Eglises d'Asie

L’ordination d’un nouvel évêque « officiel » dans la province du Zhejiang, effectuée sans l’aval de Rome, provoque une vive réaction du Vatican

Publié le 18/03/2010




L’ordination épiscopale de Mgr Matthieu Cao Xiangde pour le diocèse de Hangzhou, dans la province du Zhejiang, a provoqué une vive réaction du Vatican. La veille de cette ordination, qui a eu lieu le 25 juin en la cathédrale de Hangzhou, la salle de presse du Saint-Siège a publié un communiqué condamnant par avance l’ordination de Mgr Cao sans l’aval du Saint-Père, précisant que cet acte constituait « un obstacle sur le chemin tourmenté de la normalisation tant de la vie de l’Eglise en Chine que des relations entre la République populaire de Chine et le Saint-Siège ».

Mgr Matthieu Cao, âgé de 71 ans, a été ordonné dimanche 25 juin, jour de la fête du Corps et du Sang du Christ, à 8h 30 du matin. Mgr Yu Chengcai, de Haimen (diocèse également connu sous le nom de Nantong, dans la province du Jiangsu) présidait la cérémonie. Il était assisté de Mgr Wu Shizhen, de Nanchang (province du Jiangxi), et de l’évêque auxiliaire de Nankin (capitale de la province du Jiangsu), Mgr Lu Xinping. Ce dernier fait partie du groupe des cinq évêques ordonnés le 6 janvier dernier à Pékin, sans l’aval de Rome (1). Ces trois évêques sont des évêques « officiels » sans mandat apostolique reconnu par Rome.

Le 24 juin, Joaquin Navarro-Valls, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, avait rendu public un communiqué où on pouvait lire : « Une ordination épiscopale conférée sans mandat apostolique représente une entorse douloureuse à la communion ecclésiale et une grave violation de la discipline canonique. La gravité d’un tel geste, qui va à l’encontre de la constitution même de l’Eglise, explique pourquoi le droit canonique a établi des sanctions sévères pour ce cas en particulier, autant pour l’évêque qui consacre que pour celui qui reçoit l’ordination ». Cette référence au droit canonique renvoie, semble-t-il, au canon 1382 (excommunication latae sententiae) qui prévoit l’excommunication de fait pour un geste contraire à la communion ecclésiale. Ce communiqué intervenait à un moment où, selon les termes même de M. Navarro-Valls, l’ordination d’un nouvel évêque sans l’aval de Rome avait provoqué « la surprise face à des déclarations, parfois très récentes, de représentants politiques chinois qui parlent d’une volonté de dialogue avec le SaintSiège ». Le porte-parole du Vatican faisait ici référence aux propos tenus le 19 juin par le Premier ministre chinois, Zhu Rongji, au journal italien Il solo 24 Ore et à l’agence de presse italienne ANSA (2).

La prise de position du Vatican, particulièrement ferme dans la forme, n’est toutefois pas sans précédent. Le 3 mai dernier, dans des circonstances similaires, quelques jours avant une ordination épiscopale sans l’aval de Rome, le cardinal Jozef Tomko, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, avait déclaré, que « seuls les évêques unis avec le successeur de Pierre sont les pasteurs légitimes de l’Eglise catholique » et qu’« aucune puissance humaine ne peut espérer changer la constitution de l’Eglise catholique fondée sur Pierre » (3

Le 27 juin, en réponse à la question d’un journaliste, le ministère des Affaires étrangères chinois a réagi en conseillant au Vatican « de ne pas publier à la légère des communiqués sommaires contenant des menaces de sanctions ».

Mgr Matthieu Cao a été ordonné prêtre en 1985 après avoir complété sa formation sacerdotale au séminaire de Sheshan, près de Shanghai, au cours de la première moitié des années 1980. Il prend la tête d’un diocèse sans titulaire depuis la mort de Mgr Zhu Fengqing il y a un peu plus d’un an. Selon un prêtre qui a assisté à l’ordination de Mgr Cao, celui-ci est resté silencieux durant toute la cérémonie. Interrogé au téléphone depuis Hongkong par un journaliste de l’agence Ucanews, Mgr Cao a déclaré que les médias ne rapportaient pas la vérité et qu’il ne souhaitait pas que son ordination fasse l’objet d’une couverture médiatique.