Eglises d'Asie – Cambodge
LE POINT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE du 20 juin au 31 août 2000
Publié le 18/03/2010
« Les donateurs devraient tous ré–éxaminer leur rôle, qui a consisté à créer et financer le gouvernement qui contrôle aujourd’hui le pays ». Le rapport estime que les possibilités d’explosion de violence à grande échelle ou d’un effondrement du gouvernement sont faibles, « mais personne ne peut ignorer les effets cumulés d’abus permanent ».
Parmi les causes d’une telle dérive, on peut citer le rôle de l’ONU qui a déversé des millions de dollars et tous les vices de la société de consommation, sur un peuple qui avait fait un « grand bon en arrière » de plusieurs décennies. On peut également citer la plupart des pays de la communauté internationale qui, sans doute pour se faire pardonner un silence complice durant le génocide, ont déversé, sans réflexion, des tombereaux de dollars depuis dix ans sur un pays sans cadres. (Le même phénomène se reproduit au Timor-Oriental !)
Le pays traverse avant tout une crise morale profonde. Sous les coups de boutoirs de la « culture occidentale » ou plutôt de la « non–culture américaine l’ensemble de la population cambodgienne semble avoir perdu tous ses repères traditionnels. La seule valeur qui motive l’action semble être désormais le « God Green le dieu dollar : la justice, les droits les plus élémentaires de la personne humaine sont quotidiennement bafoués. Les pauvres, qui forment la majorité de la population, n’ont droit ni à une éducation digne de ce nom (40 % des jeunes de moins de 14 ans, l’avenir du pays, 66 % d’analphabètes, …), ni aux soins médicaux ; les ouvriers sont exploités comme aux années les plus sombres du XIXe siècle français ou anglais. Les parents n’hésitent (presque) plus à vendre leurs enfants à la prostitution ou aux étrangers… Les députés, sans aucune vergogne, acceptent une augmentation de 600 dollars de leurs salaires, alors que le PIB se situe à moins de 290 par an. Il est vrai que dans la mentalité cambodgienne, le pouvoir est un « bénéfice », comme sous l’ancien régime français, non un « service ».
Politique
Elections communales
Les premières élections communales devraient se tenir en 2001. Le gouvernement estime le coût des élections entre 20 et 30 millions de dollars, et demande, bien entendu, à la communauté internationale de payer.
Depuis plusieurs mois, les organisations cambodgiennes de défense des droits de l’homme demandent que soit institué un scrutin nominal, qui faciliterait l’avancée de la démocratie, et non un scrutin à la proportionnelle, qui politiserait les élections et renforcerait le PPC (Prachéachon) au pouvoir presque dans toutes les communes. Ces associations demandent également que soit réformé le CNE (Conseil national électoral), inféodé au PPC, et dont la partialité était patente lors des élections législatives de 1998. Elles demandent également une plus grande participation des femmes sur les listes électorales. Ces associations organisent des débats publics pour éduquer la population. Ranariddh, président de l’Assemblée nationale, se déclare d’accord avec ces vues. Le 18 août, le Conseil des ministres approuve le projet de loi de 248 articles sur les élections communales. Les élections auront lieu tous les cinq ans, à la proportionnelle. Le Conseil des ministres semble n’avoir tenu aucun compte des remarques de la société civile. De petits groupes d’étudiants manifestent, les ONG sont déçues. Il y a trop d’intérêts en jeu dans le contrôle des communes ! Le Premier ministre souhaite qu’un maximum de professeurs soient candidats : ils pourraient être maires sans enseigner, tout en gardant leurs (maigres) salaires ! Ce serait un phénomène « révolutionnaire », déclare avec emphase le Premier ministre.
Intimidations politiques
L’approche de la date des élections communales voit se multiplier les assassinats de membres de l’opposition, assassinats trop nombreux et trop ciblés pour ne pas apparaître comme des actes d’intimidation politique.
* Durant le mois de juin, un membre du PSR, son épouse et un enfant sont tués dans la province de Kampot. Aucune enquête sérieuse n’est menée pour rechercher les coupables. Le 30 juin, une personnalité en vue du PSR (Parti de Sam Rainsy) de la province de Kompong Cham est grièvement blessée.
* Le 17 août, un militant du PSR de la province de Kompong Cham est assassiné. Il s’était distingué par ses positions courageuses face aux puissants abusant de leur pouvoir. Un policier est arrêté. Le 19 août, un autre militant du PSR de la province de Prey Veng est assassiné. Le PSR porte plainte. Sans suite.
* Le 28 août des manifestants s’attaquent à l’hôtel où se tient un séminaire du PSR à Kompong Cham. Selon le PSR, même si certains manifestants sont d’anciens du PSR, c’est une tactique de Hun Sen pour détruire le parti d’opposition.
* On fait courir le bruit que le PSR est lié au mouvement d’opposition « Vietnam–libre».
* On tente de faire pression sur la Thaïlande, pour que Sok Yoeun, membre du PSR réfugié en Thaïlande, et accusé, contre toute vraisemblance, d’être l’instigateur de l’attentat manqué contre Hun Sen en 1998, soit extradé. Les autorités thaïlandaises demandent des preuves, mais devant l’absence de tout élément, se refusent à l’extrader. Le 23 août, on apprend que les deux membres du PSR, Mong Davuth et Korng Bunhéang, arrêtés puis libérés dans le cadre de cette affaire, obtiennent le statut de réfugié en Suède.
* Le 28 juin, Hun Sen accorde une augmentation de salaire de 600 dollars aux députés (ils bénéficient déjà d’un salaire officiel de 1 200 dollars, plus une indemnité de 1 100 dollars pour leurs frais de bureau… et de beaucoup d’autres revenus occultes). Cette augmenta-tion leur permettra de « se rendre plus facilement dans leur circonscription ». Ils bénéficient également de 52 jours de congés, en plus des congés officiels… Initialement, les députés voulaient obtenir l’autorisation d’importer des voitures sans payer de droits de douanes, puis une augmentation de 1 000 dollars. « Hun Sen donne des récompenses à ceux qui le soutiennent» , dit un observateur cambodgien bien placé. Beaucoup critiquent la disparité entre les salaires des députés et ceux la majorité des fonctionnaires (25-30 dollars). Le salaire du président de l’Assemblée nationale est de 7 278 dollars, celui du premier vice-président de 6 234, celui du second vice-président 5 195. Chacune de ces trois personnalités pourra désormais avoir 20 « conseillers », soit 60 en tout. Durant la précédente législature, les trois personnalités en avaient 145.
* Le ministère des Affaires étrangères a délivré entre 4 et 5 000 passeports diplomatiques, en échange de pots de vin pouvant s’élever jusqu’à 20 000 dollars. Il n’y a cependant que 4 à 500 diplomates au Cambodge. A titre indicatif, le gouvernement thaïlandais ne délivre que 1 000 passeports diplomatiques. Désormais, seuls les membres du gouvernement ayant rang de ministres, en plus du roi et la reine, des hauts fonctionnaires et dignitaires du régime, les patriarches des deux ordres bouddhiques, bénéficieront d’un passeport diplomatique.
