Eglises d'Asie

BATAILLE POUR L’AME DU TIBET

Publié le 18/03/2010




Urgyen Trinley arrive encore à sourire, mais sa patience commence à être à bout. La vague d’intérêt de la part des médias a fait place à l’ennui maintenant que l’attente se prolonge et que les jours se transforment en mois. Dans sa cage dorée du monastère de Gyuto, en contrebas du lieu de résidence du dalaï lama en exil à Dharamsala, le karmapa lama âgé de 15 ans accorde quelques audiences aux pèlerins bouddhistes, reçoit des écharpes de prières et distribue des rubans rouges. Urgyen Trinley, véritable énigme, est gardé par des soldats et empêché de donner des interviews. Son destin est largement entre les mains des autorités indiennes qui doivent décider si elles vont risquer la colère de la Chine en lui permettant d’occuper le trône en exil du karmapa au monastère de Rumtek, au Sikkim. Les Indiens furent surpris et embarrassés à son arrivée soudaine sur le sol indien il y a neuf mois.

Il y a neuf mois, la communauté tibétaine en exil et les journalistes de tous les pays avaient écouté avec avidité l’histoire du grand et beau karmapa lama bravant la neige des cols des montagnes et les gardes de frontières pour s’enfuir de son pays contrôlé par les Chinois. La fuite du jeune lama faisait écho à celle du dalaï lama lui-même, en 1959. Depuis, beaucoup de gens se sont demandé si cet enfant charismatique pouvait succéder au vieillissant 14ème dalaï lama comme chef de la diaspora tibétaine. Cette question revêt une nouvelle urgence alors que les émigrés tibétains sont de plus en plus divisés par des querelles internes et que les tentatives pour ouvrir un dialogue avec Pékin sur l’avenir du Tibet ne débouchent sur rien.

Mais qui est Urgyen Trinley ? Est-il le véritable 17ème karmapa lama, troisième dans l’ordre des chefs spirituels des bouddhistes tibétains, après le dalaï lama et le panchen lama ? Désigné à sept ans, enlevé à cet âge de la tente de ses parents, nomades, il fut installé – avec la bénédiction de Pékin – au monastère de Tsurphu, au Tibet, comme chef de l’école de Karma Kagyu, vieille de 900 ans, une des quatre principales sectes bouddhistes de la région. Mais, depuis, de sérieux soupçons de fraude et de trafic – dont se seraient rendus coupables ses partisans au sujet de sa reconnaissance – ont circulé et sont à l’origine de l’apparition d’un karmapa rival en 1994. Depuis l’arrivée de Urgyen Trinley à Dharamsala, siège du gouvernement tibétain en exil, la controverse s’est intensifiée. Sa sortie de Chine a non seulement attisé les divisions à l’intérieur de sa secte de Karma Kagyu, mais elle a aussi attiré l’attention sur la rivalité à peine voilée entre elle et la secte dominante Geluk à laquelle appartient le dalaï lama.

Plus grave, la controverse au sujet du karmapa a mis en lumière la mainmise de Pékin sur la sélection des lamas suprêmes tibétains. Si les Chinois peuvent déterminer qui est reconnu comme les prochains dalaï lama, panchen lama et karmapa lama, leur contrôle sur le Tibet sera scellé, car ces lamas suprêmes sont vénérés par leurs très pieux fidèles. Pour les Tibétains en exil, c’est un vrai cauchemar, de plus en plus douloureux. Le dalaï lama, qui est généralement considéré comme la seule personnalité capable de conserver son unité au mouvement tibétain en exil, est aujourd’hui âgé de 65 ans. “Quand il mourra, il y aura danger ici”, affirme Thupten Rikey, rédacteur en chef du Tibet Journal, basé à Dharamsala. Les craintes au sujet de la mort du dalaï lama ont monté d’un cran suite à un récent accident d’auto. “S’il meurt et si Pékin peut influer ou même désigner sa réincarnation, les exilés vont être dans la difficulté, estime un spécialiste tibétain à Hongkong. Beaucoup va dépendre de la manière dont va se terminer cette affaire du karmapa.”

