Eglises d'Asie

CROYANCE ET SUPERSTITION

Publié le 18/03/2010




[NDLR – Cet article est paru dans Tripod (vol. XX, n° 118, juillet-août 2000), la revue publiée à Hongkong par le Centre du Saint-Esprit. Initialement traduit du chinois en anglais par Norman Walling, le texte ci-dessous a été traduit en français par la rédaction .]

Depuis plusieurs mois, les journaux et les magazines informent dans le monde sur la situation du mouvement Falungong en Chine. Avant que la Chine ne décrète hors-la-loi Falungong en juillet dernier, très peu de gens avaient entendu parler de ce mouvement. , les adeptes de Falungong sont devenus un symbole de résistance que le gouvernement chinois compare au syndicat Solidarité en Pologne. Pour un observateur extérieur, les similitudes ne sont pas aussi évidentes, mais on peut cependant constater que les activités des adeptes convaincus de la secte ont déclenché comme un signal en haut lieu. Le gouvernement a arrêté des milliers et les a fait mettre en prison ou dans des camps de rééducation par le travail. Les peines prononcées vont de quelques mois 18 ans. Des centaines de membres et même de simples sympathisants ont été condamnés à payer des amendes pouvant aller jusqu’à 70 000 yuans pour leurs liens avec le groupe.

Mon objet ici n’est pas de disserter directement à propos de Falungong, mais plus exactement de tenter d’analyser intitulé “Disséminer l’athéisme, Promouvoir un esprit scientifique, Construire une nouvelle civilisation socialiste” (1écrit par M. Ren Jiyu, directeur de chinois de et expert reconnu de l’étude des religions. Une telle analyse pourra nous aider à mieux comprendre d’une part, les attitudes mentales qui se cachent derrière cette apparemment bizarre répression de Falungong, et, d’autre part, la situation réelle de la religion en Chine .

Ren Jiyu est né dans la province de Shandong en 1916. Il a étudié la littérature chinoise à de Pékin et y a enseigné la philosophie après avoir obtenu son diplôme en 1941. En 1946, il lui a été demandé de fonder de recherches sur les religions du monde ; il en fut nommé le premier directeur. là s’est fait un nom pour ses recherches sur le bouddhisme chinois. Avec la Révolution culturelle, les études sur la religion ont été totalement stoppées. Mais à la fin de 1979, put à nouveau rouvrir et Ren y reprit sa place de dirigeant. En 1984, chinoise des sciences sociales sollicita Ren pour mettre en place un ambitieux programme consistant à offrir des études doctorales dans 21 matières différentes. A présent, Ren est directeur émérite de .

Cette longue et riche carrière à des religions du monde de des sciences sociales a valu à Ren crédibilité et respect aussi bien parmi les universitaires de Chine populaire qu’à l’étranger.

Dans son article, M. Ren souligne certains points qui lui font problème. “Ces dernières années, écrit-il, certains déchets gauchistes oubliés dans les poubelles de l’histoire ont refait surface sous les habits neufs de la science et de la culture. Ils menacent maintenant de miner l’esprit scientifique de la nation. L’esprit d’un grand nombre de gens du peuple, surtout parmi les jeunes, a été empoisonné et corrompu.” M. Ren distingue quatre causes à ce phénomène :

1.) la propagation ouverte du théisme, envers et contre toutes les normes du bon sens scientifique ;

2.) la proclamation que la nature humaine est capable d’une pensée immatérielle et transcendantale ;

3.) la perpétuation d’idées pseudo-scientifiques et l’encouragement de la pratique de la sorcellerie ;

4.) la défense du féodalisme et des pratiques superstitieuses sous prétexte de respecter les valeurs traditionnelles de la société chinoise (2).

Les deux premiers points de cette liste en quatre points de Ren renvoient à un phénomène qui a eu lieu pendant à la fin des années 1980 et au début des années 1990 quand une vague de travailleurs émerveillés est soudainement apparue à travers toute la Chine. Proclamant qu’ils détenaient des pouvoirs surnaturels, ils ont attiré des foules nombreuses, y compris certains scientifiques. Mais quand finalement ils furent démasqués comme étant des charlatans, ils ont vite perdu la faveur du peuple et ont disparu de la scène publique.

