Eglises d'Asie

Plusieurs centaines de chrétiens ont inauguré un mémorial dédié aux martyrs du Cambodge

Publié le 18/03/2010




Près de 1 500 chrétiens se sont déplacés pour participer à l’inauguration du mémorial dédié aux martyrs du Cambodge au moment même où le pape Jean-Paul II commémorait à Rome, au Colisée, les martyrs du XXe siècle. Au milieu d’une rizière, dans le village de Taing Kauk, une croix de fer de 6 mètres de haut, a été dédiée à la mémoire des chrétiens tués durant la guerre civile qui a ravagé le Cambodge des années 1960 à 1975, date de la prise du pouvoir par les Khmers rouges. Entre 1975 et 1979, près de 2 millions de Cambodgiens sont morts, condamnés aux travaux forcés, morts de faim ou exécutés sans jugement par les Khmers rouges. Les pèlerins étaient venus de partout participer à cette cérémonie du 7 mai, qui, avec des symboles et des rites khmers, voulait honorer les prêtres, les religieuses et les chrétiens laïcs cambodgiens, connus ou inconnus, morts pour leur foi. Les bras de la croix elle-même, portant en son centre le logo de l’Année sainte, étaient décorés de motifs khmers.

Le site de Taing Kauk a été choisi parce que c’est là qu’ont vécu sous le régime communiste des chrétiens de Phnom Penh, de Battambang et de Kompong Thom. C’est là que Mgr Joseph Chhmar Salas, le premier évêque cambodgien, a été déporté avec ses parents et amis et est mort de maladie et de faim en 1977, dans une pagode transformée en hôpital, à la lisière des trois diocèses de Phnom Penh, Battabamg et Kompong Cham. C’est là que la croix pectorale de Mgr Salas avait été cachée sous un nid de poule avant d’être transportée à Phnom Penh en 1979 et transmise à Mgr Emile Destombes, coadjuteur de l’évêque de Phnom Penh, lors de son ordination épiscopale (1).

Le moment le plus émouvant de cette cérémonie a été la lecture des noms des martyrs et les quelques poignées de terre venues des différents sites où ils sont morts, jetées au pied de la croix, en signe de solidarité avec tous les chrétiens cambodgiens. Textures et couleurs de terre différentes rappelaient, chacune, la terre de Phnom Penh, de Battambang ou de Kompong Thom, a souligné un témoin. La lecture du martyrologe était entrecoupée de témoignages de survivants et du refrain chanté : « Si le grain de blé tombe en terre, il porte beaucoup de fruit ». A la fin de l’Eucharistie, les quatre évêques, ensemble, ont semé du riz dans cette petite rizière – c’est la saison des semailles au Cambodge -, symbole de la résurrection de l’Eglise cambodgienne.