Eglises d'Asie

Hongkong : malgré les « conseils » des autorités chinoises d’adopter un profil bas, l’Eglise locale a célébré normalement la canonisation des 120 martyrs de l’Eglise en Chine

Publié le 18/03/2010




Malgré les « conseils » formulés par le gouvernement chinois de Pékin d’adopter un « profil bas » à l’occasion de la canonisation de 120 martyrs de l’Eglise en Chine le 1er octobre, l’Eglise catholique de Hongkong a procédé normalement aux célébrations prévues à cette occasion. Selon Mgr John Tong Hon, évêque auxiliaire du diocèse, le Bureau de liaison de la Chine à Hongkong a porté un message du gouvernement de Pékin le 18 septembre aux responsables de l’Eglise catholique de Hongkong. Dans ce message, il était « conseillé » à l’Eglise de maintenir un « profil bas » pour ces célébrations.

Il n’est pas aisé de définir ce que signifie « profil bas », a expliqué Mgr Tong le 3 octobre à l’agence Ucanews. « Ce que nous faisons constitue une activité purement religieuse », a précisé l’évêque auxiliaire qui s’est rendu à Rome pour assister à la cérémonie de canonisation en compagnie de 108 pèlerins. Une messe d’action de grâces a été célébrée à la cathédrale de l’Immaculée Conception le 29 septembre. Ce qui se passait à Rome le 1er octobre a été rappelé au cours des messes dominicales. Dans certaines paroisses, la cérémonie romaine pouvait être suivie en direct sur des écrans branchés sur des satellites de télévision.

Par ailleurs, début octobre, selon des responsables de l’Eglise catholique à Hongkong, deux groupes de catholiques qui avaient prévu de se rendre en pèlerinage en Chine, dans la province voisine du Guangdong, pour visiter des églises, n’ont pu partir sur le continent chinois. Selon Mgr Zen Ze-kiun, évêque coadjuteur du diocèse de Hongkong, par cette interdiction, les autorités chinoises veulent signifier qu’elles ne souhaitent pas que les fidèles de Hongkong entrent en contact avec les catholiques du continent. Cependant, ces interdictions pourraient n’être que temporaires : les correspondants chinois de ces deux groupes de catholiques de Hongkong ont déclaré qu’ils étaient trop occupés pour les recevoir et que le moment choisi n’était pas opportun.

Publication d’un nouveau décret réglementant les activités religieuses des étrangers en Chine populaire

Ainsi que nous le mentionnions dans notre édition du 1er octobre (2), les autorités chinoises ont rendu public mardi 26 septembre un nouveau décret réglementant les activités religieuses des étrangers sur le sol chinois. Intitulé « Règlement pour l’application des dispositions sur l’administration des activités religieuses des étrangers sur le territoire de la République populaire de Chine », ce texte compte 22 articles et est signé de Ye Xiaowen, directeur du Bureau des Affaires religieuses (3). Il reprend dans ses grandes lignes les textes de 1994 qui fixaient le cadre légal dans lequel les activités religieuses des étrangers étaient censées se cantonner (4). Il en détaille certains points, mettant à jour et renforçant les interdictions déjà précisées dans les documents de 1994.

Les documents de 1994, bien qu’ils puissent paraître restrictifs à l’observateur extérieur, témoignaient dans une certaine mesure du relatif progrès des activités religieuses en Chine à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Avec ce nouveau texte, les autorités chinoises réaffirment les grands principes en vigueur depuis 1994 tels que « le respect de la liberté de croyance des étrangers présents sur le territoire chinois, la protection des activités religieuses des étrangers sur le territoire chinois », mais tous les « points de contact » dans le domaine religieux entre les étrangers et les Chinois sont très précisément décrits et délimités.

L’article 17 en particulier dresse la liste de ce que les étrangers ne peuvent faire en Chine. Tout en reprenant les activités auxquelles les étrangers ne peuvent se livrer, cet article introduit un nouveau domaine « réservé », Internet fabriquer et vendre (.) des biens électroniques religieux On sait que, depuis quelques années, le développement très rapide d’Internet en Chine aidant, des groupes tels que Falungong, des protestants des églises « domestiques », des catholiques de l’Eglise « clandestine » font un usage régulier du réseau pour rester en contact avec l’étranger.

Aucune des avancées positives sur le plan légal que l’on trouvait dans les documents de 1994 (comme, par exemple, le fait que les autorités religieuses chinoises, à l’échelon provincial, puissent inviter des étrangers à prêcher ou à enseigner dans les lieux autorisés) n’est remise en cause mais le cadre dans lequel s’effectuent ces activités est précisé. Il est rappelé aux étrangers qu’ils doivent se conformer strictement à la loi dans ces domaines et que l’accord des administrations nationales ou provinciales est indispensable pour mener à bien leurs activités. Les dispositions de ce nouveau texte, même si elles sont détaillées, restent toutefois assez générales. Leur interprétation est laissée au Bureau des Affaires religieuses, lui-même placée directement sous le Conseil d’Etat, cour de l’exécutif chinois.

Destiné aux activités des cinq grandes religions reconnues en Chine, ce texte a été commenté par différents leaders religieux « officiels » le jour de sa publication. Selon Mgr Michel Fu Tieshan, évêque « officiel » de Pékin et président de l’Association patriotique des catholiques chinois, ce règlement est bienvenu étant donné le nombre grandissant d’étrangers qui participent en Chine à des activités religieuses. Selon Min Zhiting, président de l’Association taoïste de Chine, « le taoïsme est une religion originaire de Chine et, avec le développement des échanges culturels, le taoïsme compte de plus en plus de convertis d’origine étrangère. Par conséquent, la publication de ces règles va dans le sens des intérêts du taoïsme ». Enfin, selon Haji Shamsiddin Mahmud, vice-président de l’Association musulmane de Chine, « depuis 1994, [son] association a reçu 400 croyants étrangers qui ont tous exprimé leur satisfaction quant à la politique de liberté religieuse du gouvernement chinois ». Il a ajouté que tous les pays islamiques avaient promulgué des règlements similaires.