Le quatrième point de cette liste est lié au Livre des Changements, ce classique de la littérature chinoise. Ce livre suscite tant d’analyses diverses, variées et contradictoires, sa valeur scientifique est sujette à tant de débats, que nous ne faisons ici que l’évoquer mais nous ne nous y attarderons pas.

Nous devons cependant nous élever contre l’affirmation de Ren selon laquelle la propagation du théisme va contre les normes admises de la science et du bon sens. Le croyant en une religion, entre autres, ne peut accepter un tel présupposé. Il est important de remarquer à cet endroit que académique de Ren n’appartient pas aux disciplines des sciences naturelles mais au domaine de la religion. Il s’est fait un nom par ses études sur et le bouddhisme philosophique (3). Quand il affirme que “l’un des principaux acquis de la science naturelle moderne et de l’athéisme a été de prouver que le monde est susceptible de changements et qu’il n’y a pas de Dieu”, son propos dépasse ce que l’on pourrait qualifier d’opinion personnelle biaisée. On peut admettre comme hypothèse de travail scientifique que le monde n’est que de la matière en mouvement, certes, mais tirer comme conclusion de cette hypothèse que Dieu n’existe pas relève de la gratuité et d’un esprit non scientifique pour dire le moins. On ne peut contester le fait que nombreux sont les grands scientifiques de par le monde à croire en Dieu. Doit-on rappeler que M. Cui Ai, né en Chine et prix Nobel de physique 1998, est depuis son enfance un chrétien convaincu. Plus encore, le plus grand organe chrétien au monde, l’Eglise catholique, a non seulement été un ardent défenseur de la science tout au long de l’histoire mais continue aujourd’hui à attirer à elle des scientifiques de renom de toutes les nationalités et de toutes les appartenances religieuses, au sein de son Académie des sciences, au Vatican. Le fait est qu’il n’existe pas de vrai conflit entre la science et la religion. Albert Einstein, élu homme du siècle, et que beaucoup considèrent comme étant le plus grand scientifique du siècle, était un croyant qui a dit un jour : “Il n’existe pas de conflit entre la bonne science et la bonne religion, seulement entre la mauvaise science et la mauvaise religion”.

En dernière instance, l’existence de Dieu est une question philosophique, quel que soit le désir de Ren d’en faire un objet légitime d’étude scientifique. Les vrais scientifiques estimeront ses affirmations difficiles à accepter, tout particulièrement lorsqu’il les expose en des termes scientifiques. Plus encore, considérer les quatre points de Ren en un seul et même mouvement et déclarer le tout comme anti-scientifique dans chacune de ses parties ne sert qu’à avilir et rendre confus le problème. Faire un parallèle entre croire en Dieu et se fier aux “travailleurs émerveillés” et autres charlatans est une insulte à l’intelligence des croyants. Les appeler “théologiens” (4) ainsi que le fait Ren relève de l’ignorance pure. Utilisé dans le monde universitaire, le mot “théologien” a un sens très précis. Il fait référence à un praticien tout à fait versé dans le domaine de la théologie spéculative, i.e. l’étude de Dieu et de sa relation à l’univers. M. Ren se montrerait-il délibérément trompeur ici dans le but de semer quelques graines de confusion ?

Religion et théisme

L’engagement virulent de Ren contre la “pseudo-science” et l’atmosphère de superstition qui traîne en Chine continentale sont sinon inquiétantes du moins sources d’interrogation. M. Ren écrit : “Le phénomène de pseudo-science et de sorcellerie, qui a existé par le passé, est toujours parmi nous. Ces dernières années, les activités de ceux qui y sont engagés ont pris un tour plus sérieux. Ces charlatans n’opèrent pas seulement dans les zones isolées et les campagnes reculées, mais ont pénétré les centres politiques et culturels de nos principales villes et agglomérations. Ils ne se cantonnent désormais plus aux échelons inférieurs de nos zones urbaines et rurales, mais ils ont trouvé un accueil et un soutien parmi les cadres moyens et supérieurs, parmi les intellectuels, les professeurs d’université et même auprès de certains scientifiques qui sont devenus des leaders dans ces domaines” (5).

