Eglises d'Asie

La révélation de plusieurs scandales impliquant des moines bouddhistes menace l’autorité de cette religion et pourrait amener le gouvernement à intervenir

Publié le 18/03/2010




Alors que 3 000 dirigeants bouddhistes venus de 16 pays se sont réunis à Bangkok le 9 novembre pour le deuxième Sommet mondial du bouddhisme, les révélations de scandales impliquant des moines bouddhistes se multiplient et menacent la crédibilité de cette religion dans ce pays à la population très majoritairement bouddhiste. Face à l’ampleur de cette crise, le ministre de l’Education a évoqué la possibilité pour le gouvernement d’intervenir dans l’organisation de la vie religieuse des bouddhistes.

Moines surpris à boire de l’alcool en galante compagnie dans des bars karaoke, moine collectionnant des voitures de prix (19), un abbé et sa compagne inculpés pour trafic d’amphétamines, moines accusés de recourir aux services de prostituées, moine accusé de viol sur une fillette de onze ans, moine assassiné, la liste est longue et sinistre. Il ne se passe pas de semaine sans que la presse ne rapporte de nouveaux scandales. Selon les éditorialistes, les comportements déviants au sein des temples bouddhistes sont plus fréquents que ce que les autorités veulent bien révéler et peu de choses sont faites pour ramener les moines défaillants dans le droit chemin. Le bouddhisme en Thaïlande est dans un triste état, pouvait-on lire dans l’éditorial du Bangkok Post du 10 novembre. De plus en plus de moines ne savent plus ils vont. Des réformes sont assurément nécessaires» Quelque chose doit être entrepris pour consolider la foi des gens. Le bouddhisme est une des principales forces d’unité du pays », écrivait l’éditorialiste de The Nation le 29 octobre dernier.

Plusieurs des principaux moines de Bangkok ont témoigné du désintérêt dont est victime la religion bouddhiste à la suite de ces révélations successives et du fait que les Thaïlandais aujourd’hui ont le sentiment que la religion n’est plus adaptée à leur vie quotidienne. Autrefois, la grande majorité des garçons ou des jeunes hommes passaient au moins trois mois de leur vie dans un temple. Ce séjour était considéré comme synonyme de passage à l’âge adulte. Mais aujourd’hui, témoignent ces respon-sables bouddhistes, moins de 10 % des hommes revêtent la robe safran pour ce séjour de trois mois.

Le gouvernement a laissé entendre qu’il pourrait agir si des mesures n’étaient pas prises rapidement. Somsak Prisananantakal, ministre de l’Education, a ainsi déclaré que les autorités pourraient légiférer pour surveiller la conduite des moines et protéger les finances des temples. Le Conseil suprême de la Sangha, plus haute autorité du bouddhisme en Thaïlande, a déclaré qu’il étudiait la possibilité de mettre sur pied un groupe de travail pour évaluer l’étendue des comportements déviants parmi les 300 000 moines du pays. Selon Nantasarn Seesalab, secrétaire général de l’Amitié mondiale bouddhiste, organisation basée à Bangkok, cette décision est bonne car les gens seront ainsi rassurés quant à l’usage qui est fait de leurs aumônes ». Dommageable à court terme, cette crise pourrait être l’occasion pour le bouddhisme en Thaïlande de se régénérer, en amenant tant le clergé que les fidèles laïques à reconsidérer leurs comportements respectifs, a-t-il conclu.