Eglises d'Asie – Chine
Hongkong : une majorité de la population craint pour les libertés et envisage d’émigrer
Publié le 18/03/2010
Cette enquête est datée du 18 mai ; menée sous les hospices du Hong Kong Transition Project de l’université baptiste de Hongkong, une telle enquête est publiée chaque année depuis 1989. Les chercheurs qui en sont responsables se sont donné pour objectif d’étudier, année après année, les variations de l’opinion publique avant et après le retour du territoire sous le drapeau chinois, le 1er juillet 1997. Dans la livraison de cette année, on peut ainsi lire que le pourcentage de personnes inquiètes quant à la protection de leurs libertés fondamentales est passé de 37 % en 1994 à 74 % en 1998 pour redescendre à 62 % aujourd’hui. Cette proportion élevée s’expliquerait, selon l’étude, par l’inquiétude provoquée par la controverse autour de la question du droit de résidence dans le territoire et du respect du principe « Un pays, deux systèmes » en matière juridique (1). Les atteintes, réelles ou supposées, à la liberté de la presse seraient un facteur supplémentaire expliquant ce pourcentage élevé. Le 23 mai, lors d’un entretien avec les correspondants de presse étrangers, Martin Lee Chu-ming, président du Parti démocratique et chef de file de l’opposition au sein du Conseil législatif, a déclaré que, depuis la rétrocession de 1997, la liberté d’expression avait effectivement été entamée par l’autocensure dont font preuve de nombreux journalistes locaux. Cette autocensure trouve son origine dans le fait que la plupart des propriétaires de ces médias mènent également des affaires en Chine continentale, estime Martin Lee.
A propos du chef de l’exécutif local, Tung Chee-hwa, 54 % des personnes interrogées se déclarent « insatisfaites » ou « très insatisfaites » de son travail. 52 % indiquent qu’elles ne souhaitent pas le voir reconduit pour un second quinquennat. Selon les auteurs de l’étude, le sentiment prévaut que le chef de la Région administrative spéciale de Hongkong se laisse plus influencer par les dirigeants de Pékin et les principaux hommes d’affaires locaux que par l’opinion publique du territoire. Face aux sérieuses difficultés économiques que connaît Hongkong depuis la crise asiatique de 1998, nombreux sont ceux qui estiment que l’exécutif local n’a pas fait assez. Le taux d’insatisfaits est ainsi plus élevé parmi ceux qui se déclarent appartenir aux classes populaires ou moyennes que parmi les expatriés ou les Hongkongais détenteurs d’un passeport étranger, « probablement parce que les premiers ont été plus affectés que les seconds par le chômage et le retournement de la conjoncture économique ».