* Le 1er août, l’Assemblée nationale refuse d’investir trois noms propo-sés par les partis, pour former la cour des comptes cambodgienne. Ces trois candidats présentent de faux diplômes. « Comment des menteurs pourraient vérifier les comptes de la nation s’insurge Sam Rainsy. Il demande, entre autres, que les candidats ne soient pas présentés par les partis, mais soient choisis dans la société civile.
Erreur ! Signet non défini.Economie
Erreur ! Signet non défini.Riz
* La production de riz a atteint 4 millions de tonnes, soit une hausse de 500 000 tonnes par rapport à l’an dernier (260 710 tonnes de riz décortiqué, contre 30 070 l’an dernier). L’augmentation des terres cultivées (environ 50 000 hectares en plus), de meilleurs rende-ments (1,9 tonne à l’hectare au lieu de 1,7), et des catastrophes natu-relles mineures en 1999 (78 150 hectares affectés au lieu de 141 447), expliquent cette hausse. Le rendement moyen du riz de saison sèche est passé de 2,9 tonne/hectare à 3,04. Le ministère de l’Agriculture en profite pour porter ses réserves de semences à 3 200 tonnes, afin de pallier aux risques de pénurie. Mais cette abondante récolte, conjuguée avec la faible demande des pays voisins, a fait chuter les prix à l’achat chez les paysans (non sur le marché). Cependant, la FAO estime que 1,5 million de personnes n’auront pas suffisamment à manger cette année, beaucoup de riz étant exporté en contrebande.
* Cette année, la crue du Mékong a été provoquée par les pluies diluviennes qui se sont abattues sur le Sud-Est asiatique durant les mois de juin et de juillet. Une autre inondation devrait, comme chaque année, se produire en septembre, résultat, celle-ci, de la fonte des neiges du Tibet. Selon la Croix-Rouge cambodgienne, 28 509 hectares de riz et 18 616 hectares d’autres productions auraient été détruits. On déplore au moins 14 morts. 56 609 personnes, soit 39 000 familles auraient subi des dommages lors de ces inondations, 2 800 maisons ont été inondées dont 765 complètement détruites. On chiffre les dégâts à 6 millions de dollars.
* L’ambassadeur des Etats-Unis fait un don de 25 000 dollars pour les victimes de l’inondation, l’USAID distribue 10 000 kits de première urgence, le ministère de l’Agriculture se prépare à distribuer 800 ton-nes de semences de riz, Hun Sen promet de donner 1 200 tonnes de riz… Des distributions sont organisées pour les victimes des inonda-tions, mais, comme d’habitude, ce sont les proches des autorités locales qui touchent les aides à leur place. Le bureau de coordination des aides humanitaires de l’ONU annonce, le 30 août, qu’il accordera 25 000 dollars aux victimes des inondations, pour acheter des bâches.
* Le 27 août, pour la première fois de son histoire, la station de télévision cambodgienne de TV5 organise un mini-téléthon pour aider les victimes des inondations. 11 450 dollars sont récoltés, ainsi que des engagements de dons pour 13 550 kg de riz.
Caoutchouc
* Le prix du caoutchouc cambodgien ne cesse de baisser. La tonne de caoutchouc de premier choix est achetée 570 dollars, soit 50 dollars de moins que le mois dernier, et à 530 pour le second, soit 70 de moins que le mois dernier. La raison de la baisse est avant tout la concurrence des pays voisins. Le Cambodge dispose de 5 893 hectares de plantations, qui produisent environ 165 tonnes de caoutchouc sec par jour, soit entre 40 000 et 50 000 tonnes par an.
* Le 8 août, le Premier ministre déclare que le gouvernement s’engage à délivrer des titres de propriété aux paysans qui désirent lancer une exploitation familiale de caoutchouc. L’AFD (Agence française de développement) avait signé un accord de coopération technique, en février 1999, pour aider à la création d’exploitations familiales, mais les nombreux conflits opposant les exploitants agricoles et les mili-taires ont bloqué tout progrès. Les producteurs familiaux redoutent que leurs terres ne soient confisquées par les militaires ou que de grosses compagnies n’obtiennent le monopole du marché de leur production.
Erreur ! Signet non défini.Bois
* Deux haut fonctionnaires appartenant au Conseil des ministres sont arrêtés pour avoir fabriqué des faux documents, autorisant l’exportation de 20 000 m³ de bois vers la Thaïlande. Seng Sitha, neveu de Sok An, ministre du Conseil des ministres, serait à l’origine des fausses signatures, tamponnées avec le sceau des ministres concernés.
* Le 25 juillet, dans la province de Kratié, deux fonctionnaires qui tentaient d’intercepter un convoi de quatre bateaux de bois sont attaqués au fusil d’assaut. L’un est tué, l’autre grièvement blessé. Officiellement, on ignore à qui appartient le bois.
Erreur ! Signet non défini.Pêche
Selon les chiffres officiels, la saison de pêche, s’étendant d’octobre 1999 à juin 2000, a été la meilleure depuis 20 ans : 84 000 tonnes de poissons. Des raisons techniques relativisent cependant cette hausse, car la collecte des données a été meilleure que par le passé et la pêche illégale a diminué de 80 à 90 %. Les conditions atmosphériques ont été très bonnes. 50 000 tonnes ont été exportées aux Etats-Unis, en Thaïlande, au Vietnam et en Australie, générant un million de dollars d’entrées de devises. Le gouvernement a lancé plusieurs opérations pour faire cesser la prise d’alevins envoyés au Vietnam.
Micro-crédit
Soixante-douze organisations offrent des micro-crédits dans 18 provinces. Le 7 juillet, la BAD (Banque asiatique du développement) signe l’octroi d’un prêt de 18 millions de dollars à la Banque du développement rural cambodgienne pour rendre plus accessibles les petits crédits aux paysans. 260 000 familles devraient en bénéficier. Les taux d’intérêts devraient baisser de 12-15 % aux environs de 11 %. Les usuriers chinois prêtent de l’argent au minimum au taux de 20 % par mois. Grâce à ces opérations de micro-crédits, le nombre de paysans pauvres aurait baissé de 40 à 36 %. A vérifier.
Budget
* Le budget de l’année fiscale prévoit 80 millions de dollars pour l’armée, soit 5 % de moins que les prévisions initiales. 85 % de ce budget est consacré à la paie des militaires (en moyenne 30 dollars pour les hommes de troupes (officiellement au nombre de 140 693, mais que les experts étrangers les évaluent à moins de 100 000), à l’achat des uniformes, de la nourriture (avec tous les trafics que l’on sait), ainsi qu’aux soins de santé. 15 % sont affectés à l’entretien du matériel et à l’entraînement des hommes.
* Le 30 août, la Chine s’engage à verser 2,7 millions de dollars d’aide militaire au Cambodge. C’est l’un des rares pays qui accorde une aide militaire au pays. Ces fonds sont destinés à l’entraînement des soldats et au développement des ressources humaines dans l’armée.