L’homme responsable de la reconnaissance et de la montée sur le trône de Urgyen Trinley est Tai Situ Rimpoche, âgé 45 ans. En tant qu’un des quatre régents chargés de préserver le lignage du Karma Kagyu, il jouit du respect des fidèles du Tibet aussi bien que de ceux d’Occident. De Taipei à New York, des centaines de milliers de fidèles louent ses efforts pour répandre le dharma (l’enseignement bouddhiste). Ils mettent aussi leur confiance dans son jugement sur les questions importantes, comme la reconnaissance du karmapa lama.

Installé dans son spacieux et tout neuf monastère de Sherabling, à deux heures de voiture de son protégé, Tai Situ est affable et parle avec douceur. Urgyen Trinley, insiste-t-il, est la véritable réincarnation du très respecté ancien 16ème karmapa lama. Il a déclaré à Asiaweek : “Il n’est pas question de prouver ; c’est déjà prouvé. Le karmapa est le karmapa, Bouddha est Bouddha, le dalaï lama est le dalaï lama. Nous sommes croyants. C’est tout.”

Derrière ses lunettes, ce moine de petite taille a de l’in-fluence, du pouvoir, et certainement de l’argent. Pendant qu’un groupe de fidèles occidentaux attend patiemment de recevoir sa bénédiction, des artistes venus du Bhoutan mettent la dernière main à une énorme statue de Bouddha dans la principale salle de prières de ce monastère qui s’étend sur 19 hectares de collines boisées. Un des 200 moines qu’abrite le temple nettoie et polit une grande photo de Urgyen Trinley, placée sur le trône principal. Avec son accueil professionnel, son café et ses véhicules 4×4 parqués devant, l’établissement est loin de ressembler aux monastères tibétains sombres et infestés de rats. D’un des impeccables quartiers de résidence des moines, de la musique pop s’échappe d’un gros radio-cassette. Seul, la salle de prières, vaste et sombre, rappelle le Tibet traditionnel.

“La recherche pour le karmapa, déclare Tai Situ, a été conduite selon les instructions du karmapa précédent.” Ces instructions sont venues, affirme-t-il, sous la forme d’une lettre écrite par le prédécesseur de Urgyen Trinley. C’est il y a neuf cent ans que la secte Karma Kagyu a inauguré la pratique tibétaine de trouver des lamas réincarnés. Les Tibétains croient que les lamas avancés peuvent utiliser des lettres, des songes, la méditation et d’autres signes pour identifier des tulku, des êtres éclairés. Tai Situ est un tulku.

Mais pour ses critiques, le régent présente une autre face. Ils l’accusent de fraude, de violence, d’intimidation, de voiler la réalité au dalaï lama et de passer des accords avec Pékin – tout cela pour s’assurer le contrôle du Karma Kagyu. Le gouvernement indien aussi est inquiet au sujet de Tai Situ. Il a reçu le mois dernier un avertissement de la Chine lui demandant de ne pas accorder l’asile politique au Sikkim à Urgyen Trinley. Le régent, banni de l’Inde en 1994-1998 pour activités anti-indiennes et “criminelles”, ne peut toujours pas pénétrer au Sikkim. Les Indiens sont in-quiets au sujet de l’ordre social, à la suite de querelles entre les moines de Tai Situ et les fidèles du régent rival de Karma Kagyu, sharmapa Rinpoche. Sharmapa a en effet introduit un nouveau compétiteur pour le trône du karmapa, Thaye Dorje.

Pendant que Urgyen Trinley est coincé à Dharamsala, le jeune Thaye Dorje, âgé de 17 ans, qui a quitté secrètement et discrètement le Tibet il y a six ans, est libre de parcourir le monde y distribuant son enseignement. Sharmapa Rinpoche a déclaré à Asiaweek : “Les gens doivent être rassurés à son sujet. Il est le vrai karmapa car il a été reconnu selon les traditions du Karma Kagyu.” Il y a six ans, il s’est appuyé sur un songe, la méditation et des signes du ciel pour trouver Thaye Dorje, qui vivait alors dans le temple Jokhang, à Lhassa. “Le 16ème karmapa a confirmé ma position en tant que sharmapa, le second rang dans notre secte, dit-il. Le sharmapa, historiquement, a reçu le pouvoir d’identifier et de reconnaître les karmapas.”

