Eglises d'Asie

XINJIANG : LA REGION OU PEKIN CRAINT UN KOSOVO DOMESTIQUE

Publié le 18/03/2010




Certains jours, à Yining, une des villes situées dans ouest de la province du Xinjiang, cette immense province du nord-ouest de la Chine, les scènes de rue soulignent combien Pékin est loin. Les Ouïgours, le groupe ethnique le plus nombreux en cet endroit, ont des traits faciaux visiblement différents des Chinois, les Han. Nombreux sont ceux qui, parmi les vieux Ouïgours et même parmi les cireurs de chaussures de 12 ou 13 ans, qui ont passé toute leur vie au Xinjiang sous administration communiste chinoise, ne peuvent dire que quelques mots de chinois.

Mais la Chine Han fait sentir sa présence. La rue principale de Yining, la “Rue de la Libération”, est truffée de bâtiments abritant stationnée ici en permanence et les troupes paramilitaires. Un panneau sur la place centrale montre des gens des minorités ethniques souriants à côté de la porte de Tiananmen à Pékin, sous le slogan : “Affermir l’unité ethnique et soutenir l’unité de la Patrie”.

Le message adressé à un groupe de journalistes en visite au Xinjiang à la mi-août, escortés par des fonctionnaires du gouvernement, est que, en dépit de nombreuses années de violences séparatistes sporadiques de la part des Ouïgours locaux, Pékin contrôle fermement la situation.

Pékin risque gros dans cette affaire. Le Xinjiang est stratégiquement important pour la Chine. Il a la moitié de la taille de , il entre de la Chine et le chaos de centrale, il est riche en charbon, en pétrole et en gaz naturel. Une instabilité politique en cet endroit pourrait à de la Chine, menacer la sécurité de du pays en énergie et compliquer ses relations avec le monde islamique. Témoin du souci de la Chine, des intellectuels chinois ont même prétendu mouvement séparatiste au Xinjiang pourrait soulever le spectre intervention des Etats-Unis comme au Kosovo, où les forces de sont venues en aide à une minorité musulmane persécutée.

De tels scénarios ont inspiré une campagne nationale de grande ampleur, lancée en mars par Pékin, et destinée à développer ces marches occidentales de la Chine. Les dirigeants chinois ne font pas mystère du fait que leur but, au Xinjiang aussi bien Tibet, est que le développement économique aide à développer entre les ethnies et étouffe au pouvoir chinois. Cette campagne peut effectivement résulter en un resserrement du contrôle de Pékin sur le Xinjiang, en particulier par le biais réseau de nouvelles autoroutes, chemins de fer et aéroports. Mais personne ne à ce étouffe la violence séparatiste.

Nur Bakri, maire et vice-secrétaire du Parti communiste de la capitale Urumqi et Ouïgour lui-même, : “Le séparatisme et la lutte contre le séparatisme vont continuer pendant longtemps. Je ne peux pas affirmer que même si nous améliorons l’économie et si nous élevons le niveau de vie du peuple, nous n’aurons plus des séparatistes”.

Qui sont ces “séparatistes” ainsi les officiels chinois ? Ils sont principalement Ouïgours, de ces Ouïgours qui composent 8 des 17 millions des habitants de la province du Xinjiang. Les Ouïgours parlent une langue étroitement apparentée au turc et, traditionnellement, confessent un islam sunnite.

En juin, Amnesty International a désigné le Xinjiang comme des cinq régions du monde où le niveau de violence augmente. Entre janvier 1997 et avril 1999, selon les documents réunis par Amnesty, 210 condamnations à mort et 190 exécutions ont été opérées dans cette région. de défense des droits de précise que la plupart de ceux qui ont été exécutés étaient des Ouïgours accusés de terrorisme ou subversives. Depuis le début de , les médias officiels chinois, les tribunaux du Xinjiang ont condamné à mort au moins 24 séparatistes.

Les rapports sur les violences du Xinjiang qui parviennent dehors de Chine sont incomplets, mais ils donnent une indication de du problème. A Yining par exemple : un guide officiel publié en 1999 sur le district de Yining, la police a écrasé ces dernières années 26 groupes terroristes ; elle a confisqué des armes, des munitions, des explosifs et des détonateurs ; elle a arrêté des dirigeants terroristes et abattu 15 terroristes.

Selon le préfet local, Alpusby Raham, “moins de dix” membres des forces de sont morts durant les deux jours que Yining a connus en février 1997. En 1998, selon des statistiques publiées par les autorités, quatre membres de la police et des forces auxiliaires de police ont été tués, en deux incidents distincts, lors de de terroristes ; sept autres policiers ont été blessés. Les autorités pas que la situation se soit améliorée depuis de façon significative.