* Dans un coup de sang dont il est coutumier, Hun Sen menace d’arrêter la démobilisation de son armée, si la communauté internatio-nale ne verse pas les aides prévues. Il donnera 500 dollars par soldat démobilisé. Selon un conseiller de l’ambassade du Japon au Cambod-ge, ces menaces ne sont qu’un moyen pour obtenir davantage d’aides.
* Durant les six premiers mois de l’année, on observe un bon équilibre de la balance commerciale bien que le volume des importations ait été supérieur à celui des exportations (vêtements, bois, caoutchouc, poisson). 108 949 dollars de droits de douanes ont été perçus, contre 51 800 durant la même période l’an passé. 46 % des recettes gouvernementales proviennent des droits de douanes, 54 % de la TVA et autres taxes.
* Le ministre des Finances signe un nouveau contrat avec la SGS (Société générale de surveillance), basée à Genève, pour inspecter les importations et exportations du Cambodge. En novembre dernier, la société avait fermé ses portes, car le gouvernement refusait de lui verser 6,8 millions de dollars d’arriérés de paiement. Depuis, il s’est acquitté de sa dette. Le FMI avait insisté pour la reprise des activités de la société. Celle-ci s’engage à investir davantage dans la formation de Cambodgiens.
Contrats
* Le 4 juillet, le Vietnam signe un accord pour fournir 85 mégawats d’électricité par an, d’ici à l’an 2003, pour atteindre 200 mégawats en 2003. Cette énergie alimentera Phnom Penh et les zones frontalières.
* Le 27 août, lors de la visite du vice-Premier ministre vietnamien au Cambodge, celui-ci signe un contrat pour rapatrier les dépouilles des soldats vietnamiens tués au Cambodge depuis 1965 (40 000 depuis 1979, selon les chiffres officiels), et d’autres accords de coopération dans les domaines de l’agriculture, des pêches et de la santé.
* Le 13 juillet, le ministre des Finances cambodgien passe un contrat avec l’ambassadeur de France, en vue de favoriser et de protéger les investissements au Cambodge, comme cela a été déjà fait avec de nombreux autres pays.
* Le 26 juillet, la Chine accorde un prêt de 11,8 millions de dollars pour la construction d’une usine de contreplaqué. Ce prêt, qui n’est que la première tranche d’un projet de 18,6 millions, est remboursable en 12 ans, au taux annuel de 3 %. Cette usine créera entre 400 et 500 emplois, et utilisera chaque jour 200m³ de bois de vieux hévéas.
* Le 28 juillet, une société chinoise signe un contrat de rénovation du barrage de Kirirom, mis en service en 1968 et complètement détruit pendant la guerre, pour une somme de 26 millions de dollars. Cette société commercialisera l’électricité produite pendant 30 ans. Ce barrage produira 53 mégawatts par an.
Erreur ! Signet non défini.Aides
* Le 21 juin, l’Allemagne signe deux accords de coopération. L’un concerne le versement d’une aide d’environ deux millions de dollars pour financer la seconde phase du projet de télécommunications rurales, après l’installation du câble de fibre optique par la société Alcatel. Le second vise plusieurs projets de développement.
* Le 17 juillet, le Japon accorde un don de 54 321 dollars au CMAC (Centre cambodgien d’action contre les mines) afin d’acheter du matériel de débroussaillage. Le PNUD (Programme des Nation Unies pour le développement) verse 720 000 dollars qui permettent au CMAC de payer ses salaires de juillet. Le 10 août, le Japon débloque à nouveau 900 000 dollars. Les tracas du CMAC reprendront en septembre, car la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la Suède, l’Australie ont conditionné le versement de leur aide à l’avancement des réformes du CMAC. Le contingent canadien s’est retiré du CMAC. 44 personnes ont été blessées par mines et autres engins explosifs au mois de juillet, soit 39 % de moins que l’an passé. Depuis le début de l’année, on compte 540 accidents. Les régions les plus touchées sont celles de Battambang et Banteay Méan Chey. On constate une augmentation dans celles de Préah Vihéar et de Siemréap.
* Le 11 août, le Japon finance quatre nouveaux projet « kusanone » (« terre à terre » ) d’un montant de 147 516 dollars : achat de matériel d’occasion pour équiper des écoles et collèges de Phnom Penh, fourniture de matériel informatique au centre de documentation du Cambodge, construction d’écoles.
* Le 14 août, le Canada signe un accord avec le ministre cambodgien des Affaires étrangères, d’un montant de 4 millions de dollars canadiens, pour l’amélioration du système de santé.
ONG
* Le ministère des Affaires étrangères et la Coopération internationale fait signer aux ONG un « mémorandum d’entente régulant le cadre de leur travail. Il y a 230 ONG étrangères au Cambodge. 21 ONG ont déjà signé ce mémorandum, 52 autres ont déposé une demande pour le faire. Ces ONG doivent s’efforcer d’employer un maximum de Cambodgiens, et de réduire au minimum le nombre de leurs expatriés, pour « optimiser les transferts de connaissances».
Détournements
* Le PSR accuse la direction du bac de Prek Kdam d’avoir détourné 70 % des recettes du bac depuis 1998, soit 40 000 dollars, en délivrant de faux tickets de passage, et se faisant verser des sommes globales par les sociétés d’exploitation de bois. Le directeur reconnaît les faits, mais refuse de parler de détournements de fonds à des fins personnelles : c’est pour l’entretien des bacs, assure-t-il.
* Truong Méaly, ancien ambassadeur du Cambodge au Japon, est accusé par Hor Nam Hong, ministre des Affaires étrangères, d’avoir détourné 700 000 dollars durant son séjour au Japon, provenant des taxes sur les visas et la location d’un terrain de l’ambassade. L’intéressé dément catégoriquement et menace de citer les noms de ceux qui ont empoché l’argent.
Erreur ! Signet non défini.Mouvements sociaux
La dernière quinzaine de juin a été marquée par des mouvements sociaux de plus en plus importants, réprimés par la force publique. Un comité consultatif du travail, comprenant des membres du gouvernement, de l’association des patrons d’usines et de celle des syndicats, s’est réuni plusieurs fois à la mi-juin. Les syndicats demandaient une augmentation du salaire minimum de 40 à 70 dollars. Le 21 juin, mécontents de l’échec des négociations, les ouvriers d’une dizaine d’usines textiles se mettent en grève.
* Le 22 juin, plus de 1 000 ouvriers manifestent devant l’usine Kong Hong Garnment. 2 000 autres, venant de 30 usines, défilent d’usines en usines. 65 usines ont dû cesser le travail. Les manifestants sont dispersés par des canons à eau et à coups de fusil. Quatre personnes sont blessées par balle.