L’impasse signifie que les deux compétiteurs sont en atten-te, attendant l’intronisation officielle et la remise du Chapeau Noir sacré, une cérémonie qui doit prendre place au 21ème anniversaire du karmapa. Jamais dans l’histoire une telle crise n’a eu lieu au sujet de cette succession spirituelle. Il y a eu des candidats en compétition, mais un seul fut reconnu. Maintenant, il y a deux karmapas reconnus.

Tai Situ dédaigne ses rivaux. “Nous sommes peinés qu’une chose de ce genre soit arrivée, dit-il. Il y a beaucoup de gens qui ne connaissent pas le nom de Bouddha et qui donnent une mauvaise image du bouddhisme. Mais nous ne sommes pas troublés par cela.” Assis sur un trône dans son salon, Tai Situ ne semble pas troublé. Il tient une carte maîtresse dans cette guerre de propagande pour une simple raison : le dalaï lama soutient Urgyen Trinley. Cela signifie que la plupart des Tibétains font de même. Tai Situ a même réussi à convaincre la généralement sceptique presse internationale. Les journalistes écrivent que Urgyen Trinley est le karmapa. Donc, pas de question.

Mais même ainsi, maintenant que la recherche des réincarnations des grands lamas est sortie des remparts clos de l’Himalaya, d’autres questions sont posées. Etant donné l’attrait grandissant que possède le bouddhisme tibétain à travers le monde – même des stars de Hollywood comme Richard Gere et Pierce Brosnan font partie de ses admirateurs -, la question attire l’attention plus que jamais. Elle est le sujet d’enquêtes privées, de livres et même de débats sur Internet. Le processus – unique – de désignation des réincarnations a-t-il été l’objet d’abus ? Ses protagonistes en ont-ils fait une farce, par recherche personnelle du pouvoir et de richesses ?

Les réponses trouvent leurs racines dans les récentes tourments dans lesquels s’est trouvé embarquée cette religion médiévale. A l’âge de 18 mois, Tai Situ fut reconnu comme la 12ème réincarnation dans la lignée des enseignants spirituels qui ont travaillé avec le karmapa lama. Mais il vivait dans un pays occupé. Quatre ans auparavant, l’armée chinoise avait achevé sa “libération pacifique” du Tibet. Cet acte fut scellé par “l’Accord en 17 points”, signé entre Pékin et le représentant du Tibet, Ngabo Ngawang Jigme (voir interview à la fin de cet article). Encore aujourd’hui, Ngabo est méprisé par les Tibétains pour ce qu’il a fait.

Lorsque le 16ème karmapa lama s’est enfuit du Tibet en 1959, la veille de la révolte contre Pékin, Tai Situ l’a suivi. Le dalaï lama a quitté peu après le pays. Les destructions menées par les Chinois au Tibet ont culminé durant la Révolution culturelle chinoise (1966-76), qui vit la dévastation de plus de 6 000 monastères et la mort ou l’emprisonnement et la dispersion de dizaines de milliers de moines et de religieuses. Lorsque Deng Xiaoping vint au pouvoir à la fin des années 1970, il essaya de réparer une peu le dommage. Pékin permit la reconstruction de quelques monastères ainsi qu’une pratique religieuse limitée. Mais, ayant échoué à écraser l’opposition tibétaine par la force, les autorités communistes cherchaient une occasion d’influencer la sélection des grands lamas. L’occasion n’a pas été longue à se présenter.

Avec la mort du 16ème karmapa lama en 1981, à l’âge de 56 ans, un difficile défi confronta Tai Situ, le sharmapa, Gyaltsab Rinpoche et Jamgon Kongtrul Rinpoche, les jeunes régents chargés de rechercher la réincarnation de leur maître. Le 16ème karmapa s’était montré un chef talentueux et charismatique. Depuis son siège en exil à Rumtek, il avait construit un empire spirituel et matériel avec des millions de fidèles et des moyens considérables. Il avait eu aussi de difficiles relations avec le dalaï lama, son monastère du Sikkim étant une base de pouvoir alternatif et rival du gouvernement en exil du dalaï lama.