Les soucis les plus sérieux de Pékin au sujet du Xinjiang sont exposés dans le document n° 7 du Comité central, document rédigé en 1996 mais qui guide encore le travail du Parti et du gouvernement dans la région. Ce document signale des soutiens internationaux nouveaux en faveur des séparatistes du Xinjiang. On peut y lire que “les activités religieuses illégales favorisent le désordre, des attaques contre les bureaux du Parti et du gouvernement, des attentats à la bombe et d’autres actions de destruction de nature terroriste.” Le document met en garde contre “le danger de futures émeutes et désordres qui pourraient affecter la stabilité du Xinjiang et du pays tout entier”.

Mais le Xinjiang pas encore centrale. Pour le visiteur de passage, les traces de ces violences ne sont pas évidentes à découvrir. Les rues , où des attentats à la bombe se sont produits ces dernières années dans des bus publics, ressemblent beaucoup aux rues des autres villes de Chine, remplies de boutiques de vêtements de mode, de restaurants et de China Mobile vendant des téléphones portables.

Dans leur lutte actuelle, les nationalistes ouïgours peuvent se référer à leur histoire passée. Des années 1860 1949, des révoltes conduites par des dirigeants turcophones contre le pouvoir chinois sont parvenues par trois fois à éta-blir un Etat indépendant couvrant une partie de la région. Le dernier de ces Etats, la République du Turkestan orien-tal, dont la capitale se trouvait à Yining, a existé de 1944 la prise de pouvoir par les communistes en 1949.

Ce que les Ouïgours reprochent le plus aux Chinois est la politique menée par le pouvoir central à Pékin et qui encourage, depuis cinquante ans, massive de Chinois Han dans la province En 1949, les Chinois Han constituaient 6,3 % de la population du Xinjiang. , ils en représentent 38 %. Ils contrôlent toutes les plus importantes positions de pouvoir dans les instances provinciales du Parti communiste. Et le gouvernement central garde une solide emprise sur les richesses minières du Xinjiang.

Des campagnes régulières de répression contre provoquent aussi la colère des Ouïgours. Pour lutter contre le séparatisme, au nom règlement datant de 1990, il est interdit à tous les jeunes de moins de 18 ans de professer une appartenance religieuse. Des textes interdisent aux étudiants de participer à toute activité religieuse, de fréquenter les écoles enseignant les Ecritures, de jeûner, de porter des vêtements religieux, comme par exemple des couvre-chefs islamiques.

Rexit Niyaz, ouïgour et directeur adjoint du Bureau des affaires religieuses du Xinjiang, rappelle que la Constitution chinoise garantit la liberté de religion à tous les Chinois. Manifestement, de la Constitution au Xinjiang est que personne citoyen tant pas 18 ans. “Quand vous êtes un citoyen, précise Rexit, alors vous pouvez avoir cette liberté”.

Le séparatisme ouïgour a acquis une dimension internationale plus forte depuis les années 1980, et surtout depuis de Soviétique en 1991. Les nouveaux Etats centrale qui bordent le Xinjiang inspirent les séparatistes ouïgours. Ils sont aussi devenus une source , , de camps et de lieux de refuge. Les propagandistes musulmans étrangers visent maintenant les musulmans du Xinjiang, et les Ouïgours commencent à prendre part aux mouvements islamiques armés à , de à , même la Tchétchènie (voir article ci-dessous).

Le gouvernement parie que sa campagne “Développons l’Ouest” permettra de maintenir tout cela sous contrôle. “Pour faire l’unité ethnique, la question centrale est économique”, explique Alpusby, ethniquement kazakh et préfet (Yining se trouvant sur la préfecture ). “Si la vie des gens est meilleure, tout le monde sera plus heureux, à quelque groupe qu’il appartienne.” Dans les cinq années qui viennent, au Xinjiang, plus de 100 milliards de renminbi (12 milliards de dollars) doivent être déversés pour financer 70 grands projets. Une partie de viendra de Pékin et le Xinjiang espère bien obtenir des riches provinces de .

Une grande portion de ira aux projets situés dans le sud du Xinjiang, où se trouvent 19 des 25 districts les plus pauvres de la province et où vivent la grande majorité des Ouïgours et des autres minorités ethniques. Les projets sont très variés : aéroports, investissement dans , dans les télécommunications et la modernisation des usines. des infrastructures réduira probablement des communautés du Xinjiang qui vivent dans des oasis et intensifiera leurs liens avec de la Chine. Les investissements venant des provinces intérieures forceront aussi le Xinjiang à regarder vers . De nouvelles vagues de Chinois Han venant travailler au développement ou définitivement dilueront encore plus la population de la minorité ethnique.