Van Sou Ieng, Français d’origine cambodgienne, et président de l’association des patrons du textile, chiffre les pertes dues aux grèves à 10 millions de dollars. Mais il s’insurge surtout contre la corruption des fonctionnaires : « Il y a quatre ans, le niveau de corruption était compétitif, mais maintenant c’est plus difficile, les fonctionnaires deviennent de plus en plus gourmands. Les cadres de l’administration exigent que leur soient donnés des conditionneurs d’air, des voitures, etc. C’est un peu comme s’ils étaient devenus nos actionnaires… Ils font de mauvais rapports aux ministres. Les solutions ? Soit les gaver jusqu’à ce qu’ils soient rassasiés… soit les dénoncer à leur ministre, avec le risque que leurs successeurs ne soient pires… » Avec l’entrée prochaine de la Chine dans l’OMC (Organisation mondiale du commerce), il prévoit que, si les autorités cambodgiennes ne changent pas de conduite, les investisseurs partiront. A la fin du mois d’août, ces accords étaient loin d’être appliqués par tous.
Un accord est signé le 13 juillet entre le patronat et les ouvriers : le salaire minimum est fixé à 45 dollars (40 durant la période d’essai), avec une prime de 5 dollars versée aux ouvriers ne s’étant pas absenté durant les 26 jours de travail mensuels ; l’heure supplémentaire est rémunérée 1 000 riels (2 FF environ). Les heures supplémentaires ne doivent pas dépasser 2 heures par jour. Progression des salaires selon l’ancienneté : 2 US$ pour la première année, 1 US$ pour les suivantes, et 18 jours de congés payés par an. Les deux parties ne sont pas satisfaites de cet accord : « Merci de nous assassiner dit Van Sou Ieng. Chéa Vichéa, secrétaire du SIORC (Syndicat indépendant des ouvriers du Cambodge), estime, pour sa part, qu’il faut 80 dollars pour vivre à Phnom Penh.
* A titre indicatif, les travailleurs du Cambodge gagnent en moyenne 1,53 dollars par jour ; ceux des Philippines 3,40 ; dans le sud de la Chine entre 1,38 et 2,06 ; en Indonésie 2,30 ; à Taïwan 19,23. Selon une étude des syndicats étrangers, une famille de Phnom Penh dépense environ 191,39 dollars par mois, soit 6 dollars par jour. Selon les syndicats, en tenant compte du taux d’inflation, le salaire minimum aurait dû être réévalué à 50 dollars à la fin de l’année 1998. D’autre part, une augmentation du salaire minimum à 70 dollars n’augmenterait une hausse des coûts de production que de 2,8 %.
* Les conditions de logements des ouvrières sont particulièrement infra-humaines : 4 filles demeurent dans une petite pièce, pour laquelle elles paient 20 dollars par mois. Parfois, elles doivent dormir tête-bêche, par manque de place, parfois, les marchands de sommeil louent ces réduits en 3×8, comme le travail… Le coût de la vie a doublé en cinq ans, mais les salaires sont restés les mêmes. Le code du travail a été adopté, mais n’est pas appliqué. Les ouvrières ne peuvent refuser les heures supplémentaires, elles sont souvent battues, punies, licenciées et même violées… Une association suédoise Clean Clothes (« habits propres »), propose de lancer une action en Europe pour obliger les autorités cambodgiennes à respecter leurs travailleurs.
* A la fin du mois de juillet, les ouvrières d’une usine de confection de Takmau menacent de faire grève pour protester contre le licenciement d’un certain nombre d’entre elles, et leur remplacement par des Vietnamiennes, plus compétentes, mais en situation illégale, donc plus obéissantes. Elles accusent les responsables de la police des étrangers de favoriser ces emplois. Le ministère des Affaires sociales et la police procèdent à une vérification : sur 607 salariés, 39 ouvriers ou techniciens sont d’origine étrangère, dont 23 d’origine vietnamienne, dont 16 sans papiers d’identité. 16 autres étrangers sont chinois ou singapouriens. Selon le code du travail, les usines ne peuvent recruter plus de 10 % de travailleurs étrangers, qui doivent être munis de pièces d’identité et d’un permis de travail en règle.
* Le 4 août, la police disperse une manifestation d’ouvrières de l’usine You Cheng Garnment Cie, qui refusaient de faire des heures supplémentaires.
* Au début du mois d’août, une trentaine d’ouvriers, sur les 400 que compte l’usine textile Goltex, bloque les portes de l’usine pendant plus d’une semaine pour empêcher le déménagement des machines. Le 15 août, les ouvriers n’avaient pas encore touché leur salaire de juillet, et l’activité de l’usine s’était arrêtée au début du mois sans aucun préavis.
* Le 14 août, 93 des 2 500 employées de l’usine Suntexa doivent être hospitalisée pour intoxication alimentaire et surmenage.
* Le 15 août, 300 ouvriers de l’usine de confection Supreme Choice se mettent en grève pour protester contre des licenciements abusifs de personnel. Le 31 août, deux ouvriers seront blessés par le personnel d’encadrement chinois, dont un grièvement.
* Le 14 août, plus de 100 ouvriers de l’usine Lecotex mettent fin à leur grève de quatre jours après avoir touché leur salaire du mois précédent.
* Le 8 août, un ouvrier de l’usine Ching Song, délégué de ses collègues en grève, disparaît. Les ONG de défense des droits de l’homme s’inquiètent. On le retrouve une semaine plus tard à Païlin : les patrons de l’usine avaient acheté sa soumission contre un peu plus de 200 dollars, et l’avaient fait disparaître par une porte dérobée. A son retour, les ouvriers demandent sa réintégration.
* Le 21 juin, environ 200 moto-taxis manifestent contre l’augmen-tation de l’essence qui passe de 1 500 à 2 000 riels, soit le double du prix du carburant en Thaïlande. « Les réformes économiques ne profitent qu’aux officiels et à leurs familles », disent-ils.
Paysans expropriés
* En juin, plus de 900 familles habitant près de la gare de Poïpet sont expulsées à Prey Kuk, village situé à 13 km de la ville, et encore sé-rieusement miné. Depuis lors, deux personnes ont sauté sur des mines.
* Le 24 juin, environ 1 000 paysans contraignent les autorités à fermer le poste frontière de Poïpet, après l’expulsion de 40 familles paysannes de leurs terres par les militaires pour y construire un casino. 6, puis 15 paysans qui s’opposaient à cette expulsion, sont « arrêtés, torturés et emprisonnés Les autorités locales veulent déplacer la population du village de Kbal Spéan (810 familles) à 10 km de Poïpet, au nouveau village Samaki solidarité» ), établi sur une centaine d’hectares encore minés, sans moyens de communication ni possibilité de gagner leur vie. Les autorités avaient proposé 10 000 dollars, puis 15 000 au chef de village pour obtenir son accord, mais devant son refus, la soldatesque l’a déshabillé en public, frappé à coup de crosses, et emprisonné. Au début du mois d’août, les paysans spoliés accusent le chef du bureau provincial de l’aménagement d’avoir fait des doubles des titres de propriété et les avoir remis à de nouveaux « propriétaires » pour s’emparer de 29 hectares de terres. Le 4 août, Sam Rainsy, accompagné de 6 paysans spoliés, se rend chez Sâr Kheng, ministre de l’Intérieur, mais sans résultat. Parmi les nouveaux « propriétaires » se trouve le général Kun Kim, conseiller de Hun Sen et chef d’état-major adjoint (ancien chef Khmer rouge, connu pour sa barbarie sanguinaire), et Hem Theng, chef du service de l’immigration de Poïpet.
