Eglises d'Asie

A l’occasion de son cinquantenaire, le Mouvement des trois autonomies réaffirme le principe de l’indépendance de l’Eglise protestante “officielle” en Chine

Publié le 18/03/2010




Dans un article publié dans le numéro de septembre 2000 de Tian Feng, revue publiée conjointement par le Mouvement patriotique des trois autonomies et le Conseil chrétien de Chine, Luo Guanzong, président du Comité national du Mouvement des trois autonomies, s’est félicité de ce qu’il considère comme la plus grande réalisation des chrétiens chinois depuis 1950 : la libération des chrétiens chinois de la domination étrangère et, ce faisant, la prise en main par les chrétiens chinois de leurs propres affaires. Luo Guanzong clôturait par cet article une année de célébrations au sein des instances de l’Eglise protestante “officielle” en Chine, le Mouvement des trois autonomies ayant été fondé il y a 50 ans, moins d’un an après la prise du pouvoir par les communistes en Chine (1).

Reprenant le vieux slogan Un bon chrétien est un bon citoyen Luo Guanzong se félicite de l’ouvre accomplie depuis 50 ans. Selon lui, les protestants en Chine ont gagné à être rassemblés dans une seule Eglise protestante en Chine » au lieu d’être dispersés en une multitude de dénominations diverses. Ces deux points – lutte pour l’autonomie et unification en une seule Eglise – sont autant d’aspects qui devraient faire de l’Eglise protestante en Chine un modèle pour les Eglises chrétiennes dans le tiers monde qui luttent pour leur autonomie, estime-t-il.

Un mois auparavant, dans la livraison d’août de la même revue Tian Feng, Mgr Ding Guangxun (K. H. Ting), évêque anglican de Nankin, était revenu sur l’histoire des Eglises protestantes en Chine depuis 1949. Selon cet évêque, aujourd’hui âgé de plus de 80 ans et qui a longtemps présidé le Mouvement des trois autonomies et le Conseil chrétien de Chine, trois étapes peuvent être dégagées dans cette histoire longue de 50 ans. Dans un premier temps, l’Eglise s’est libérée de la domination étrangère et, sur le principe des trois autonomies, une Eglise locale a pu s’organiser. Dans les années 1980, lorsque les religions ont eu de nouveau droit de cité, une deuxième étape a permis à l’Eglise de bien fonctionner » : formation de pasteurs et de laïcs, construction d’églises, restitution des biens confisqués par l’Etat durant la Révolution culturelle (1966-76), etc. La troisième étape s’ouvre maintenant : elle est caractérisée par la constitution d’une théologie authentiquement chinoise adaptée au socialisme, écrit Mgr Ding, qui conclut en exprimant l’espoir que cette nouvelle étape permettra à l’Eglise chinoise de revenir, dans ce domaine, sur la scène internationale.

Selon le service d’information Amity News, animé par le Conseil chrétien de Chine, on comptait environ 11 millions de protestants en Chine en septembre 1997 (2). Selon les informations disponibles hors de Chine, les protestants seraient beaucoup plus nombreux, certaines évaluations allant jusqu’à 40 millions. Aux côtés des protestants qui pratiquent au sein des instances officielles, de nombreux autres chrétiens pratiquent leur foi dans des Eglises dites “domestiques” où la police procède régulièrement à des arrestations (3).