Pourtant, même les dirigeants en place au Xinjiang ne voient pas la fin des actions des séparatistes. Le président, ouïgour, du gouvernement du Xinjiang, Abulait Abudurexit (dont le supérieur hiérarchique est le secrétaire du Parti de la région, un Chinois Han) déclare : “Un petit nombre de gens veut séparer le Xinjiang de la mère-patrie. Nous les avons eus dans le passé. Nous les avons maintenant. Nous les aurons probablement dans le futur.” Mais il ajoute : “Les espoirs d’un Xinjiang séparé ne se réaliseront jamais.”

Rejoindre les forces du djihad

Ahmed Rashid et Susan V. Lawrence

Nur Ahmed, âgé de 24 ans, un Ouïgour de Kashgar, au Xinjiang, espérait combattre dans le djihad (guerre sainte) contre les Russes, les Américains ou les Iraniens lorsque avec deux autres compagnons ouïgours, ils retrouvé aux côtés des Talibans, en Afghanistan, au cours de 1999. du moins ce que lui ont raconté ses maîtres au Pakistan dans sa madrassa – les écoles coraniques qui font parfois office, au Pakistan, préparatoire pour la guerre sainte. Au lieu de cela, après 20 jours , lu et ses compagnons se sont retrouvés sur la ligne de front dans la guerre des Talibans contre du nord Shah Massoud.

Abdul Jalil, âgé de 21 ans, qui est arrivé à Kaboul depuis Kashgar avec trois compagnons pour étudier dans une madrassa, a été aussi expédié sur le front de la même guerre. Son unité de 21 soldats, incluant quatre Ouïgours, fut décimée lors offensive contre les forces de Massoud.

Ahmed et Jalil sont chanceux encore en vie, mais, depuis douze mois, ils sont prisonniers, prisonniers de guerre dans une prison de Massoud au fond de la vallée du Panshir, les fonctionnaires de et des représentants qui les ont interviewés là-bas. Leur présence dans une prison de Massoud, avec un troisième prisonnier ouïgour, témoigne de la participation croissante de Ouïgours dans les mouvements islamiques armés dans la région.

Cela préoccupe les dirigeants chinois. retournent chez eux, au Xinjiang, les Ouïgours démobilisés – entraînés à manier les armes et à se battre, et étant entrés en contact avec les mouvements islamiques internationaux – pour-raient poser un défi réel aux forces de sécurité chinoises.

“Les Talibans ne les enrôlent peut-être pas officiellement, mais leurs alliés eux le font certainement”, explique un diplomate asiatique à Tachkent, qui suit la trace des Ouïgours dans la région. Il affirme aussi que des Ouïgours luttent avec une brigade arabe conduite par Osama bin Laden, le milliardaire saoudien soupçonné de financer et de diriger des groupes terroristes ; des Ouïgours encore seraient actifs au sein brigade ouzbek sous les ordres de Juma Namangani et Tahir Yoldehsev, deux activistes basés au nord de qui cherchent à renverser Islam Karimov, président de . Ces deux groupes combattent aussi pour les Talibans.

Des Ouïgours ont été également appréhendés en Tchétchénie. Selon le journal russe, les Isvestiya, en mars dernier, des soldats russes ont capturé deux citoyens chinois « à l’extérieur d’un village en Tchétchénie au cours d’une opération de combat” ; ces deux ressortissants chinois ont été inculpés de “participation à des bandes armées illégales”. En juillet, le Service fédéral de sécurité russe a arrêté un troisième Chinois, ethniquement ouïgour, qui au combat avant de partir sur le front en Tchétchénie.

Amurbek Kutuyev, ministre de du Kirghizistan, a annoncé en juillet de 10 personnes affirme être mêlées à des meurtres au Kirghizistan. Ces personnes sont aussi soupçonnées le passage de volontaires désireux de combattre en Tchétchénie. Parmi eux, il y avait au moins un citoyen chinois.

Dans ses tentatives pour maîtriser les séparatistes ouïgours à comme à de la Chine, Pékin pas hésité à déverser une aide fort généreuse à tous ses voisins dans cette région. Au cours réunion au sommet à Douchanbé, capitale du Tadjikistan, en juillet dernier, la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan et le Tadjikistan, ont convenu de renforcer leur coordination pour écraser les activités séparatistes, le terrorisme et religieux. A la demande des autorités chinoises, la Russie, le Kirghizistan et le Kazakhstan ont expulsé vers la Chine tous les ressortissants chinois recherchés par la police chinoise.

La Chine a aussi cherché du Pakistan et des Talibans en Afghanistan qui, le ministère des Affaires étrangères chinois, ont assuré Pékin que si des citoyens chinois ont été enrôlés dans leurs rangs, cela fait malgré eux. Les Talibans ont même invité la Chine à envoyer une délégation venir se rendre compte par elle-même et à enquêter sur place si nécessaire, précise un diplomate basé à Pékin. Les autorités chinoises cependant pas encore donné suite à cette offre, répugnant apparemment à conférer ainsi aux yeux de tous une légitimité aux Talibans.