* Le 27 juin, 200 paysans de Srè Ambel manifestent à Phnom Penh contre l’expropriation de 160 hectares de leurs terres par les militaires, en 1998.
* Le 21 juillet, le Conseil des ministres adopte un projet de loi de 272 articles concernant la propriété des terrains. Hun Sen présente cette loi comme une « révolution » opérée non par les paysans, mais par le gouvernement. Les titres datant d’avant 1979 ne seront pas reconnus. Les propriétés ne pourront pas dépasser 10 000 hectares. Les domaines forestiers appartiennent à l’Etat, les terrains publics non utilisés pourront être distribués dans le cadre de projets représentant un intérêt social. Cette loi était réclamée par les pays donateurs depuis des années. Les juristes ne sont pas totalement satisfaits, mais accueillent cette loi comme un moindre mal. L’enregistrement de toutes les parcelles de terrain au cadastre devrait prendre 10 années et coûter 100 millions de dollars.
Saga du jugement des Khmers rouges
Le 4 juillet, Hans Corell, sous-secrétaire général de l’ONU pour les affaires légales, se rend au Cambodge afin de mettre une dernière main au projet établissant un tribunal pour juger les anciens responsables Khmers rouges. Le diplomate onusien exprime sa lassitude : « Les discussions ne pourront pas durer indéfiniment dit-il. Un accord entre l’ONU et le Cambodge est trouvé le 6 juillet : les deux parties se partageront les fonctions de procureur, avec une chambre d’arbitrage en cas de conflit. Mais cet accord devra être entériné par l’Assemblée nationale cambodgienne. Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU, prévient que « si les termes de l’accord sont modifiés ou affaiblis, nous devrions reconsidérer notre participation ». Le cas de Ieng Sary, amnistié par le roi en 1996, reste une pomme de discorde entre l’ONU et le gouvernement khmer.
* Sept organisations cambodgiennes de défense des droits de l’homme regrettent le secret dont s’entourent les négociations concernant ce tribunal. Ces associations ne veulent pas que le gouvernement ait le pouvoir de nommer les juges, mais réclament que l’ONU soit chargée de cette tâche. Le gouvernement quant à lui, tient à garder la haute main sur ces nominations. Ce point semble encore en suspens.
Ranaridhh, président de l’Assemblée nationale, revendique le droit de l’Assemblée de modifier le projet de loi. Il attend que le Conseil des ministres transmette le dossier et vienne expliquer dans quel sens voter. Pour sa part, Sok An, ministre du Conseil des ministres, chargé du dossier, tarde afin de tenter de convaincre les députés du PPC à voter le texte.
Le 27 août, lors de la visite du vice-Premier ministre vietnamien au Cambodge, Hun Sen rend un hommage appuyé au Vietnam : « Si on réclame un procès des Khmers rouges, on doit aussi rendre hommage à ceux qui sont morts pour libérer le Cambodge ». On sait que le Vietnam s’oppose à tout jugement, autre que celui rendu en 1979, et non reconnu par la communauté internationale.
En dernière heure, on apprend que la commission des lois de l’Assemblée nationale se réunira le 2 septembre, et qu’il lui ne suffira que d’une journée pour examiner le projet. Ainsi Hun Sen pourra se rendre à l’assemblée générale de l’ONU le 7 septembre, sans doute avec la ratification de l’Assemblée nationale, instituant, pour la première fois au monde, un tribunal comprenant une majorité de juges et hommes de loi autochtones, qui prendront leurs décisions avec des juges étrangers à la majorité qualifiée.
* Sam Rainsy n’exclut pas que le gouvernement n’organise une petite rébellion khmère rouge, afin de faire savoir à la communauté internationale qu’elle doit cesser de faire pression pour la tenue d’un tribunal, de peur d’une résurgence de troubles.
* Le 18 juillet, Chuk Rin, ancien chef khmer rouge, responsable de l’attaque d’un train où voyageaient trois Européens, en 1994, tués par la suite, passait en jugement. Treize Cambodgiens avaient été tués lors de cette attaque. Il a été acquitté au titre de la loi du 7 juillet 1994 mettant les Khmers rouges hors-la-loi, et promettant l’amnistie à ceux qui se rendraient dans les six mois. Or Chuk Rin est accusé d’un crime produit deux semaines après la promulgation de la loi… Cette interprétation cambodgienne de la loi semble avoir laissé toute impunité aux chefs khmers rouges pendant 6 mois… Ce jugement lais-se mal augurer du verdict concernant les responsables khmers rouges par des juges khmers. Certains y voient, au contraire, un signe de l’in-dépendance des juges ! La France, l’Australie et la Grande-Bretagne protestent. Sur leur pression, le procureur fait appel de la sentence.
* Selon son avocat, Ta Mok, incarcéré depuis plus d’un an, souffrirait d’attaques cardiaques répétées. Cette déclaration va à l’encontre de celles du médecin de la prison qui a trouvé le prévenu en bonne santé. Ce serait une manouvre de son avocat, Benson Samay, proche du pouvoir, pour empêcher Ta Mok de paraître en jugement, et de livrer ainsi des révélations pouvant éclabousser les gens au pouvoir, mais également d’autres puissances étrangères. Ta Mok, pour sa part, se dit prêt à tout révéler, pour « mourir en paix ».
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Justice
* Le 25 août, 11 étudiants en droit reçoivent leur licence en droit français, dont 3 avec la mention « assez bien ». Sept partiront continuer leur formation en France et un au Japon. Ces étudiants avaient déjà obtenu la licence cambodgienne en droit. Quatorze professeurs de l’université Lumière Lyon 2 ont assuré leur formation par des stages de 15 jours. Sur 90 étudiants qui se sont présentés au concours d’entrée cette année, dans cette filière, 34 ont été reçus.
* Quand on entre au palais de justice, on entend parler les avocats et autres hommes de loi, non de lois, ni de verdict, mais combien tel ou tel prévenu peut rapporter. Pour un vol bénin, la somme exigée pour une libération sous caution, est comprise entre 500 et 1 000 dollars. Tout se négocie en public.
* Dans un rapport de 149 pages, intitulé « Moins qu’humain publié le 26 juin, la LICADHO (Ligue cambodgienne d’action pour les droits de l’homme) dénonce l’usage généralisé de la torture dans les prisons cambodgiennes. « La torture au Cambodge est aujourd’hui aussi indéniable que durant les décennies passées ».
* On continue à signaler assez fréquemment des cas de lynchages populaires de présumés criminels.
* Le 23 juillet, un jeune homme soupçonné d’avoir volé une moto est lynché par la populace, son corps, peut-être encore en vie, aspergé d’essence et brûlé, sous les yeux de la police qui ne réagit pas. Dans son édition du 27 juillet, la dernière page du journal Koh Santéphéap publie 18 photos en couleurs du lynchage, comme s’il s’agissait d’une bande dessinée. Le raz le bol populaire devant l’impunité des grands, le disfonctionnement de la justice corrompue, et la perte de la plupart des valeurs morales du peuple semblent pouvoir expliquer un tel comportement.
