Eglises d'Asie

A Lahore, des chrétiens soutiennent une grève de la faim pour protester contre le système des électorats séparés

Publié le 18/03/2010




Le 19 octobre, à l’appel du Comité unifié d’action des évêques catholiques pour le droit de peuples, une trentaine de personnalités ecclésiastiques et laïques chrétiennes ont mené une grève de la faim symbolique de 10 heures du matin à cinq heures de l’après midi, à Lahore, capitale du Pendjab, devant le parlement provincial pour protester contre le maintien du système des électorats séparés, considéré par l’ensemble des chrétiens comme profondément injuste et de caractère discriminatoire. Mgr Samuel Robert Azariah, coordinateur de l’Eglise (protestante) du Pakistan, participant actif de cette manifestation a ainsi commenté l’objectif poursuivi par les grévistes de la faim : « Le système actuel est une source de violation des droits de et est responsable de religieux qui règne dans le pays ».

Quelques jours avant, alors qu’il annonçait officiellement cette manifestation, Peters Jacob, secrétaire de la Commission ‘Justice et paix’, avait expliqué sa signification : « Nous avons lancé toutes sortes au gouvernement, mais nos demandes pour des droits sont ignorées depuis des années. Il ne nous reste plus moyen que de lancer un mouvement de protestation publique A cette même occasion, un communiqué du Forum chrétien national d’action présentait la grève de la faim comme « la manifestation totalement pacifique et non violente demande issue du peuple ».

Durant la journée de grève, des centaines de représentants d’organisations civiles et de partis politiques sont venus apporter le témoignage de leur sympathie et de leur accord profond sur le lieu même où se tenaient les grévistes. Ehsan Wyne, du parti national Awami, a affirmé son soutien à la restauration d’un électorat unique. Les représentants du Parti du peuple pakistanais, du Parti pakistanais du travail, ont émis des opinions semblables et souligné que le système actuel aggravait l’intolérance et les divisions et ne favorisait que ceux qui appliquent la maxime : Divide et impera. Un dirigeant musulman, Allama Zubair Ahmed Zahir, s’est même adressé aux grévistes pour leur dire qu’un système qui n’est pas capable d’assurer l’égalité de tous les citoyens est forcément voué à l’échec.

Le système des électorats séparés contre lequel s’élèvent aujourd’hui les responsables catholiques, naguère établi par la puissance coloniale anglaise en Inde pour les hindous et musulmans, a été introduit au Pakistan par l’ancien président Mohammad Zia ul-Haq en 1979 pour les élections locales. En 1985, il fut étendu aux élections générales pour les Assemblées provinciales comme nationale. Explicité dans le huitième amendement à la Constitution du pays, le systèmes des électorats séparés prévoit que dix sièges de l’Assemblée nationale sont attribués aux minorités religieuses, quatre pour les chrétiens, quatre pour les hindous et deux pour les autres religions. Les membres des minorités ne peuvent voter que pour les candidats présentés par leurs religions respectives. Depuis sa mise en place, les chrétiens du Pakistan n’ont cessé de lutter contre ce régime électoral (12). Cette lutte recueille de plus en plus d’avis favorables dans tous les milieux. Le 30 juillet dernier, à l’invitation de ‘Justice et paix’, une douzaine de partis politiques s’étaient réunis à Lahore en une même convention pour soutenir cette revendication.