Shandong : ordonné en 1996, l’évêque catholique “clandestin” de Heze annonce publiquement son affiliation à l’Eglise “officielle”

Interrogé sur ses plans à propos du diocèse de Heze, Mgr Joseph Wang a déclaré que son plus cher désir était de former des jeunes prêtres : “Même sans église, nous parviendrons à prêcher, mais, sans prêtre, le diocèse ne peut pas se développer ». Ce diocèse d’environ 20 000 fidèles ne peut en effet compter que sur un jeune prêtre âgé de 30 ans et ordonné en 1996, le P. Wei Ligen, et sur son évêque. Depuis que les missionnaires ont été expulsés au début des années 1950 et que le clergé local a été décimé par la persécution, explique Mgr Joseph Wang, le diocèse n’a pas eu de prêtre pendant des décennies. “A Noël 1986, quelques mois après ma libération de prison, quand je suis retourné ici, il s’est trouvé que j’étais le seul prêtre. Et les catholiques connus étaient alors au nombre de huit », poursuit-il, ajoutant que de nombreux autres catholiques redoutaient de “faire surface ».

Avant 1966 et la Révolution culturelle, il y avait plus de 30 églises dans le diocèse. Il n’en reste pas une seule aujourd’hui. Le seul lieu de culte, précise encore Mgr Joseph Wang, est une bâtisse de brique, une ancienne étable appartenant au diocèse, confisquée par les autorités, transformée un temps en fabrique et que l’Eglise a pu racheter en 1986 à la municipalité de Heze pour la somme de 25 000 yuans (3 000 dollars). “Bien que les autorités locales aient autorisé la construction d’une cathédrale dans la ville de Heze, le diocèse ne dispose pas de l’argent pour la construire », explique Mgr Wang.

Malgré ces difficultés matérielles, Mgr Wang est optimiste. Depuis 1986, date à laquelle il a pu reprendre un ministère actif, il a baptisé plus de 8 000 catholiques. Selon le P. Wei, les catholiques sont ici très pratiquants et, lors des grandes fêtes, il n’est pas rare de voir plus de 1 000 personnes rassemblées dans une cour pour assister à la messe en plein air.

Natif du Shandong, Mgr Wang a grandi dans le diocèse de Shangqiu, qui était alors administré par les religieux récollets augustins espagnols (le dernier évêque espagnol ayant été expulsé en 1953). Ayant rejoint les récollets augustins, il fut envoyé étudier à Hongkong puis à Manille, où il fut ordonné en mars 1950. Trois mois plus tard, il retournait en Chine, où il sera emprisonné à trois reprises (en 1951, en 1958 et en 1982).