Il ne fait pas de doute que l’augmentation de ceux qui pratiquent les “pseudo-sciences” est une raison en elle-même d’interrogation, mais la vérité oblige à dire que de tels mouvements (même le Falungong) ne représentent pas une menace telle que Ren veut nous le faire croire. Ren a choisi ses mots avec soin et à propos, sachant pertinemment qu’ils seraient reçus par les croyants comme agressifs et déplacés. On peut citer à cet égard les dernières lignes de son article où il écrit : “Nous devons être sûrs, lorsque nous nous prononçons à l’égard des croyants, que nous critiquons les superstitions féodales de la pseudo-science et de la sorcellerie contre un arrière-plan d”idéologie théistique'” (6). Tandis que Ren désire apparemment tracer une ligne entre la pseudo-science et la religion, il les associe l’une à l’autre, dévoilant ainsi une tentative non avouée de traiter le théisme et les pseudo-sciences comme une seule et même chose.

Ren poursuit : “Nous ne devons pas hésiter à proclamer que l’athéisme et la religion ont des vues sur le monde diamétralement opposées. Chacun scrute l’autre. Et tandis que la religion étudie l’athéisme à partir d’une grande variété de perspectives théologiques, l’athéisme présente une analyse marxiste de la religion. Cela est au cour de leurs critiques mutuelles” (7). Ren sait que les pratiques superstitieuses et féodales et la pseudo-science de la sorcellerie sont en conflit non seulement avec l’athéisme scientifique, mais s’opposent aussi à la foi religieuse orthodoxe (8). Bien que ses intentions puissent être bonnes, il finit par confondre les trois concepts de théisme, de la pseudo-science et de la foi religieuse. Un tel mélange ne peut que mener à plus d’incompréhensions à l’avenir.

Dans la première partie de son article, Ren évoque en termes nettement exagérés la grave menace constituée par le théisme et la pseudo-science. Cependant, dans sa conclusion, il ne fait pas mention du tout du théisme, bien qu’il condamne sans hésiter la sorcellerie et les autres pratiques superstitieuses qui “non seulement mettent en danger la santé physique et mentale de nos citoyens mais endommagent aussi la foi religieuse orthodoxe. Elles ne font que ternir la réputation des religions. Par conséquent, il est non seulement possible mais il est même impératif que nous travaillions ensemble avec les religions afin d’éradiquer la sorcellerie et les autres pratiques superstitieuses féodales” (9).

Lorsque Ren met sur le même plan le théisme et la pseudo-science dans une partie de son article et que dans une autre partie de son même article il tente d’enrôler les théistes dans un front uni contre les pseudo-sciences, que peut-il vraiment espérer ? Attend-il vraiment des croyants qu’ils se joignent à lui dans son combat contre le théisme ? Ceci constitue le point crucial de son article.

Athéisme et politique

En tant que croyant moi-même, je ne vis pas de réel conflit entre la science et la religion. Leurs objets peuvent bien être différents mais ils ne sont pas contradictoires. Et bien que les chemins que chacun emprunte peuvent diverger, ils convergent souvent quand les deux disciplines parviennent ensemble à partager une même connaissance et des intuitions identiques. De telles rencontres peut sortir un dialogue riche, chacun cherchant à partager avec l’autre les vérités qu’il a découvertes.

Etant donné que ces idées ont été discutées en détail à de nombreuses autres reprises, dans d’autres contextes, il ne nous est pas nécessaire d’élaborer plus avant. Il ne fait pas de doute que les nombreuses années que Ren a passées à étudier la religion n’ont pu le laisser ignorant de telles réalités en ce qui concerne le dialogue science-religion.

En passant au crible l’article de Ren pour trouver des indices et une réponse à ce problème, on peut trouver une phrase cachée au bas de la page trois qui semble révéler assez évidemment les motivations sous-jacentes de l’auteur. Voici cette phrase : “Il est de la responsabilité particulière de l’Institut de l’athéisme en Chine de propager la science et l’athéisme. Cependant, ces dernières années, tout progrès dans cette direction a été impossible.” Ren ne précise pas ce qu’il entend par “tout progrès dans cette direction” et sur la nature des difficultés rencontrées. Mais, à en juger par le contexte, il apparaît clairement que le propos de son article est de défier et les pseudo-sciences et le théisme dans une tentative de refaire le terrain perdu par l’Institut dans ce domaine (10).

Sur la dernière page, Ren propose quatre étapes par lesquelles l’Institut devrait passer afin de parvenir à accomplir sa mission :

Renforcer les principes de base de la pensée marxiste-léniniste-maoïste et les directives de Deng Xiaoping visant à construire le socialisme aux caractéristiques chinoises. Si nous nous attachons toujours à l’idéologie marxiste, tout particulièrement sa critique et son analyse des problèmes qui nous intéressent, et si nous persistons à adopter une démarche scientifique de recherche de la vérité à partir des faits, et si nous fondons nos arguments sur la raison, alors nous verrons enfin le jour où la vérité sera complètement acceptée par les masses.

