Eglises d'Asie

Selon des responsables protestants “officiels”, les communautés protestantes en Chine ne connaissent pas de persécution

Publié le 18/03/2010




Quelques semaines après que l’interpellation de 130 chrétiens appartenant à la communauté protestante non officielle Fang Cheng eut connu un certain retentissement aux Etats-Unis (7), différents responsables des Eglises protestantes “officielles”, i.e. enregistrées et reconnues par les autorités chinoises, sont intervenus publiquement. Selon eux, les arrestations et les persécutions dont seraient victimes les protestants en Chine sont “exagérées” et “fabriquées” par des éléments étrangers à la Chine.

Le 21 septembre, lors d’une conférence de presse organisée à Pékin à l’occasion du 50e anniversaire du Mouvement patriotique des chrétiens de Chine, Cao Shengjie, vice-présidente du Conseil chrétien de Chine, a déclaré qu’aujourd’hui “les temps n’avaient jamais été aussi bons pour les protestants en Chine. Au cours du siècle qui a précédé l949 (date de la prise du pouvoir par les communistes), 700 000 protestants seulement vivaient en Chine. Aujourd’hui, ils sont 15 millions”.

Deng Fucun, vice-président du Mouvement des trois autonomies (mouvement qui est aux protestants ce que l’Association patriotique est aux catholiques de Chine), a poursuivi en déclarant que les chiffres rapportés à l’étranger, à propos du nombre des protestants en Chine ainsi que celui des chrétiens emprisonnés, étaient “exagérés” et “fabriqués” par des missionnaires étrangers. Venus clandestinement en Chine, ces missionnaires gonflent les statistiques une fois de retour chez eux. Il a ajouté que les missionnaires étrangers en Chine devaient se conformer aux lois chinoises comme les citoyens chinois à l’étranger doivent se conformer aux lois des pays dans lesquels ils se trouvent. Deng Fucun faisait ici allusion aux assez nombreux pasteurs protestants, souvent détenteurs d’un passeport américain, qui entrent en Chine avec un visa de tourisme et se livrent à des prédications, activités qui, selon la loi chinoise, tombent sous le contrôle du Bureau des Affaires religieuses.

Par ailleurs, le 26 septembre, le Bureau des Affaires religieuses faisait savoir que désormais une nouvelle réglementation entrait en vigueur et interdisait aux étrangers de recruter du “personnel religieux” et de faire des “adeptes religieux” parmi les citoyens chinois. Selon ces nouveaux textes, les étrangers, au cas où ils désirent se livrer à des prédications religieuses, doivent le faire dans “les lieux légalement enregistrés”. L’introduction et la dissémination en Chine de “matériel de propagande religieuse” est également interdite. Il semble que cette nouvelle réglementation vient s’ajouter aux lois déjà en vigueur qui prescrivent que les étrangers ne peuvent prêcher en Chine que s’ils ont été invités à le faire par l’administration des affaires religieuses au niveau provincial ou national. Selon les observateurs, ces prises de position et ces nouvelles réglementations traduisent l’agacement des autorités chinoises qui ont du mal à contrôler sur leur territoire le foisonnement d’initiatives de divers groupes religieux, chrétiens ou non, qui entretiennent des liens avec l’étranger.

Selon le Centre d’information pour la démocratie et les droits de l’homme, organisation basée à Hongkong, les protestants en Chine populaire seraient au nombre de 30 millions.