Conduire la recherche du prochain karmapa lama était une tâche traditionnellement alternée entre les incarnations contemporaines de Tai Situ et de sharmapa. Le sharmapa avait été banni pendant 200 ans par les précédents dalaï lamas, mais il avait été réinstallé par le 14ème en 1963, dans un but d’unir les Tibétains. Mais, dans la hiérarchie Karma Kagyu féodale, la réinstallation du sharmapa comme numéro deux après le karmapa, passait outre Tai Situ et ses fidèles. La scène était dressée pour que les problèmes éclatent.

Le mauvais sort aida à ralentir la recherche du 17ème karmapa lama. En même temps, les régents virent une occasion prometteuse dans la fondation de centres de dharma populaires et lucratifs en Asie et en Occident. Tai Situ commença à donner des conférences à l’étranger. Le succès fut tel que ces conférences se transformèrent en “tours” fort lucratifs ; Tai Situ y gagna même le surnom de “dernier empereur” tant son goût pour les suites coûteuses des luxueux hôtels de Hongkong était connu. En Ecosse, il fit la connaissance de Akong Tulku Rinpoche, qui l’aida à fonder le centre bouddhiste Samye Ling. C’est Akong qui vit l’occasion offerte par la nouvelle politique d’ouverture de la Chine.

Dans un effort pour inciter des exilés tibétains à l’étranger à revenir, Pékin commença à permettre au “gouvernement en exil” d’organiser des “missions d’information” et des visites privées. Après une visite aux deux capitales de Chine et du Tibet, Akong lança une série de projets humanitaires. Il devint aussi le représentant de Tai Situ auprès du gouvernement chinois. Le régent lui-même reçut la permission de faire au Tibet une visite de quatre mois durant laquelle il proposa des mesures pour l’éducation et la santé en même temps que pour la préservation et la propagation de la culture bouddhiste. “Nous essayons de travailler avec tout le monde au Tibet, depuis le dalaï lama jusqu’à chaque Tibétain en exil, explique Tai Situ. C’est notre devoir.” Comme les autres lamas en exil, lui et Akong essayaient ostensiblement d’aider leur peuple et de reconstruire l’infrastructure religieuse endommagée. En récompense, Pékin décerna le titre de “Bouddha vivant” à Akong.

Les retards dans la recherche du 17ème karmapa lama entraînèrent des plaintes. Les partisans de Tai Situ démarrèrent une campagne de lettres et de fax qui blâmaient le sharmapa. Ils provoquèrent – et perdirent – un procès contre lui, l’accusant d’avoir tenté de voler les biens du karmapa. Le 19 mars 1992, Tai Situ montra aux trois autres régents une lettre supposée écrite par le 16ème karmapa indiquant où sa réincarnation serait trouvée. Le sharmapa fut choqué. “Cette lettre est manifestement un faux, affirme-t-il. Je l’ai examinée mot à mot et j’ai réalisé que l’écriture n’était pas celle du 16ème karmapa mais qu’elle ressemblait davantage à celle de Tai Situ. Mais ce dernier a toujours refusé que cette lettre soit vérifiée de façon légale.”

Tai Situ envoya alors par fax une copie de la missive au dalaï lama, et il lui dit que tous les régents avaient été d’accord sur son authenticité (bien que le karmapa ne le fut pas). Sur cette base, le dalaï lama accepta les conclusions. C’était un beau coup politique pour Tai Situ. Il avait manipulé l’intervention du dalaï lama dans l’affaire la plus importante d’une autre secte bouddhiste. Le sharmapa fut atterré. “Ce n’était pas le rôle du dalaï lama de se mêler de cela, dit-il. Tous les karmapas du passé ont été reconnus dans la lignée du Karma Kagyu.”