* Le 19 août, un homme de 23 ans, accusé d’un triple viol, à Battambang, a été lynché par une foule de 500 personnes. Avant sa mort, des femmes lui ont coupé le pénis.
* Le 17 août, le collectif des 17 ONG cambodgiennes de défense des droits de l’homme révèle la disparition de 31 personnes dans la région de Kratié-Snoul. Au moins six cadavres sont découverts, les mains liées derrière le dos, les yeux bandés. Les faits se seraient produits en mai. Les ONG pointent un doigt accusateur sur la garnison de Snuol. On pense qu’il s’agit d’ex-opposants du FUNCINPEC, réintégrés dans les FARC après 1998. Certains de ces combattants auraient été dupés, et rejoint le mouvement « Khmers Sérey », dont l’organisation reste très floue. Les militaires tentent d’effrayer les membres des ONG, entravent leurs recherches, puis clament que les cadavres sont ceux de bandits, qu’ils ont tués au cours d’accrochages (les yeux bandés, les mains liées derrière le dos, une balle tirée à bout portant dans la nuque…), que l’on a retrouvé les gens disparus (mais personne ne les a vus). Hun Sen accuse les ONG de protéger des bandits et d’outrepasser les limites du respect des droits de l’homme. Il demande également que soient extradés Ith Suong, ancien général réfugié en France, et Chhun Ya Sith, réfugiés aux Etats-Unis, qui dirigeraient le mouvement Khmer Sérey et celui des « Combattants pour la liberté au Cambodge Il demande également l’extradition de Ngouon Soeur, ancien président du Parti des Citoyens khmers, qui, par vengeance contre le gouvernement qui l’a évincé de toute responsabilité, voyage en France et aux Etats-Unis pour soutenir le mouvement Khmer Sérey. Le 30 août, le ministère de la Défense fait savoir qu’il envisage de porter plainte contre le collectif des associations de défense des droits de l’homme pour diffamation…
* Les Nations Unies nomment Peter Leuprecht, avocat autrichien, ancien vice-secrétaire général du Conseil de l’Europe, comme représentant spécial de l’ONU pour les droits de l’homme, en remplacement de Thomas Hammarberg.
Drogue
Depuis plusieurs mois, les autorités de police mènent une lutte efficace contre le trafic de drogues. Selon l’autorité de lutte contre les stupéfiants, « le trafic de stupéfiants est à présent en régression» .
* Le chef-adjoint de la police de Kampot, arrêté en avril en relation avec la culture de marijuana, accuse nommément deux membres du gouvernement et deux militaires de haut rang d’avoir touché 80 000 dollars en pots de vin de la part des planteurs.
* Cinq Occidentaux sont arrêtés en possession de marijuana à Sihanoukville, quatre autres à Phnom Penh. Ils sont relâchés par complaisance pour les pays donateurs d’aides.
* Le 1er juillet, la police militaire arrête trois trafiquants de drogue dans la province de Bantéay Méan Chey, avec 20 257 cachets de Yama (amphétamine bon marché).
* Le 12 juillet, six Vietnamiens sont arrêtés en possession de sacs contenant de l’héroïne et des pilules d’amphétamines.
* Le 14 juillet, la police déclare avoir arrêté un Chinois, appartenant à la mafia taïwanaise, avec 7 000 pilules d’ectasy, 10 kg de marijuana, 1 fusil d’assaut AK 47, 2 pistolets et 10 pains de TNT.
* Durant la dernière semaine du mois d’août, trois hommes sont arrêtés en possession d’un kilo d’opium.
Le nombre de jeunes de moins de 21 ans ayant rompu avec leur famille et vivant dans les rues de Phnom Penh serait de 900, dont 14 % de filles. La moitié d’entre eux consommeraient de la drogue, avec une augmentation chez les moins de 11 ans.
Casinos
Le Cambodge possède 13 casinos ayant pignon sur rue et en état de fonctionnement (sans compter les casinos clandestins), la plupart situés près de la frontière thaïlandaise : 3 à Poïpet, 2 à Païlin, 2 à Sihanoukville, 1 à Kun Rieng (au nord de Koh Kong), 1 à Koh Kong, 1 à O Smach, un à Phnom Penh et un à Bavet, à la frontière vietnamienne. Les fonctionnaires ne savent, ou ne veulent pas savoir, qui sont les propriétaires, mais ces derniers « sont très étroitement liés aux autorités de Phnom Penh Ils ne savent pas combien d’argent passe par ces établissements, combien ils ont dû verser pour s’installer, combien ils doivent payer en haut lieu. Les joueurs sont Thaïlandais ou Chinois : on en compte 1 000 par jour pour un seul des casinos de Poïpet. Ces joueurs sont capables de mettre 100 000 dollars sur la table de jeux, mais plus souvent misent entre 5 000 et 30 000. Les autorités thaïlandaises et vietnamiennes sont fort mécontentes de la présence de ces casinos qui exportent de l’argent frais dont leurs économies auraient le plus grand besoin, et désireraient les voir fermer. La présence des casinos engendre criminalité, enlèvements et trafic de drogue. Ce sont des moyens faciles de blanchiment d’argent sale.
Il n’y a pas de lois cambodgiennes gouvernant les casinos, donc aucune taxe ne peut être perçue officiellement. Un projet de loi avait été écrit en 1995, mais n’a jamais été examiné ni voté. Ils sont soumis à « une obligation de payement qui s’élève à 4 millions de dollars dans le budget de l’an 2000, soit 1 % du budget national. Par comparaison, les deux principaux casinos de l’Etat du Connecticut, aux Etats-Unis, versent 165 millions de dollars au budget fédéral. Le ministère des Finances n’a aucune prise sur eux. Les permis de fonctionnement sont délivrés directement par le Premier ministre. Ces casinos procurent un certain nombre d’emplois. Même si le porte-parole du ministère de l’Intérieur affirme que le jeu est une importante source de revenus pour le développement de l’économie du pays, le Comite de développement du Cambodge (CDC) se plaint que les casinos ne relèvent pas de lui.
Enlèvements
Depuis le mois de juin, l’industrie de l’enlèvement et du crime a refait surface dans la capitale.
* Le 27 juin, un directeur d’une société de distribution de peinture est kidnappé puis remis en liberté après versement d’une rançon de 200 000 dollars.
* Le 29 juin, le président de l’Association des hommes d’affaires taïwanais est assassiné, en plein jour, dans les rues de Phnom Penh. Le gouvernement, cette fois, fait diligence pour retrouver les coupables, car les investisseurs étrangers sont inquiets et menacent de fuir le pays. Il s’agit de fait d’un règlement de compte interne à la communauté taïwanaise. Un tueur à gage avait reçu 3 000 dollars pour cet assassinat. Quatre Taïwanais sont arrêtés, dont Chen Chi Li, patron de la mafia taïwanaise « Bambou Union» , en possession d’un véritable arsenal : 12 fusils automatiques, un lance-grenades, huit pistolets, des couteaux, 2 000 cartouches, 4 passeports, deux plaques d’immatriculation diplomatique, 4 téléphones. Chen Chin Li avait été fait Okhna (haut mandarin cambodgien) et conseiller de Chéa Sim, président du Sénat. Il était recherché depuis 1984 pour meurtre d’un écrivain-dissident taïwanais à San Francisco. En 1998, il avait aidé à la libération d’un homme d’affaires taïwanais kidnappé au Cambodge, contre une rançon de 100 000 dollars. Dès son arrestation, un intermédiaire de très haut rang se serait précipité chez Hun Sen pour demander sa libération.
