Eglises d'Asie

Un musulman condamné à mort au nom de l’article du code pénal réprimant les blasphèmes contre le prophète

Publié le 18/03/2010




Au titre du fameux article 295-C du code pénal pakistanais réprimant les blasphèmes contre le prophè-te Mahomet (29), un juge du district de Lahore vient de condamner à mort Yousaf Ali, un musulman qui, selon ses accusateurs, s’est proclamé prophète. Selon l’islam, la révélation divine s’est achevée avec Mahomet et quiconque se réclame de ce titre émet un mensonge et offense celui qui s’est présenté comme le dernier prophète. Au moment de sa condamnation, Yousaf était déjà incarcéré depuis un an et huit mois. Il avait déjà été condamné à 35 ans de prison et à une amende de 140 000 roupies.

C’est en 1997 à Sahiwal, à 340 km au sud de Islamabad, que le récent condamné qui a regroupé autour de lui un certain nombre de disciples, a émis les prétentions qui l’ont conduit devant la justice. La plainte déposée contre lui pour blasphème contre le prophète émanait du responsable d’une importante instance religieuse de l’islam, le PaasbaneKhatemeNabout, qui a pour charge de veiller à ce que le caractère définitif de la prophétie de Mahomet ne soit pas remis en cause.

Pour le moment, dans le pays, les réactions à cette décision de justice sont peu nombreuses. Après le verdict, le condamné s’est refusé à toute déclaration tandis que son avocat affirmait aux journalistes que cette condamnation mettait en cause la dignité de l’exercice de la justice au Pakistan. D’une manière générale, même si la presse en langue ourdoue a rendu compte de cet événement à la une de ses journaux, il semble que le public ne se soit que peu intéressé au procès et à la sentence finale. Les militants pakistanais des droits de l’homme, pour la plupart, gardent un silence prudent sur ce sujet. Certains, sous le couvert de l’anonymat, ont confié qu’il s’agissait là d’une question brûlante et qu’ils ne feraient pas de commentaire. Par contre, le responsable religieux ayant déposé la plainte a publiquement remercié le tribunal pour ce qu’il a appelé un verdict historique 

Ce verdict du tribunal a semé l’inquiétude dans les milieux chrétiens qui observent, eux aussi, pour le moment, une certaine discrétion. Mme Parveen Inayat, de la Commission diocésaine des laïcs, a sans doute exprimé l’opinion générale en disant : Cette récente condamnation à mort est une très mauvaise chose. Certes, c’est un musulman qui a été condamné, mais il l’a été au titre de la section 295C du code pénal » Elle a fait remarquer que Mgr John Joseph avait donné sa vie pour protester contre la loi anti-blasphème, en se sacrifiant lui-même devant le tribunal, après qu’un chrétien Ayub Masif eut été condamné à mort (30). Ce dernier est encore en prison, attendant une décision sur la demande de recours en Haute Cour déposée par lui.