Eglises d'Asie

Le plan de paix de la présidente et la mission de paix d’un diplomate norvégien sont fortement contestés par le clergé bouddhiste

Publié le 18/03/2010




Pour la présidente Chandrika Kumaratunga, la pièce maîtresse du dispositif destiné à rendre possible d’éventuelles négociations de paix est un plan de réforme politique du pays prévoyant une décentralisation du pouvoir. C’est ce plan que, sur sa demande, le diplomate norvégien, Erik Solheim, devrait présenter aux séparatistes tamouls. C’est pour obtenir un accord à son sujet qu’elle a entamé des pourparlers très serrés avec le principal parti d’opposition, le Parti national uni (UNP). Malgré les efforts de la présidente pour le faire approuver, le projet reste l’objet de critiques acerbes d’un certain nombre d’organisations bouddhistes, en majorité cingalaises, réunies dans un comité, le « Collectif national » (NJC). A leurs côtés se trouve une grande partie du clergé bouddhiste très opposé à la stratégie actuelle du gouvernement pour parvenir à la paix.

Des représentants de ce clergé, au cours d’entretiens prolongés qui ont eu lieu à la fin du mois de juin, ont eu l’occasion d’exposer à Erik Solheim leurs vues concernant la mission de paix que le gouvernement sri lankais lui a confiée auprès des séparatistes tamouls qui mènent depuis deux décennies une guerre ayant déjà entraîné plus de 60 000 morts. Les religieux lui ont en particulier exprimé leur profond désaccord avec la mission dont il veut s’acquitter. Le vénérable Madihe Pannaseeha, un religieux de haut niveau, lui a déclaré être opposé à l’intervention de la Norvège dans une affaire relevant de la politique intérieure du Sri Lanka. Les bouddhistes n’ont rien contre la personnalité du diplomate norvégien, lui a expliqué le religieux, mais le Sri Lanka doit pouvoir régler ce problème lui-même. Les religieux bouddhistes ne laisseront aucun pays intervenir en ce domaine, fut-ce un pays voisin comme l’Inde. Erik Solheim a répondu qu’il était venu au Sri Lanka à l’invitation de la présidente et qu’il était tout prêt à s’en aller, mais que, jusqu’ici, le gouvernement ne le lui avait pas suggéré.

Le diplomate norvégien, arrivé au Sri Lanka, le 25 juin, avait déclaré à des hommes politiques sri lankais qu’il était prêt à adopter le plan de réforme politique de la présidente. A cause des pouvoirs supplémentaires qu’il prévoit d’accorder aux minorités du Sri Lanka, en particulier, aux Tamouls, le plan a suscité l’opposition acharnée d’une partie des membres du clergé bouddhiste, qui craignent qu’il soit destiné, sans le dire, à transformer le pays en un Etat fédéral. Un groupe de moines avait déclaré le 28 juin que ses membres lutteraient de toutes leurs forces pour empêcher le gouvernement de mettre en ouvre son plan de décentralisation.

La présidente s’était donné la date du 30 juin comme date-limite pour conclure un accord avec l’UNP sur le plan de paix à présenter aux séparatistes tamouls afin de pouvoir entamer le plus tôt possible les négociations. Cependant, bien que des progrès aient été réalisés, ce jour-là, le gouvernement et son opposition n’étaient pas parvenus à conclure comme prévu leurs pourparlers. La présidente Chandrika Kumaratunga et le chef de l’opposition, Ranil Wickremesinghe, s’étaient donné rendez-vous le 7 juillet suivant, jour où ils sont effectivement parvenus à un large consensus. Un projet de nouvelle Constitution destiné à mettre un terme à la guerre sera présenté au parlement, qui devrait transformer le pays en un Etat fédéral de fait. De plus, l’actuel système présidentiel deviendrait une démocratie parlementaire avec des pouvoirs importants accordés au Premier ministre et au parlement.