* La découverte de passeports diplomatiques chez Chen Chin Li, permet de constater les implications de ce dernier avec de « très hauts personnages de l’Etat ».
* Le 16 juillet, Chéa Sophara, maire de Phnom Penh, limoge deux agents communaux et un officier de police pour ne pas l’avoir averti assez tôt de kidnappings commis dans leur arrondissement.
* Le 5 août un gérant chinois d’usine de textile est braqué par cinq hommes en armes, en plein jour, qui lui dérobent plus de 1 000 dollars (il venait d’en retirer 100 000 à la banque, mais les avait déjà déposés chez un commerçant).
* Le 8 août, la police présente 10 membres d’un gang de kidnappeurs, six hommes et quatre femmes, arrêtés le 28 juin. Ce gang a réussi à extorquer 1,3 millions de dollars en trois ans. Le 11 août, le chef du gang, Sok Nara, alias Ra Smach, ennemi public n° 1, est tué par la police, après une véritable chasse à l’homme. Avant que les policiers ne l’exécutent, il aurait demandé à ne pas être tué, s’engageant à révéler le nom de ses commanditaires.
* Le 15 août, soit cinq jours après l’exécution du Ra Smach, à 13 heures, quatre hommes armés de pistolets kidnappent le fils du chef-adjoint du département des investissements du ministère de l’Economie. On lui vole sa bague sertie de diamants et sa montre Rolex, d’une valeur de plus de 5 000 dollars. L’otage est libéré le 19 août, après versement d’une rançon de 150 000 dollars. Des gangsters, dont le chef, sont arrêtés dans un night club de Battambang, le 28 août. Ce gang aurait ramassé 801 000 dollars depuis 1998.
* Le 13 août, la police militaire de Phnom Penh libère 7 jeunes femmes d’Europe de l’Est (2 Roumaines et 5 Moldaves), séquestrées dans un hôtel de la capitale depuis le 26 juillet, et forcées à se prostituer avec de riches Chinois. Elles ont été recrutées dans leur pays comme serveuses et danseuses, on leur avait promis un salaire de 600 dollars, plus les pourboires. Elles se sont endettées de 2 000 dollars pour le voyage. A leur arrivée, leurs passeports et billets d’avion ont été confisqués par le gérant de l’hôtel. Elles ont réussi à contacter leurs familles qui ont à leur tour averti l’ONU à Bucarest, qui a répercuté l’appel sur son bureau à Phnom Penh. Au moment de l’arrestation, l’une d’entre elles était à Sihanoukville, en compagnie de So Mara, directeur de l’Autorité nationale du tourisme, qui venait de faire de grandes déclarations contre le tourisme sexuel… et qui, selon les autres filles, amenait souvent des clients à l’hôtel. Le gérant de l’hôtel, un sino-canadien, et le directeur singapourien ont été interrogés, mais non inculpés… Il semble que l’un d’entre eux soit allé recruter lui-même ses « serveuses » à Bucarest. Seule une Roumaine, employée dans l’hôtel et qui a servi de rabatteur, est recherchée sans succès, par la police.
* Le 24 août, quatre hommes en armes kidnappent le fils d’un fonctionnaire des douanes, âgé de 15 ans, et demandent une rançon de 300 000 dollars. Ils tuent leur otage, puis se font remettre la rançon, mais sont arrêtés après une fuite éperdue dans la capitale. Deux membres du gang seraient encore en fuite.
* A la mi-août, le fils d’un receveur des douanes de Takéo, âgé de 7 ans, est pris en otage. Les ravisseurs demandent 10 000 dollars. La famille refuse de collaborer avec la police de peur qu’il n’arrive malheur à l’enfant.
Pour lutter contre le crime organisé, la police de Phnom Penh va se doter d’un système informatique haute technologie. « Chacun aura sa fiche dans les ordinateurs de la police ». La création de cette banque de données, don du Japon, coûtera 150 000 dollars, et la première phase de l’installation sera achevée en 2001.
Vente d’enfants
Le 26 mai, Hun Sen ordonnait la suppression des adoptions d’en-fants par les étrangers, mais la décision ne sera effective qu’au 15 juin. Les éditions du journal Phnom Penh Post du 26 mai, du 9 juin et du 18 août donnent des précisions alarmantes sur ce trafic. En 1999, deux anciens fonctionnaires du ministère du Tourisme créent « l’association des orphelinats asiatiques » et construisent un orphelinat à Chom Chau, près de Pochentong qui commence à fonctionner en décembre 1999. Ces deux fonctionnaires proposaient 40 à 60 dollars par bébé à leur mère pour qu’elle abandonne définitivement leur enfant. Les rabatteurs étaient payés entre 15 et 20 dollars par enfant.
Deux ONG américaines, Seattle International Adoption et Hawaï International Child, facilitent les adoptions par des citoyens américains et montent une véritable filière, en arrosant différents ministères. Hawaï International Child avait déjà été interdite en 1986. Un « orphelin » coûte entre 11 500 dollars et 20 000. (En Chine, le coût est de 18 000, et de 20 000 en Europe de l’Est…). Ces deux ONG sont de mèche avec les centres cambodgiens pour les adoptions. Les directeurs de centres signent d’abord des papiers, stipulant que les enfants sont réellement abandonnés, moyennant une commission de 10 à 15 dollars. Les parents voulant adopter doivent payer 2 500 dollars à l’une des deux ONG, puis virer immédiatement 5 500 dollars au Cambodge. La démarche à suivre est expliquée en détail : demande au ministère des Affaires sociales (2 000 dollars), approbation par le Conseil des ministres (2 000 dollars), accord du ministère des Affaires étrangères (2 000 dollars), retour au ministère des Affaires sociales (500), téléphone (150), certificat médical (350), frais d’orphelinat (3 500 dollars). 405 dollars doivent être payés aux services américains de naturalisation, 325 pour l’obtention d’un visa (240 visas américains ont été établis en 1999 pour adoption), 95 pour examen médical. (La filière est nettement moins chère pour les adoptions vers la France.)
Santé
* Selon la classification de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), publiée le 21 juin, le Cambodge se situe au 174ème rang sur 191 pays, en ce qui concerne le système de santé. L’espérance de vie est de 52,2 ans pour les hommes, 55,4 pour les femmes, la mortalité enfantine s’élève à 138 pour mille chez les garçons de moins de 5 ans, et à 129 pour les filles, de 323 et de 394 chez les jeunes. La mortalité maternelle se situe à 470 pour 100 000 naissances. Le budget de la santé représente 7 % des dépenses de l’Etat. Seulement 13 % des agents de santé exercent en zones rurales, où vivent cependant 85 % de la population.