Soutenir le leadership du Parti et travailler activement à la réalisation des buts de l’Institut. L’Institut de l’athéisme travaille étroitement avec des chercheurs de l’Académie des sciences sociales et avec ceux de l’Académie des sciences, qui sont eux-mêmes placés sous la direction des commissions du Parti qui leur sont dédiées. Nous aussi, nous sommes unis à eux dans un effort commun qui implique un grand nombre de scientifiques des sciences sociales et naturelles, et nous comptons grandement sur l’aide et la direction de ces deux académies.

Coopérer et assister d’autres instituts afin d’influencer l’opinion publique et obtenir le soutien des médias. L’Institut ne travaille pas indépendamment des autres instituts et organisations ; il coopère avec eux pour s’opposer à toutes formes de superstition féodale, de pseudo-science et de sorcellerie. Nous devons travailler à entretenir de bonnes relations avec la presse et à gagner le soutien du grand public à notre cause. Nous croyons fermement que nous avons et que nous continuerons à avoir le soutien et l’appui des médias de masse.

Donner l’absolue priorité au soutien de nos idées en les promouvant par des méthodes positives et hautement sélectives. Dans la promotion de la vérité, nous devons nous montrer critiques à l’endroit des erreurs. Mais le but de telles critiques est d’aider notre peuple à faire une claire distinction entre la vérité et l’erreur, de le rendre capable de savoir comment agir en conséquence. Par conséquent, nous devons soutenir les initiatives positives visant à promouvoir notre enseignement, à l’expliquer de telle façon qu’il contribue à aider notre peuple à se former une idée correcte de lui-même et de notre monde (11).

En résumé, on peut aisément se rendre compte à partir de ce qui vient d’être exposé que l’objectif principal de Ren est de renforcer la discipline politique. Il est assez étonnant de voir comment la politique et l’université, fort adroitement, sont menées à se fondre dans la société moderne, une société qui sur le papier promeut l’ouverture et l’accès libre au savoir. Malheureusement, l’objectif caché qui se trouve derrière les quatre points de Ren est évidemment politique et n’a que peu de chose à voir avec une vraie recherche académique. Ren déclare assez ouvertement que le vrai lien entre les Académies et l’Institut est leur commune acceptation volontaire de la direction du Parti sur eux. On voit ainsi que Ren a complètement politisé la question de l’athéisme et écarte, pour s’en débarrasser, toute possibilité de discussion entre intellectuels et chercheurs.

Comment l’athéisme se relie aux recherches universitaires et aux études religieuses est un élément important du dialogue interdisciplinaire. Un tel dialogue entre les croyants et les athées peut aller beaucoup plus loin et nous dire quelque chose à propos de la vie elle-même. Ren, cependant, refuse toute discussion académique et déplace tout le champ de l’échange dans le domaine de la politique. Cela dessert aussi bien les besoins des athées que ceux des croyants et cela ne dit rien de bon sur l’avenir que la société chinoise nous réserve.

Conclusion

En tant que croyant et en tant que catholique, il est évident que je ne fais pas profession d’athéisme. Néanmoins, l’Eglise, à laquelle j’appartiens, appelle chacun de ses membres à garder un esprit ouvert et à faire preuve d’une attitude respectueuse pour les croyances des autres, y compris pour ceux qui professent l’athéisme. Le Concile de Vatican II a souligné l’importance d’entrer en dialogue avec les athées. Le Saint-Siège a mis sur pied un Secrétariat pour le dialogue avec les non-croyants de façon à développer des liens avec les athées de par le monde (12). L’Eglise a fait son examen de conscience et a accepté la responsabilité des manques que ses membres ont pu connaître dans leur mission, dans leurs façons de vivre l’Evangile (des attitudes qui ont pu être causes de scandale pour les autres et constituer des obstacles à la foi pour de nombreux non-croyants).

