuel prêt de 100 millions de dollars.

* Les 21 et 22 avril 10 personnes, dont deux Chinois et une Australienne d’origine cambodgienne, sont présentées à la presse pour trafic de faux papiers permettant de bénéficier de tarifs préférentiels de produits textiles vers les Etats-Unis. Des faux tampons, du matériel pour fabrication de faux, et des licences signées par le ministère du Commerce sont saisies à leur domicile. Les marchandises produites en Chine, passaient par Singapour et partaient aux Etats-Unis sous fausse licence cambodgienne. D’après la police, il y aurait eu une centaine de fausses licences accordées. Ce trafic n’a été possible que grâce à la complicité de responsables du ministre du Commerce. L’un des inculpés cite des noms et les sommes versées à la signature de chaque document. Mais les hauts fonctionnaires démentent.

Saga du tribunal international pour juger les Khmers rouges

Sans être directement lié à la réunion de Paris, la question du tribunal des responsables Khmers rouges continue à isoler le Cambodge. Le Cambodge veut garder la haute main sur le tribunal (de peur de voir certains membres du gouvernement inculpés), l’ONU voudrait avoir la haute main sur le tribunal pour en assurer l’impartialité.

Le 29 février, Kofi Annan, secrétaire général des Nations Unies, déclare devant le Conseil de sécurité qu’une seule réunion supplémentaire entre une délégation des Nations Unies et du gouvernement cambodgien suffira à parvenir à un compromis. Il rappelle les exigences des Nations Unies : « Il doit être garanti que tous les inculpés seront mis en état d’arrestation, doit être exclue toute amnistie pour crime de guerre ou génocide, doit être prévu une part internationale appropriée parmi les juges et les procureurs ».

Le 7 mars, Hun Sen hausse le ton en accusant l’ONU d’avoir soutenu les Khmers rouges « et d’avoir baissé la tête devant eux Raph Boyce, adjoint au secrétaire d’Etat américain pour l’Asie de l’Est et le Pacifique se rend au Cambodge. La question du tribunal des Khmers rouges fait partie du programme des discussions qu’il a avec le Premier ministre cambodgien. Selon le haut fonctionnaire américain, la reprise de l’aide américaine pourrait être liée à la tenue du procès. Il parle de « moment historique » et invite le gouvernement à la flexibilité pour trouver un accord avec l’ONU. Sok An, ministre chargé du dossier lui fait remarquer que le gouvernement cambodgien a réussi à mettre fin « tout seul » à la rébellion khmère rouge, là où l’Apronuc a dépensé sans succès deux milliards de dollars.

Le 16 mars, une délégation de l’ONU, dirigée par Hans Corell, sous-secrétaire général pour les affaires légales, se rend à Phnom Penh pour une semaine afin de discuter des questions de base toujours en suspens. Hun Sen, Premier ministre, est parti diplomatiquement au Vietnam, « pour examen médical Les discussions du premier jour sont qualifiées de « franches c’est-à-dire difficiles. Malgré une semaine « active et stimulante » de « négociations très ouvertes et constructives aucun compromis n’a été trouvé. Hun Sen continue à dire que « la porte reste ouverte D’après le porte-parole du gouvernement, un seul point en litige resterait entre les deux parties. Le gouvernement semble vouloir attendre le débat de l’Assemblée nationale pour donner son accord à l’ONU.

Le 6 avril, Hun Sen exprime son impatience devant la lenteur de l’ONU, et rappelle la position cambodgienne qui refuse qu’un juge étranger ne puisse, seul, inculper des Cambodgiens. Il maintient la position cambodgienne de deux co-juges d’instruction, avec la création d’un mécanisme permettant de résoudre les blocages éventuels.

Le 10 avril, l’Union européenne propose que le tribunal des Khmers rouges « se passe dans les conditions internatio-nales de justice et soit reconnu par les Nations Unies ».