* Le 28 juin, 43 étudiants en chirurgie, médecine interne, gynécologie-obstrétique et pédiatrie ont reçu leur diplôme d’études spécialisées. En novembre, ces spécialistes partiront pour un stage d’un an de formation complémentaire dans les CHU français (Lyon, Tours, Bordeaux, Marseille). Depuis 1996, 143 missions d’enseignement en médecine à Phnom Penh ont été assurées par des professeurs d’universités françaises. Déjà 23 professeurs cambodgiens et 33 médecins ont suivi des stages de spécialisation en France. De 1963 à 1975, 431 thèses de médecine ont été soutenues au Cambodge. En 1979, il ne restait que 42 médecins survivants.
* 40 % des gens qui ont dû vendre leurs terres, l’ont fait pour payer des soins médicaux. 5 % des personnes défavorisées bénéficient des soins gratuits. Les pauvres dépensent en moyenne 30 % de leur budget pour la santé.
* Des salles de consultations psychiatriques sont installées à Kompong Cham, Phnom Penh, Battambang, Sihanoukville et Siemréap.
Santé morale
Si la population cambodgienne semble traverser une crise morale sans précédent, beaucoup d’Occidentaux viennent assouvir leurs vices au Cambodge.
* Un Suisse, patron d’hôtel à Siemréap, est accusé, puis incarcéré, pour pédophilie.
* Un directeur d’école d’enseignement de l’anglais de Phnom Penh est surpris dans le jardin Hun Sen en train de filmer des fillettes en positions suggestives. Il est incarcéré.
* Dan Sandler, photographe américain spécialisé dans la pornographie, qui a créé un site internet proposant des adresses au Cambodge, expulsé vers les Etats-Unis, est revenu clandestinement au Cambodge, mais justifie son « travail ».
* Le 25 août, le Conseil des ministres décide qu’à partir du 28 février 2001, les vendeurs de films pornographiques en provenance du Japon, de Chine, des Etats-Unis et d’Europe ne pourront plus importer leurs denrées et qu’ils feront face à des amendes en cas de vente. Actuellement, ces films sont vendus entre 2,5 et 3,5 dollars pièce. Les vendeurs ont donc six mois pour écouler leur stock !(
* Les fonctionnaires du ministère du Tourisme déclarent avoir vu des guides touristiques proposer des jeunes filles cambodgiennes à leurs clients. Un certain nombre de fonctionnaires et de membres d’ONG affirment, pour leur part, que de « très hauts personnages de l’Etat » sont fortement impliqués dans le tourisme sexuel et protègent les bordels.
* Le 30 août, la police sauve 20 jeunes filles promises à la vente à de riches Taïwanais, et arrêtent 5 Taïwanais et 7 rabatteuses cambod-giennes. On faisait miroiter le mariage avec ces Taïwanais, puis ces filles se retrouvaient à la prostitution. 800 à 1 200 dollars étaient versés à la fille avant son départ. Ce trafic existe depuis des années.
Education
* Selon la classification du PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement), le Cambodge occupe le 136ème rang sur 174 en ce qui concerne le niveau d’éducation. L’an dernier il était au 137ème rang. Le Cambodge fait partie des 38 pays les plus pauvres du monde (mais l’argent coule à flots), le deuxième pays le plus pauvre de l’Asie, juste après le Laos. Plus de 66 % de la population seraient analphabètes (dont 26,6 partiellement). La tranche d’âge la moins alphabétisée se situe entre 25 et 40 ans. Il coûterait environ 23 dollars pour assurer l’alphabétisation d’un adulte pendant six mois. Cette année, le budget de l’Education nationale représente 9 % du budget de l’Etat (contre 15 à 20 % en moyenne dans les autres pays de l’ASEAN). 45 % du budget sont attribués aux dépenses de défense et de sécurité.
* 67 % des étudiants qui ont passé leur bac cette année l’ont obtenu.
Cambodge, terre d’émigration
* Suite à des accords bilatéraux, 300 ouvriers cambodgiens travaillent en Malaisie, comme personnel de maison ou travailleurs en usines. Ils gagnent environ 120 dollars par mois. Un groupe de 600 autres se prépare à partir. En dépit des restrictions administratives et des mauvais traitements subis en Thaïlande, les candidats au travail clandestin sont nombreux. Les campagnes cambodgiennes voient une bonne partie de leur jeunesse partir à Phnom Penh.
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Phnom Penh
* « Par rapport à 1990, Phnom Penh est devenue aujourd’hui un véritable paradis déclare l’ambassadeur des Etats-Unis au Cambodge.
* La réhabilitation du boulevard Kampuchéa Krom est achevée. Les 3 900 m de rue ont été goudronnés de neuf pour une somme de 900 000 dollars. Le théâtre Chatomuk, construit dans les années 1960, pouvant contenir 650 personnes, est en voie de réfection. Ces travaux ont donné lieu à une polémique entre l’opposition et le ministère des Finances, à propos du coût exact des travaux. La Chine a fait don d’un nouveau bâtiment à l’Assemblée nationale. Le 3 août, le nouveau marché O Russey, qui comprend plus de 5 500 boutiques, a été inauguré. Il devient le plus grand centre commercial du Cambodge. Un autre centre commercial de 5 étages est en construction.
* Le 2 août, la ville de Phnom Penh signe un protocole d’accord avec une société singapourienne qui devrait investir 300 millions de dollars durant les 5 prochaines années, pour la rénovation des égouts, l’aménagement des rues, la construction de nouvelles décharges publiques. La société singapourienne emploiera des soldats démobilisés et des étudiants cambodgiens.
* La construction du stupa à la mémoire des morts de l’attentat du 30 mars 1997 est finalement autorisée, le 3 août, à une cinquantaine de mètres du lieu du drame. C’est la sixième tentative de construction.
Sport
* Le 19 juillet, la FIFA (Fédération internationale de football) annonce le don d’un million de dollars à la Fédération cambodgienne de football. Le Cambodge fait donc partie des 38 pays, parmi les 204 affiliés à la FIFA dont le projet a été retenu. Le Cambodge organisera le tournoi de l’ASEAN en 2004.
* Quatre athlètes cambodgiens participeront aux jeux olympiques de Sydney : un marathonien, une coureuse de vitesse et deux nageurs. Quatorze des 70 000 amputés cambodgiens participeront aux jeux parallèles des handicapés à Sydney.
* Trois joueurs cambodgiens ont remporté une médaille d’or en battant les Thaïlandais à la pétanque, les 25 et 26 août, à Singapour. Le Cambodge organisera le championnat du monde de pétanque à Siemréap, les 20-25 novembre prochain.
Distinction
* Par décret du roi Norodom Sihanouk, en date du 8 juin, le P. Robert Venet est nommé commandeur de l’ordre royal du Sahamétrey, une des plus hautes distinctions du royaume en témoignage de son action pour le Cambodge.