Eglises d'Asie

Parmi les victimes d’un attentat-suicide figure un ministre du gouvernement : catholique, il représentait l’Eglise au sein du gouvernement

Publié le 18/03/2010




Les évêques catholiques au Sri Lanka ont condamné avec une grande vigueur le récent attentat-suicide qui a coûté la vie à 21 personnes le 7 juin à quelques kilomètres au sud de Colombo. Parmi les victimes figure le ministre de l’Industrie du gouvernement de Chandrika Kumaratunga, la présidente du pays. Agé de soixante-cinq ans, Clement Victor Gooneratne était catholique et, outre ses fonctions ministérielles, il représentait en quelque sorte la communauté catholique sri-lankaise au sein du gouvernement. Dans son message de condoléances à sa veuve, elle-même grièvement blessée lors de l’explosion, la présidente a déclaré qu’elle avait confié à C.V. Gooneratne la responsabilité d’agir comme intermédiaire entre le gouvernement et l’Eglise catholique. Le président de la Conférence des évêques catholiques du Sri Lanka, Mgr Oswald Gomis, d’Anuradhapura, a pour sa part qualifié l’attentat “d’acte de barbarisme », soulignant en particulier la peine des catholiques face à la perte d’un ministre “qui a tant fait pour la communauté chrétienne dans ce pays ». Le 8 juin, au lendemain de l’attentat, Mgr Nicholas Marcus Fernando, archevêque de Colombo, a dénoncé “le dédain total de la vie et des droits de l’homme » dont ont fait preuve “les terroristes ».

L’attentat a eu lieu alors que le ministre de l’Industrie participait à une Journée des héros célébration destinée à remonter le moral de l’armée. V.C. Gooneratne et sa femme ainsi que d’autres officiels collectaient des fonds pour les soldats blessés ou handicapés et leurs familles. Ils se trouvaient au milieu de la foule quand un homme s’est approché de lui pour l’étreindre et a déclenché la bombe qu’il portait sur lui. Ce type d’attentat est généralement imputé aux Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE). Au mois de décembre dernier, en pleine campagne électorale, la présidente du Sri Lanka a perdu l’usage d’un oil dans une attaque similaire (22).

Selon Mgr Malcolm Ranjith, évêque de Ratnapura et secrétaire général de la Conférence épiscopale, la mort de V.C. Gooneratne est réellement une grande perte pour la communauté chrétienne ». Gooneratne n’était en effet pas seulement un des ministres importants de l’actuel gouvernement Kumaratunga ; il avait été nommé par cette dernière à la tête de la commission chargée de recevoir les doléances des catholiques. Cette commission, dont Mgr Gomis et Mgr Ranjith font partie, a permis la création d’un Département pour les Affaires chrétiennes et la concession de terrains à l’Eglise afin que les catholiques puissent bâtir des lieux de culte. Le travail de cette commission a également fait qu’il a été possible de recruter et de former des catholiques pour devenir professeurs de religion et même directeurs d’école dans des établissements d’éducation publics.