Eglises d'Asie – Chine
Avec l’inculpation de 85 protestants « non officiels » du Henan, les autorités chinoises éten-dent l’application de la loi sur les « cultes maléfiques » au-delà des seuls mouvements de qigong
Publié le 18/03/2010
Selon les termes des courriers reçus dès le 25 août par les familles des protestants arrêtés et inculpés, ces 85 chrétiens sont suspectés d’avoir « formé une secte pour enfreindre la loi et les règlements ». Le Centre de Hongkong qui a pu se procurer l’acte d’inculpation de Chen Zhouniu, l’une des personnes arrêtées, précise que l’accusation porte sur le fait d’avoir « utilisé un culte maléfique pour faire obstacle à la justice ». Dans un communiqué faxé aux agences d’information à Pékin, l’Eglise Fang Cheng fait savoir que ses membres refusent l’affiliation aux Eglises « officielles » car celles-ci « ont le gouvernement à leur tête », tandis que « les Eglises domestiques ont le Christ pour maître et sont organisées selon les préceptes de la Bible ».
La loi sur les « cultes maléfiques » a été votée en octobre dernier et fait partie de l’arsenal mis en place par le gouvernement pour réprimer le mouvement Falungong et les autres associations inspirées du qigong. A l’époque, les autorités chinoises avaient fait savoir que cette loi ne serait pas utilisée pour réprimer les Eglises protestantes dites « domestiques » ou l’Eglise catholique « clandestine ». Des responsables chinois avaient déclaré que les activités menées à l’intérieur des domiciles privés ne tomberaient pas sous le coup de cette nouvelle loi, bien qu’elles soient formellement illégales. Cependant, on constate depuis quelques mois, que la répression engagée depuis de nombreuses années contre les mouvements ou les Eglises chrétiennes non officielles s’est élargie. Depuis le début de cette année, 14 mouvements protestants ont été qualifiés de « cultes maléfiques » et plusieurs de leurs dirigeants ont été arrêtés. Cette nouvelle loi n’est pas seulement appliquée aux Eglises protestantes non officielles. Un monastère bouddhiste du nom de Seda, dans l’ouest de la province du Sichuan, une région qui fait partie du Tibet historique, a été fermé par les autorités, inquiètes du succès rencontré par un moine lama charismatique.