Eglises d'Asie

La proposition de l’Eglise catholique visant à former un gouvernement de coalition entre les deux principaux partis politiques n’a pas été suivie par la présidente du pays

Publié le 18/03/2010




Aucun des deux principaux partis politiques du pays n’ayant attiré à lui suffisamment de suffrages pour emporter la majorité des sièges au parlement, la présidente Chandrika Kumaratunga a préféré s’allier à deux petites formations afin de former son gouvernement. Ce faisant, elle n’a pas suivi la recommandation des évêques catholiques du pays qui, par la voix de Mgr Oswald Gomis, évêque d’Anuradhapura et président de la Conférence épiscopale, ont appelé au lendemain des élections législatives du 10 octobre à la formation d’un gouvernement d’union nationale réunissant l’Alliance du peuple (PA-Alliance, au pouvoir) et le Parti national uni (UNP-United National Party, de l’opposition). Sur les 225 députés que compte la chambre des députés, le PA, parti de Chandrika Kumaratunga, n’a obtenu que 107 sièges et l’UNP 89. Disposant donc d’une simple majorité relative, le PA a formé un gouvernement de coalition avec deux petits partis, appuyé maintenant sur une majorité de quatre sièges seulement.

Le 15 octobre, avant que les tractations entre le PA et ses nouveaux alliés n’aboutissent, Mgr Gomis avait mis ceux-ci en garde, déclarant que les expériences passées montraient que la formation d’un tel gouvernement de coalition pas la meilleure des choses à faire pour le bien du pays ». , ce dont nous avons besoin est, au minimum, d’un certain degré de collaboration et de consensus de la part des deux principaux partis au parlement », a-t-il poursuivi. Selon les médias de Colombo, son appel a trouvé un écho auprès de plusieurs des principaux moines bouddhistes du pays ainsi qu’auprès de la Chambre de commerce de Ceylan qui ont, eux aussi, appelé le PA et l’UNP à former un gouvernement d’union nationale.

Le seul signe d’unité nationale a été donné par l’élection, après la proclamation des résultats de ces onzièmes élections législatives depuis l’indépendance du pays, d’Anura Bandaranaike à la présidence du parlement (Speaker). Anura Bandaranaike est le frère de la présidente Chandrika Kumaratunga mais est aussi membre du parti de l’opposition UNP. Rendant visite à l’archevêque de Colombo le 23 octobre, Anura Bandaranaike a déclaré qu’il était conscient de l’importance de son rôle dans ses nouvelles fonctions et qu’il s’efforcerait de contribuer à l’émergence d’une nouvelle culture politique au Sri Lanka.

Par ailleurs, la campagne électorale et les opérations électorales elles-mêmes ont été entachées, comme à l’accoutumée, de nombreuses irrégularités. Bien que les observateurs électoraux de l’Union européenne ont conclu que, en dépit des violences électorales, le résultat final des élections reflétait raisonnablement la volonté populaire », plusieurs responsables catholiques ont dénoncé un degré élevé de fraude et d’intimidation. Mgr Gomis a déclaré que les irrégularités n’étaient pas confinées à l’un ou l’autre des deux principaux partis et a appelé à la mise sur pied d’une commission d’enquête indépendante afin d’annuler les élections des coupables quelle que soit leur appartenance politique ». L’évêque de Chilaw, Mgr Marcus Fernando, a été plus direct. Selon lui, les violences électorales, les intimidations d’électeurs et le bourrage des urnes ont été plus que fréquents dans son diocèse. Dans le diocèse de Kandy, le vicaire général, le P. Cletus Chandrasiri Perera, accuse le PA d’avoir organisé la fraude.