Le 11 avril, le Premier ministre Hun Sen rencontre Kofi Annan pendant trente minutes, en marge du sommet du groupe des 77 pays en voie de développement de la Havane. Les deux hommes ne parviennent pas à un com-promis, mais sont d’accord pour poursuivre les discussions. Un plan de compromis a été proposé au Premier ministre cambodgien par John Kerry, sénateur américain du Massachusetts. Ce plan prévoit de maintenir deux co-juges d’instruction (un Cambodgien et un étranger), selon le désir de Phnom Penh, et imagine un collège de 5 juges (3 Cambodgiens et 2 étrangers) qui trancheraient les difficultés éventuelles à la majorité qualifiée de 4. Pour Sam Rainsy, « il est triste de voir les hauts fonctionnaires de l’ONU accepter de jouer le jeu de Hun Sen ».

Aucune manifestation officielle ne marque le 17 avril, jour de la victoire sur l’impérialisme américain, comme les années précédentes. Seul Sam Rainsy préside une cérémonie au mausolée de Choeung Aek.

Selon le prince Ranariddh, président de l’Assemblée nationale, le projet de l’ONU, même selon la formule John Jerry, heurte les durs du PCC qui craignent d’être mis en accusation. Le débat de l’Assemblée nationale sur le projet de loi concernant le procès des Khmers rouges est reporté au 23 mai. Selon Ranariddh, ce report des travaux provient « de problèmes techniques et non politiques car le plafond de la digne assemblée a été dévoré par les termites.

Le 27 avril, la veille de l’arrivée du sénateur John Jerry à Phnom Penh, Hun Sen renvoie une lettre à Kofi Annan pour lui signifier que le procès pourrait concerner la période 1970-1999, et non plus 1975-1979. Certains voient dans cette démarche une profonde division à l’intérieur du PPC: les plus durs penseraient que trop de concessions ont déjà été faites par Hun Sen à l’ONU et craignent d’être inculpés. D’autres, au contraire, estiment que c’est une façon de faire monter la pression durant le dernier round de négociations. Le gouvernement khmer voudrait forcer les Nations Unies, qui ont soutenu les Khmers rouges jusqu’en 1991, les Etats-Unis qui ont bombardé le Cambodge en 1973, puis ressuscité les Khmers rouges par leurs réseaux thaïlandais à partir de 1979, à rejoindre les thèses de Phnom Penh. Au terme de son entretien avec Hun Sen, John Kerry apparaît optimiste, il demande « d’être patient encore quelques jours « Le Premier ministre a présenté de très sérieuses propositions pour une résolution », dit-il. Finalement, un accord serait intervenu entre les deux hommes. Mais cet accord ne lie pas l’Assemblée nationale et peut donc être remis en question.

Comme l’Assemblée commencera l’examen du projet de loi que le 23 mai, elle n’aura pas fini avant la réunion de Paris. Même si elle remet en cause l’accord passé par le Premier ministre, celui-ci paraîtra aux yeux de la communauté internationale comme l’homme du compromis.

Economie

Dans son rapport annuel, la BAD situe la croissance de l’année écoulée à 5 %, soit le double de celui de 1997, qui avait chuté à 1,3 % à la veille des élections de 1998. Le royaume peut espérer une croissance de 6 à 7 %, résultat d’une « amélioration de la stabilité politique Ce taux pourra être atteint « si des progrès dans les réformes structurelles sont maintenus Les exportations ont crû de 22 % (textile, bois, poisson, caoutchouc), et le nombre de touristes de 33 %. Cependant la BAD rappelle que le niveau de collecte des taxes est le plus faible de tous les pays en voie de développement de la région, et déplore les faibles crédits accordés à la santé et à l’éducation nationale, alors que l’armée se voir attribuée la part du lion du budget national. 40 % de la population n’est pas scolarisée, 32 % sont illettrés. L’an dernier le revenu moyen par habitant s’est élevé à 285 dollars ; 36 % de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté.

Riz

* Le cours du riz à l’exportation s’effondre, à cause de la baisse du cours mondial, des bonnes récoltes, et de la mauvaise qualité du riz cambodgien par rapport au riz étranger. Mais par des circuits officieux, une partie de la production part en contrebande au Vietnam, en Thaïlande ou au Laos, où elle subit quelques modifications avant d’être mise sur le marché international.