Face à l’incroyance, les croyants doivent endosser une part de responsabilité. L’athéisme, considéré globalement, ne s’est pas développé spontanément ; il trouve ses racines dans une multitude de causes, dont l’une est une réaction critique contre les croyances religieuses et, dans certains cas, contre la religion chrétienne en particulier. Les croyants eux-mêmes sont en partie responsables de l’apparition de l’athéisme. Parce qu’ils ont négligé leur propre approfondissement dans la foi, parce qu’ils ont enseigné des doctrines erronées, ou bien parce que leur conduite morale ou sociale a été indigne, ils ont caché plus que révélé le vrai visage de Dieu et de la religion (13).

Ces mots veulent rappeler aux croyants qu’avant de répondre aux doutes, aux questions et au défi que posent les athées, nous devons nous pencher sur nos propres manquements à montrer, par nos paroles et nos actes, le vrai visage de Dieu. Nous devons réaliser que ce faisant nous avons ajouté aux incompréhensions et aux malentendus que les athées nourrissent envers la religion.

L’Eglise nous enseigne à distinguer entre l’athéisme et les athées et, autant nous sommes appelés à combattre le premier, autant nous devons nourrir uniquement des sentiments d’amour et d’accueil envers les derniers. “L’Eglise s’efforce de percevoir dans les attitudes athées les causes cachées du refus de Dieu. Consciente de l’importance des questions que l’athéisme pose, portée par l’amour pour tous les hommes, l’Eglise croit que ces questions doivent être abordées avec sérieux et profondeur” (14).

En tant que Chinois, je me sens gêné que mon gouvernement et certains de nos plus distingués chercheurs adoptent une approche si étroite et unidimensionnelle du problème. Cela ne peut que mener à l’avenir à plus d’incompréhensions et à de bien inutiles conflits. Les religions en Chine ont dû essuyer suffisamment de campagnes anti-religieuses au cours des décennies passées. Il a semblé que les choses étaient reparties dans la bonne direction avec la fin de la Révolution culturelle et la publication du Livre blanc du Conseil d’Etat sur L’état de la liberté religieuse en Chine, document par lequel le gouvernement déclarait : “Toutes les religions en Chine sont posées sur un même pied d’égalité et entretiennent des relations harmonieuses. Aucun conflit religieux n’existe. Les citoyens qui croient en la religion et ceux qui ne croient pas se respectent mutuellement et vivent en paix les uns avec les autres. La raison de cela se trouve dans la tradition de tolérance établie de longue date dans les valeurs culturelles chinoises. Une raison plus importante encore à cet état de fait est que depuis que la République populaire de Chine a été proclamée, le gouvernement chinois a formulé et mis en pratique une politique de liberté de croyance religieuse et a ainsi établi une relation entre l’Etat et la religion qui est compatible avec le sentiment national” (15).

Nous ne discuterons pas ici l’affirmation selon laquelle une telle politique religieuse trouve en vérité ses racines dans l’histoire de la Chine. La mention dans ce Livre blanc de “la tradition de tolérance établie de longue date dans les valeurs culturelles chinoises tradition qui produit une atmosphère de paix et d’harmonie, mérite d’être soulignée ; c’est un idéal tout à fait honorable qui mérite d’être entretenu et développé. Les attaques de Ren contre le théisme semblent, en contre point, comme une déviation de ce caractère tendu vers “l’unité dans la diversité”. Plus grave encore est l’impression qu’il donne, impression selon laquelle il n’est plus désormais possible d’entretenir des échanges académiques sur ce sujet. Si son article dénote véritablement son intention de descendre dans l’arène politique, et si les positions de Ren envers le théisme doivent prendre corps dans la société chinoise, cela n’augure rien de bon pour l’avenir de notre nation.

Notes

Study of World Religions, vol. 4, 1er décembre 1997

Ibid. pp. 2-4

Voir China’s Great Encyclopedia (Section on Religion), China’s Great Encyclopedia Press, Pékin, Shanghai ; février 1988, pp. 317-318

Loc. Cit. Study of World Religions, p. 2

Ibid. p. 3

Ibid. p. 7

Ibid. p. 7

Ibid. p. 7

Ibid. p. 7

Ibid. p. 3

Ibid. pp. 6-7

Tripod, octobre 1985, vol. 29, cardinal Poupard “A Sincere Dialogue Creates Fraternity”, p. 45

Pastoral Constitution on the Church in the Modern World, n° 19, Abbot ed., The America Press, 1966, p. 217

Ibid. p. 218

Tripod, décembre 1997, “The White Paper on Religious Freedom in China”, p. 37