Eglises d'Asie

Les chrétiens sont divisés au sujet de la réforme constitutionnelle proposée par la présidente Chandrika Kumaratunga

Publié le 18/03/2010




Les chrétiens au Sri Lanka ont pris des positions diverses face à la réforme constitutionnelle proposée par la présidente du pays et destinée à ouvrir la voie à une solution négociée à la guerre sanglante qui oppose depuis dix-sept ans les Tigres tamouls aux forces armées sri-lankaises. Dans un communiqué publié le 8 août, la Conférence des évêques catholiques a exprimé son soutien à cette proposition de réforme qui prévoit d’introduire une forte dose de fédéralisme dans la Constitution du pays. Mgr Kenneth Fernando, évêque anglican de Colombo, s’est associé à la démarche de la hiérarchie catholique, mais des groupes catholiques de base se sont joints aux moines bouddhistes et aux Cinghalais qui manifestaient le même jour devant le parlement leur opposition à ce projet. Le P. Siri Oscar Abeyratne et des membres de Kithudana Pubuduwa (‘Renouveau chrétien’), un groupe charismatique local, tous habillés en blanc et portant une croix, ont appelé les catholiques à rejeter ce plan.

Dans leur communiqué, les évêques catholiques soulignent prudemment que la nouvelle Constitution proposée contient des éléments positifs qui pourraient faciliter le dialogue. (() En ce sens, ce changement recueille notre soutien ». Le secrétaire général de la Conférence, Mgr Malcolm Ranjith, de Ratnapura, a été plus direct, déclarant que cette proposition de réforme pourrait bien être la seule manière de sortir de l’impasse » dans laquelle sont maintenant engagés les acteurs de ce conflit absurde ». Il a aussi rappelé que l’Eglise catholique avait toujours prôné la négociation et le compromis » dans cette affaire.

Le 3 août, lors d’un discours de 90 minutes, la présidente Chandrika Kumaratunga était venue devant le parlement présenter ce projet de réforme constitutionnelle. Son plan prévoit la dévolution de pouvoirs du centre vers les huit régions du pays, la création de deux postes de vice-président ainsi que diverses autres mesures. L’une d’entre elles est la création d’une version en tamoul de l’hymne national (aujourd’hui chanté en cinghalais) ; l’anglais, qui est actuellement la langue officielle du pays, serait déclaré langue nationale aux côtés du cinghalais et du tamoul. L’opposition parlementaire à cette proposition de réforme a été très virulente et, dès le 8 août, la présidente a annoncé son retrait sine die. Selon Ranil Wickremasinghe, leader de l’opposition et chef du Parti national uni, la présidente a retiré sa proposition car elle savait ne pouvoir réunir la majorité requise des deux tiers.

Suite à cette décision, les mesures de sécurité ont été renforcées à Colombo afin d’éviter des heurts violents entre partisans et opposants de la réforme. Parmi les adversaires les plus déterminés de cette réforme, on trouve une partie du clergé bouddhiste. Quatre des plus importants moines du pays ont mis en garde la présidente contre toute velléité de faire voter cette loi. Le vénérable Bellanwila Wimalaratana Thero a déclaré aux journalistes le 8 août que même si le parlement adoptait cette réforme, les moines se rendraient de village en village afin de demander aux gens de voter contre lors du référendum nécessaire à entériner la nouvelle mouture de la Constitution. Les Tigres tamouls, pour leur part, ont fait savoir leur désaccord avec ce projet ; un projet qui ne répond pas aux aspirations du peuple tamoul, selon les partis politiques et les parlementaires tamouls.