* Conséquence du braconnage des serpents, les rats pullulent dans les campagnes cambodgiennes, mettant en danger la culture de riz de saison sèche. Au début mars, on déplorait la destruction de 500 des 5 000 hectares de saison sèche. Des chasses sont organisées dans la province de Takéo : une récompense de 100 riels (25 centimes) est accordée pour chaque queue de rat. Dans la seule journée du 20 mars, on tue 20 000 rats. Le kilo de viande de rat vaut 600 riel (environ un franc) – elle entre dans l’alimentation des poissons. Les ravages causés par les rats sont estimés à près d’un million de dollars par an. Les rats sont surtout nombreux lors des années où les inondations sont faibles.

* Le Cambodge importe 140 tonnes de soie par an, mais n’en produit que 20. La culture de la soie pourrait être une diversification des cultures des paysans cambodgiens.

Aides et dons

* Le 11 avril, en présence de Christian Poncelet, président du Sénat français, deux conventions de financement sont signées entre la France et le Cambodge : l’une d’un montant de 17,3 millions de francs, concerne la restauration du Baphuon, à laquelle la France a déjà consacré 9 millions de francs. Une partie de ce montant est destiné à renforcer l’Apsara, l’autorité chargée de la supervision des temples. La seconde enveloppe de 20,6 millions concerne la poursuite de l’appui à l’Institut de technologie du Cambodge (ITC), ce qui porte à 90,6 millions la somme allouée depuis 1993.

* Le 14 avril, l’Union européenne s’engage à accorder une aide humanitaire de 8,1 millions de dollars pour les régions les plus déshéritées du pays.

* Le 29 février, la BM accorde un prêt de 30 millions de dollars remboursables, sans intérêt, pour servir aux différents projets de réformes initiés à Tokyo en février 1999 : réforme de l’administration, de la gestion des ressources forestières, la démobilisation et la réforme fiscale. Ce fonds sera déboursé en trois tranches. La première sera disponible après l’adoption de plusieurs décisions gouvernementales, dont un sous-décret concernant la TVA, une mesure sur l’inspection des exportations avant embarquement, un programme pour mieux gérer l’exploitation forestière un plan pour augmenter les crédits alloués aux secteurs sociaux et économiques et le programme de démobilisation.

* Le 21 mars, en dépit du scandale concernant le détournement de 570 000 dollars par des fonctionnaires du ministère du Développement rural, restés impunis, le Japon apporte pour la quatrième fois une aide de 18 millions de dollars pour soutenir la restructuration de l’économie. Ce don n’est lié à aucun projet précis, mais va directement aider la trésorerie nationale.

Micro-crédits

* De l’aveu même du Premier ministre, le taux des prêts au Cambodge s’élève entre 20 à 60 % par an (parfois par mois). En 1999, 334 000 familles ont reçu des prêts pour une somme totale de 23 millions de dollars. En 1995, seulement 45 000 familles ont reçu 2 millions, soit une moyenne de 44 dollars par prêt. Selon le Premier ministre, le Cambodge aurait besoin d’une aide comprise entre 75 et 125 millions de dollars pour satisfaire les besoins des pauvres. Plus de 70 ONG et agences internationales ont organisé des systèmes de prêts dans 18 provinces. Si ce système n’est pas suivi de très près, l’argent prêté aux plus riches à faible taux est à nouveau prêté à taux usuraire aux plus pauvres. Les ONG risquent donc d’enfoncer les pauvres dans la misère. Actuellement la Banque pour le Développement rural accorde des prêts à des taux de 15 à 20 % par an. 15 des 24 provinces ne disposent pas de banques commerciales.

* Le 28 avril, la BAD accorde un prêt de 20 millions de dollars pour développer le système de micro-crédit. La BAD a pour projet de superviser le système bancaire, les régulations bancaires et autres réformes pour promouvoir la confiance du secteur privé et l’épargne domestique.

