Eglises d'Asie

Mort d’une religieuse hollandaise ayant consacré soixante ans de sa vie aux enfants handicapés mentaux du Pakistan

Publié le 18/03/2010




La sour Gertrude Lemmens, fondatrice bien connue de Dar-uk Sakoon, la “Maison de la paix un établissement au service des enfants handicapés mentaux, est morte, le 27 octobre dernier, à Karachi, à l’âge de 87 ans. Fille d’un chef d’entreprise hollandais, elle était venue dans l’actuelle capitale du pays alors qu’elle était encore une jeune laïque. Elle y est devenue religieuse, puis a consacré sa vie à l’enfance de cette ville.

Son premier séjour à Karachi date de 1939, date à laquelle elle était venue rendre visite à son frère, Mgr Salesius Lemmens, alors préfet apostolique de la mission de Karachi, dépendante de l’archidiocèse de Bombay. Cette année-là, celui-ci mourut accidentellement, noyé, lors d’une sortie en mer où il avait amené un groupe d’enfants pauvres. Sa sour décida alors de rester sur place et d’abandonner une carrière universitaire commencée en Hollande, pour continuer l’ouvre entreprise par son frère en faveur de l’enfance défavorisée. Elle entra dans la congrégation des franciscaines missionnaires du Christ Roi, dont son frère avait été le co-fondateur en 1937, pour répondre à l’appel du Saint-Siège demandant le développement des congrégations locales. Elle ne retournera dans son pays que 19 ans plus tard. Elle expliquera alors à son entourage : J’ai senti que mon travail était bas. Pour mon fiancé, cela a été terrible ; mais il n’est pas resté fâchéIl connaissait la situation de la population et des enfants au Pakistan 

Après son engagement religieux, elle se lança dans le travail social au sein de la population des bidonvilles de Karachi. Après avoir appris le ourdou qui lui permit de communiquer avec la population, elle découvrit les conditions miséra-bles dans lesquelles vivaient les enfants handicapés mentaux. Certains étaient même enchaînés par leurs familles. D’autres vivaient confinés sur la terrasse de la maison n’ayant même pas le droit de pénétrer à l’intérieur de l’appar-tement et d’y dormir. Leur existence n’était pas très différente de celle des chiens de la maison, se souvient aujourd’hui une religieuse qui travaillait alors avec la sour Gertrude. Ce qui chagrinait encore davantage la religieuse c’est que certaines mères lui confiaient qu’elles ne considéraient pas leur enfant comme un véritable membre de la famille.

En 1969, lorsque l’archevêque de l’époque se rendit propriétaire de locaux qu’il destinait à la création d’une école, sour Gertrude réussit à le persuader de consacrer ces lieux à une ouvre destinée aux enfants handicapés mentaux, en lui faisant valoir que les écoles ne manquaient pas à Karachi, mais que rien n’était fait pour l’enfance malheureuse. C’est elle-même qui se chargea d’assurer le financement. Son premier pensionnaire fut un enfant abandonné dans un panier à provisions, devant la porte du nouvel établissement.

Aujourd’hui, 150 enfants handicapés vivent dans la maison de la paix » de Karachi. Quatre autres centres du même type ont été créés à Karachi. Un autre situé à Lahore accueille 30 enfants retardés mentaux. En 1975, une distinction a été accordée à sour Gertrude par la reine de Hollande. En 1989, c’était au tour du gouvernement pakistanais de lui décerner la médaille de Sitara-i-Quaid-i-Azam.