Eglises d'Asie

Le conseil suprême du bouddhisme censure un important moine pour avoir accumulé des « biens de ce monde » sans rapport avec l’idéal de détachement prôné par les bouddhistes

Publié le 18/03/2010




Lundi 12 septembre, le Conseil suprême de la Sangha, plus haute autorité du bouddhisme en Thaïlande, a fait savoir qu’il était inapproprié pour un moine bouddhiste d’accumuler et de collec-tionner « des possessions de ce monde ». Cette prise de position du Conseil de la Sangha vient quel-ques jours après que le Bureau gouvernemental des Affaires religieuses eut ouvert une enquête au sujet du vénérable Phra Khru Viboon Pattanakit, important moine abbé, et de son garage rempli d’une soixantaine d’automobiles de collection (des Mercedes-Benz pour la plupart). Le religieux bouddhiste est suspecté d’avoir acquis ces voitures de grande valeur avec les dons de ses disciples et fidèles.

Selon le quotidien The Nation, citant le directeur général adjoint du Bureau des Affaires religieuses, « le Conseil suprême de la Sangha a décrété qu’un abbé agissait de façon incorrecte lorsqu’il collectionnait des automobiles ». Entendu par ce Conseil, le vénérable Phra Khru Viboon s’est défendu de posséder une soixantaine de voitures, reconnaissant toutefois détenir 29 automobiles de collection destinées, selon lui, à être rassemblées dans un musée pour « l’éducation de [ses] fidèles ». Le moine a cependant déclaré être disposé à se conformer à la décision du Conseil, quelle qu’elle soit, et à se défaire si nécessaire de sa collection d’automobiles.

Cette nouvelle affaire concernant l’enrichissement de certains moines bouddhistes dans le pays a suscité de nombreux commentaires. Certains experts religieux thaïlandais estiment que la conduite de moines comme Phra Khru Viboon démontre la nécessité pour les moines bouddhistes de se réformer et de prendre des mesures afin de renforcer la discipline dans leurs rangs. Selon Manop Polpairin, expert auprès du Bureau des Affaires religieuses, « il y a toujours eu une grande tolérance en Thaïlande envers les moines et certains de leurs comportements inappropriés tels qu’accepter des invitations à dîner, à boire, voire à collectionner des voitures ». Paibul Siangkon, directeur général de ce même bureau gouvernemental et, à ce titre, responsable de la supervision des activités religieuses en Thaïlande, a pour sa part déclaré que « ceux qui ont à cour le bouddhisme devraient se consacrer à renforcer la moralité plutôt qu’à accumuler des biens ». Ce débat n’est pas nouveau en Thaïlande et déjà, depuis de nombreuses années, des voix s’élèvent pour réclamer une réforme du bouddhisme dans le pays, une réforme allant dans le sens d’un renforcement de la discipline et de la moralité dans les monastères (33).

Par ailleurs, dans la province de Nakhon Sawan, au nord de Bangkok, la police soumettre à analyse les urines des moines de plusieurs temples après que des traces révélant l’usage de stupéfiants eurent été identifiées chez 18 des 40 moines d’un temple de cette province. Si les tests se révèlent positifs, ces moines seront réduits à l’état laïque et mis en prison, a déclaré le commandant local des forces de police. Depuis quelque temps, les amphétamines en provenance de Birmanie envahissent le marché local des stupéfiants et tous les secteurs de la société semblent touchés. Dans cette province, les élèves des écoles, leurs professeurs et même les policiers vont être soumis à des tests de dépistage.