Problèmes sociaux :

Justice

* Le 6 mars, les deux membres du PSR incarcérés sur présomption d’avoir monté l’attaque à la roquette contre Hun Sen à Siemréap en 1998, sont relâchés faute de preuves. Selon le porte-parole du PSR, cette libération est motivée par le désir d’apaiser les pays donateurs, surtout pour montrer que la justice est indépendante de l’exécutif, à l’approche d’une décision concernant le jugement éventuel des responsables khmers rouges. Les deux membres du PSR continuent à être soupçonnés : « L’instruction est à 70 % achevée affirme le directeur adjoint de la sécurité militaire.

* Un proxénète avait assassiné une prostituée en 1998. Arrêté, il a été relâché par « manque de preuves Les 21 prostituées de sa maison close alertent alors l’association de défense des droits de l’homme ADHOC, qui contacte le ministère des Affaires féminines, qui réussit à faire arrêter à nouveau l’assassin le 2 décembre 1999. Le 29 mars, il est condamné à 12 ans de prison. C’est une première dans l’histoire de la justice cambodgienne.

* Le taux de criminalité a officiellement baissé de 24 % par rapport à l’année dernière. Cependant, selon l’association de défense des droits de l’homme LICADHO, on assiste à la recrudescence de la violence contre les mineurs. En 1998, la Licadho a eu connaissance de 112 cas, dont 68 viols, soit une augmentation de 43 % par rapport à l’année précédente. Au cours des deux premiers mois de l’année, l’association a déjà reçu 32 plaintes, dont 19 pour viols. Selon l’association ADHOC, cette augmentation est due au sida (on prend des filles de plus en plus jeunes) et à la diffusion de films pornographiques. Les deux ONG sont d’accord pour dénoncer l’inefficacité de la justice.

* Sept détenus s’évadent de la nouvelle prison de Siemréap construite par Sokimex. On accuse des défauts de construction, les détenus ayant réussi à desceller les barreaux de leurs fenêtres.

* Dans la soirée du 29 mars, Sam Rainsy fait installer un petit stupa sur les lieux de l’attentat sanglant du 30 mars 1997 qui avait fait 17 morts et plus de 120 blessés, et dont les auteurs n’ont jamais été identifiés. Chéa Sophara, maire de Phnom Penh, donne son accord pour que le stupa reste jusqu’au lendemain à midi. Le lendemain Sam Rainsy s’y rend avec 200 personnes et une cinquantaine de moines pour rendre hommage aux victimes du drame : « Nous sommes prêts à pardonner, mais avant de pardonner nous voudrions connaître les gens à pardonner, et savoir si ceux qui ont commis ces crimes chercheront le pardon dit assez justement Sam Rainsy. Deux heures après la cérémonie, une grue entourée d’une dizaine de policiers, emmène le stupa, et le jette près d’un égout, sur les rives du Bassac. « C’est un signe de mépris à l’égard des victimes s’écrie Sam Rainsy. Sam Rainsy et ses partisans ramènent le stupa à sa place : « C’est un symbole que le peuple doit respecter dit Rainsy. Le 30 avril, pendant que Sam Rainsy dirige une manifestation contre la corruption et l’incompétence du gouvernement, le stupa est réduit en miettes et trois cyclos payés 10 000 riels avec haut-parleurs tentent de troubler la manifestation, sa maison est attaquée par des gens arrivés à bord de deux camions qui crient « Sam Rainsy est un traître Chéa Sophara, PPC, maire de Phnom Penh, fait ses excuses, car il n’a pas autorisé de contre-manifestants.

Spoliation des terres

Selon une enquête de l’ONG Oxfam, les disputes concernant des terrains toucheraient 330 000 personnes à travers tout le pays, soit une famille sur 25. D’où l’ampleur du problème. Pour résoudre les problèmes de disputes de terrain, le Premier ministre a nommé une commission dirigée par Chum Kanal, son conseiller en la matière. En principe les gouverneurs devraient résoudre les problèmes eux-mêmes, mais souvent ils n’osent pas, car ils doivent faire face à des gens en armes. « Une part du problème est le manque de volonté politique et de ressources, tant au plan provincial que national », observe Thun Sary de l’association de défense des Droits de l’Homme ADHOC.

De nombreuses manifestations de personnes spoliées par les militaires s’échelonnent pendant les deux derniers mois à Phnom Penh. On signale de nombreux cas de conflits.

