Eglises d'Asie

Selon l’évêque coadjuteur de Hongkong, le gouvernement chinois a peur de perdre le contrôle de l’Eglise catholique « officielle » en Chine

Publié le 18/03/2010




Commentant sur une radio publique de Hongkong les virulentes réactions du gouvernement chinois à la canonisation de 120 martyrs de l’Eglise en Chine à Rome le 1er octobre, Mgr Joseph Zen Ze-kiun, évêque coadjuteur du diocèse de Hongkong, a déclaré que, sans doute, le gouvernement chinois s’est aperçu qu’il perdait peu à peu le contrôle de l’Eglise « officielle » en Chine. Ainsi, il utilise le prétexte de ces canonisations pour obliger le clergé « officiel » chinois à choisir entre être fidèle au Pape ou être fidèle à la nation chinoise.

Mgr Zen a accusé les autorités chinoises de mener une nouvelle campagne de répression contre les deux parties de l’Eglise catholique, « officielle » et « clandestine », obligeant de nombreux membres de l’Eglise « officielle » à assister à des réunions politiques de condamnation de ces canonisations. Selon l’évêque coadjuteur de Hongkong, cette situation indique que Pékin veut garder la haute main dans les négociations qu’il mène avec le Vatican quant à une éventuelle normalisation des relations entre lui et le Saint-Siège.

De plus en plus d’évêques demandent leur légitimation épiscopale au Saint-Père, explique Mgr Zen. Certaines sources indiquent que 85 % des évêques « officiels » auraient demandé et obtenu d’être ainsi légitimé par le pape. Les autorités chinoises en sont conscientes et se rendent compte que l’Eglise « officielle » leur échappe de plus en plus, poursuit Mgr Zen. Dans ce contexte, les canonisations du 1er octobre ont été pour Pékin l’occasion de dépeindre le Saint-Siège comme l’ennemi et de forcer le clergé « officiel » à se prononcer pour le pape ou pour la nation chinoise. « Ce plan diabolique s’apparente à un viol des conscience des prêtres et des évêques. C’est la pire des persécutions », a-t-il précisé.

Par ailleurs, Mgr Zen est revenu sur les accusations des autorités chinoises quant aux « crimes impardonnables » dont se seraient rendus coupables certains des missionnaires canonisés. Premièrement, a-t-il dit, des accusations similaires dans le passé de la part des autorités chinoises se sont révélées fausses, la prudence doit donc être de mise aujourd’hui. Deuxièmement, si ces crimes sont si grands, pourquoi les autorités chinoises ne se sont-elles pas manifestées lors des béatifications de ces martyrs, béatifications qui ont eu lieu entre 1889 et 1983. Troisièmement, l’insurrection des Boxers, durant laquelle 86 des 120 canonisés du 1er octobre sont morts, n’a pas fait l’objet d’études dépassionnées de la part des historiens chinois ou étrangers, l’historiographie officielle chinoise ayant « canonisé » cet épisode de l’histoire. Mgr Zen reconnaît volontiers que la semi-colonisation de la Chine par les puissances impérialistes au XIXe et au XXe siècles est un fait historique déplorable et que le Saint-Siège a pu commettre des « erreurs », en particulier au moment de la querelle des rites. Il a aussi rappelé que l’utilisation par les puissances impérialistes du martyre de certains missionnaires comme prétexte pour entrer en guerre contre la Chine n’allait certainement pas dans le sens de la volonté de ces hommes d’Eglise.