* Dans la région de Battambang, on estime que 8 278 familles de pécheurs, vivant en cinq communes, sont en conflit avec les autorités locales qui ont affermé leurs lots de pêches à de grosses fortunes. Au mois de janvier, une bagarre les a opposés à la police.

* Le 20 mars, un groupe de villageois, avec des fonctionnaires et des soldats, brûlent 60 maisons occupées par des veuves, des orphelins et des handicapés, construites par l’ONG Tomnop Trakuon, près de Bavel.

* Le 27 mars, les autorités municipales tentent de déloger les quelques 200 personnes qui campent devant l’Assemblée nationale pour deman-der que leur soit rendue justice. « C’est une gêne pour l’environnement, et donne une très mauvaise image de la ville aux touristes 

* A la fin mars, près de 100 villageois du village de Rokah Por Pram protestent contre le refus des autorités d’obtempérer aux ordres du Conseil des ministres leur enjoignant de rendre les 300 hectares de terres spoliées par une société exploitante de caoutchouc, sur un ensemble de 2 000 hectares. En mai 1997, Hun Sen avait écrit une lettre au gouverneur de Kompong Cham pour lui ordonner de rendre la terre aux paysans. Le lendemain, Sok An, ministre du Conseil des ministres, faisait de même, résiliant également tous les titres donnés par les autorités locales, en violation des droits du peuple. « Il doit y avoir un homme très puissant derrière observe l’avocat de l’ONG Legal Aid qui les défend.

* Le 8 avril, une délégation du PSR est reçue par le roi. Trois membres de la délégation donnent leur place à trois représentants des paysans spoliés. Le 11 avril, trois voitures de policiers tentent, sans succès, de déloger la centaine de paysans dépossédés de leur terre de leur emplacement devant l’Assemblée nationale. Leur présence « salit » les pelouses. Le roi Sihanouk écrit à nouveau une lettre au ministre de l’Intérieur pour lui demander d’enquêter sur les spoliations dont se plaignent les paysans. Le 18 avril, l’un des délégués des paysans spoliés reçu par le roi au sein de la délégation du PSR est emmené par des hommes en uniforme. On a craint le pire, puis l’homme est relâché, après avoir rencontré une délégation de garde du corps d’une personnalité très importante venue pour résoudre le problème des paysans. Une partie des paysans de Banteay Méan Chhey venus protester contre la spoliation de leurs terres obtiennent en partie gain de cause : on leur promet un terrain de 15 sur 25 m et 265 dollars pour reconstruire leur maison.

* Le 20 avril, Hun Sen inaugure un terrain destiné à reloger 129 familles de squatters de Phnom Penh. Le gouvernement s’engage à acheter 10 hectares supplémentaires pour installer les squatters dans de bonnes conditions. Selon les chiffres officiels, 25 470 familles de squatters vivraient à Phnom Penh.

* Le 27 avril, Hun Sen donne un nouveau coup de point sur la table : « Les riches doivent abandonner les terres spoliées ou devront faire face aux conséquences. Considérez que vous avez perdu votre investissement, comme si vous aviez perdu à la loterie ou aux courses de chevaux ». Paroles verbales sans suite comme beaucoup de précédentes, pour se concilier le groupe de Paris.

* Un projet de loi en 272 articles, écrit en français par le juriste cambodgien Heng Vong Bunchat, financé par la BAD, corrige le projet établi en 1998. Cette nouvelle loi devrait définir la propriété de l’Etat, la propriété privée, ce qui n’était pas prévu dans la loi de 1992, et devrait reconnaître le droit de propriété aux personnes vivant depuis plus de 5 ans sur un terrain, même sans titre. Actuellement, 80 % des terres de la nation appartiennent à l’Etat, seulement 14 % des terrains sont enregistrés correctement, seulement un quart des terrains de Phnom Penh sont enregistrés légalement. La BAD attend la parution de le cette loi pour débourser son second prêt sans intérêt de 30 millions de dollars. L’association Legal Aid représente 30 000 clients ayant des disputes.

* Le 23 mars, la Banque mondiale annonce qu’elle serait prête à finan-cer le plan de réforme agraire et obtenir 500 000 dollars des pays donateurs pour l’établissement d’un plan global. Selon le ministère de l’Aménagement du territoire et de la Construction, le gouvernement propose un projet s’étalant sur 10 ans, et chiffré à 100 millions de dollars, visant à faire un relevé topographique des 7 millions de pièces de terrain et leur enregistrement avec délivrance d’un titre de propriété.

* Le 28 mars, un projet pilote finlandais de relevé topographique de 27 parcelles de terrain et leur enregistrement en cinq province (Phnom Penh, Kandal, Kampot, Kompong Thom et Takéo) s’achève après trois ans de travail. Une seconde phase du projet s’étendant sur deux ans, et d’un montant de 1,2 millions de dollars, est lancée dans les communes de Takéo et de Sihanoukville. Le relevé et son enregistrement sur ordinateur revient à 14 dollars par parcelle. La France et l’Allemagne ont aidé des projets semblables durant les dernières années.

Conditions de travail dans les usines de textile

Les 190 usines textiles fournissent une grande partie des exportations du pays. Les conditions de travail ne s’améliorent pas. Les salaires bas, entre 30 et 50 dollars, les conditions de travail très dures (10 à 12 heures de travail quotidien), les licenciements abusifs, l’absence de loge-ments sociaux font que l’agitation ne peut que continuer.

* Le 6 mars, plus de 60 ouvriers de l’usine Pho Tamung Cambodia, représentant 340 autres ouvriers licenciés, portent une lettre au ministre du Commerce, se plaignant de ce que le patron ne leur ait pas versé l’in-demnité de chômage promise lors de la fermeture de l’usine il y a 5 mois.

* Le 6 mars, deux responsables syndicaux de l’usine Tak Fat sont convoqués devant la justice pour avoir organisé une grève et sont accusés d’avoir entravé le travail des non-grévistes. La fédération syndicale porte plainte contre la direction de l’usine.

* A la mi-mars, une centaine d’ouvrier d’une usine textile de Kompong Speu sont licenciés pour avoir participé à des manifestations deux semaines auparavant.

* Le 24 avril, environ 700 ouvrières de l’usine Luen Thai manifestent pour demander la réintégration d’un délégué du SIORC et l’amélioration de leurs conditions de travail, ainsi que le changement de poste d’un assistant « impoli ». Elles reprennent le travail le 27 avril. Leur représentant syndical licencié sur un faux établi par la police et le patronat est réintégré, mais leur salaire a été amputé de 8 dollars pour les quatre jours de grève.

Du côté gouvernemental, on essaye au moins de sauver la face, mais le côté social n’est pas sa préoccupation première. Le 2 mars, Cham Prasith, ministre du Commerce, déclare que l’augmentation des salaires mettrait en péril l’industrie textile : en Indonésie, les ouvrières ne gagnent que 28 dollars, et 25 en Birmanie.

Le 6 mars, le ministère des Affaires sociales et du Travail sort une circulaire interprétant certains articles du code du travail et interdit les manifestations sur la voie publique. Il cite un article 318, ajouté subrepticement au code, qui n’autorise les manifestions que dans l’enceinte de l’entreprise ou de l’établissement. Le ministère craint que les manifestations publiques découragent les investisseurs étrangers. Les ONG de défense des droits de l’homme et les syndicats protestent. Selon le ministère du Commerce, les manifestations ont triplé entre 1998 et 1999, et le nombre des usines est passé de 20 en 1995 à 186 en 1999.

Le 16 mars, 300 représentants des patrons et cadres de l’industrie textile, des représentants des syndicats et des fonctionnaires des Affaires sociales se réunissent sous l’égide du ministre du Commerce pour chercher les moyens de mieux appliquer le code du travail. « Réunion historique selon le ministre. Il exige qu’un cadre chinois qui a frappé une ouvrière quitte le pays dès le lendemain, demande aux patrons de prendre des mesures pour que cessent les retards de payement de salaires.

Le 29 mars, le ministère des Affaires sociales choisit un délégué qui représentera le Cambodge au prochain sommet du travail au BIT en juin prochain à Genève. Chéa Vichéa, du SIORC, reproche au syndicat choisi de servir les intérêts du gouvernement : « Nous ne l’avons jamais rien vu faire de concret pour les ouvriers remarque-t-il.

Poussée de racisme anti-vietnamien

Un critère de la mauvaise santé de la vie politique cambodgienne est le racisme anti-vietnamien. Les poussées de fièvre correspondent généralement à la détérioration du climat politique.

* Le 19 mars, une dispute enflamme le quartier de Chak Angrè Leu, opposant Cambodgiens et Vietnamiens vivant près de la pagode. On accuse les Vietnamiens d’avoir frappé un moine, alors qu’il semble que ce soit l’inverse. Le chef de la pagode, le vénérable Kéo Bun, menace de s’immoler par le feu si les squatters vietnamiens établis là depuis 1980 ne déménagent pas dans les deux semaines. L’an dernier, le litige avait été porté devant la Cour suprême qui avait donné raison aux moines. Le 27 mars, une centaine de personnes manifestent demandant au gouvernement la modification de la loi sur l’immigration, défilent devant l’ambassade du Vietnam en demandant qu’elle rapatrie ses ressortissants, puis se rend à la mairie de Phnom Penh pour demander l’expulsion des « indésirables 

Santé

Le consortium Medicam, qui regroupe une centaine d’ONG travaillant dans le domaine de la santé, a préparé un document en vue de la réunion de Paris. Selon ce document, le secteur de la santé est en crise, « rien ne va bien la corruption est présente à tous les niveaux : « Plus je triche, plus je gagne » est la règle. Il invite « les pays donateurs à lier leur aide à la transparence dans l’utilisation des fonds publics et à la bonne gouvernance ainsi qu’à la qualité des soins aux plus pauvres, donnant ainsi une motivation aux médecins autre que celle du profit immédiat. Medicam demande que le salaire du personnel médical soit triplé (non pas seulement une augmentation de 30 % comme en 1999), et souligne l’urgence de renforcer l’éthique du personnel, de rédiger un code de déontologie et d’instituer un organisme professionnel de contrôle. L’achat des diplômes et les bas salaires entraînent la corruption.

Selon Medicam, les médicaments achetés par le ministère de la Santé pour doter ses hôpitaux et centres de soins sont surfacturés à 30 % plus cher que le prix international, par l’unique société d’importation agréée, l’omni-présente Sokimex ! Ainsi des « tombereaux de dollars » sont versés aux prédateurs gouvernementaux. Le gouvernement se défend en affirmant que le taux n’est surtaxé que de 19 %, à cause des intérêts de l’argent avancé.

* Le taux de prévalence de la tuberculose se situe autour de 140 pour 100 000, avec un pic pour la tranche d’âge de 25 ans. Une régression a été constatée après 65 ans. 145 centres de soins ont soigné 19 371 personnes en 1999. Le paludisme est en légère régression (139 107 cas en 1999, contre 140 843 en 1998), mais par contre la mortalité par paludisme est en hausse (981 décès contre 621). Ces décès sont sans doute à mettre sur le compte de faux médicaments vendus en pharmacie.

* Le 20 mars, le PAM (Programme Alimentaire Mondial) signe un accord avec le ministère cambodgien des Affaires étrangères et s’engage à faire un effort supplémentaire en direction des femmes et enfants vivant dans les zones en proie à l’insécurité alimentaire. Un programme de 4,2 millions de dollars sera mis en ouvre avec plusieurs ONG et les ministère du Plan, de la Santé, du Développement rural et de la Condition féminine. 45 000 enfants et 26 000 femmes enceintes ou allaitant pourront ainsi bénéficier d’un « mélange judicieux d’activités et de développement communautaire visant à améliorer leur niveau de santé et d’alimentation Ce programme commencé en avril, s’étendra sur 18 mois. Le taux de malnutrition du Cambodge est parmi l’un des pires de l’Asie du Sud-Est, avec des pics à 56 %.

Selon une enquête menée par plusieurs ONG, 9 % des bébés n’atteignent pas l’âge de un an, 11,5 % meurent avant 5 ans. 40 000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque année, 17 % d’enfants naissent avec un poids insuffisant (moins de 2,5kg). En province, seulement 4 % des enfants malades peuvent se rendre dans les hôpitaux pédiatriques de la capitale, faute de moyens financiers pour payer le transport. 500 000 enfants de 6 à 11 ans ne vont pas à l’école, près de la moitié de ceux qui sont entrés en 1996 ont abandonné l’école.

* Le SAMU, créé en 1997, va cesser ses activités à la fin de l’année, aucun donateur n’ayant pris le relais de la Croix Rouge française pour financer le budget de 60 000 dollars (dont 20 % pris en charge par la Croix Rouge cambodgienne). En 1999, 8 000 blessés ont été secourus, lors de 4 500 interventions.

Drogue

Le Cambodge qui était considéré comme un simple pays de transit devient consommateur et fabricant.

* Au début du mois de mars, des 12 000 cachets d’amphétamines, appelés Yama, ont été saisis dans la province de Bantéay Méan Chhey. De plus en plus de cachets d’amphétamine sont interceptés à l’aéroport de Pochentong. « En janvier et février, 23 personnes ont été arrêtées, et 12 222 cachets saisis ». Selon le ministère de l’Intérieur, les étrangers apportent « les fonds, la technique et les composants ».

* 200 000 cachets d’amphétamines saisis dans la province thaïlandaise de Trad seraient fabriqués au Cambodge ou produits par des laboratoires embarqués sur des bateaux croisant dans le golfe de Thaïlande.

* Le 10 mars, la production de cannabis de 31 familles de Kang Méas, dans la province de Kompong Cham est détruite par l’unité anti-drogue. Les paysans avaient disséminé les cultures de cannabis dans des champs de céréales, sur une quinzaine d’hectares. Pareilles destruction ont eu lieu deux fois depuis le début de l’année à Koh Sothin et à Kompong Siem. Les récoltes étaient achetées par des intermédiaires et revendues en Thaïlande. Le ministre de l’Intérieur annonce que les cultivateurs ne seront pas inquiétés, parce qu’ils ignoraient le caractère illégal de telle culture…

Mines

* Le 2 avril, le Japon fait don d’équipement au CMAC pour une valeur de 4,3 millions de dollars : débroussailleuses, détecteurs, moyens de transport, matériel audiovisuel. Les menaces de licenciement du per-sonnel du CMAC ne semblent pas impressionner les donateurs qui atten-dent la réponse à certaines questions avant d’honorer leurs engagements.

Religion

* Le 3 mars, une nouvelle école islamique, de deux étages et de 6 classes, est inaugurée à Prèk Tapéo, près de Phnom Penh. Dans ce village vivent plus de 2 000 familles, dont 462 de confession islamique.

* Le 8 mars, 106 musulmans cambodgiens sont partis en pèlerinage à La Mecque. C’est la première fois qu’un groupe aussi nombreux fait le voyage. Le roi Fadh d’Arabie a pourvu aux frais de déplacements.

Divers

* Le 22 mars, le prince Ranaridh, président de l’Assemblée nationale, se rend en France pour diriger des thèses à l’université de Montpellier… Retraite oblige !

* Une nouvelle horloge de 18 m de diamètre remplacera celle placée par la France à l’époque du protectorat français, qui sera installée à la mairie. C’est un don de la Chine populaire. Cette horloge sonnera l’heure et diffusera l’hymne national tous les matins à 7 heures.

* Le 1er avril, 47 caisses contenant 117 pièces de bas reliefs du temple de Bantéay Chhmar, volées et retrouvées en Thaïlande sont de retour au Cambodge. Deux têtes de divinités féminines provenant de Bantéay Srey, datant du XIIe siècle et une tête de Civa, datant du IXe, en provenance de Rolouos, ont été renvoyés des Etats-Unis au Cambodge.

* Dans les Cardamomes, on a répertorié 15 espèces d’animaux jusque là inconnus, une colonie de crocodiles siamois que l’on croyait disparus, des variétés de plantes carnivores, de tigres, des éléphants, des chevreuils et des gibbons.