Urgyen Trinley fut identifié, dit-on, d’après les instructions données dans la lettre. Mais les critiques affirment qu’avant même d’avoir reçu l’accord du dalaï lama, le régent avait été au Tibet, y avait trouvé son karmapa et vérifié que son choix recevrait l’assentiment de Pékin. En 1991, Tai Situ aurait donné à Urgyen Trinley pouvoir au Tibet. La même année, dit une source chinoise, Pékin émit une directive interne permettant aux moines du monastère de Tsurphu d’entreprendre la recherche du nouveau karmapa “sur la base de la volonté du 16ème karmapa”. Une source tibétaine note : “Ceci indique que Tai Situ était de mèche avec les Chinois puisque lui seul avait la lettre de prédiction.” La réponse du régent fait écho aux paroles de son ami, Akong Rinpoche : “Nous essayons de travailler avec tout le monde au Tibet. C’est notre devoir.” En 1992, dans une somptueuse cérémonie à laquelle assistaient des milliers de personnes, Urgyen Trinley, surnommé le “karmapa chinois”, fut installé dans le monastère Tsurphu, au Tibet. C’était la première fois que les autorités communistes chinoises participaient à la reconnaissance d’un lama suprême tibétain.

Les conflits entre sectes s’aggravèrent entre exilés tibétains. En 1993, les partisans de Tai Situ expulsèrent violemment le sharmapa et ses fidèles du monastère de Rumtek. L’année suivante, Urgyen Trinley était invité place Tiananmen et au Grand Hall du Peuple à Pékin. Il était félicité par le président chinois Jiang Zemin et on lui recommanda de travailler pour le bien de la patrie et du Parti communiste.

Encouragés par le succès de leur intervention dans l’instal-lation du karmapa lama, les Chinois agirent bientôt de nouveau. Le 10ème panchen lama était mort en 1989 et aucune réincarnation n’avait encore été reconnue. Au cours d’une réunion secrète en 1993 entre hauts fonctionnaires chinois et tibétains, un plan fut dressé pour arracher au dalaï lama le contrôle sur la reconnaissance des chefs spirituels du Ti-bet. Lorsque en 1995, le dalaï lama annonça sa découverte de Gedhun Choekyi Nyima, âgé de 5 ans, comme le nouveau panchen lama, les Chinois arrêtèrent le garçon. Ils organisèrent une fête en l’honneur de Gyaltsen Norbu, fils d’un cadre communiste, lui aussi âgé de 5 ans, le présentant comme le 11ème panchen lama. Cela avait des conséquences décourageantes pour le dalaï lama. Comme lui-même ainsi que le panchen lama appartiennent tous deux à la secte Geluk, ce dernier peut reconnaître sa propre réincarnation. Et les Chinois avaient la main sur les deux panchens.

Les ennuis du dalaï lama à l’intérieur de la communauté en exil augmentèrent. Il fut critiqué pour avoir “prématurément” annoncé son acceptation de Gedhun Choekyi Nyima, et cela avait résulté dans la capture de l’enfant. En 1996, son interdiction du culte du dieu Shugden, dieu traditionnel de la secte Geluk, créa de nouvelles tensions. Un tel culte, explique le dalaï lama, “porte tort au peuple et au gouvernement tibétain”. Cette interdiction provoqua contre lui des protestations de la part des membres de la secte Geluk en Inde et en Occident. “Le dalaï lama nous interdit notre pratique religieuse, nos droits de l’homme”, se plaint Geshe Kalsang Gyatso, qui dirige le Centre Manjushri en Angleterre. Le meurtre sanglant de Lobsang Gyatso, un associé respecté du dalaï lama, et de deux de ses étudiants en 1997, souleva des craintes à propos d’un attentat contre le dalaï lama lui-même. Tout cela donna de la bonne matière à la machine de propagande de Pékin. Les Chinois étaient aussi soupçonnés de fournir des fonds aux groupes anti-dalaï lama.

Les relations depuis longtemps tendues entre les sectes Geluk et Karma Kagyu furent encore aggravées par l’intervention du dalaï lama dans la reconnaissance du karmapa lama. Elle raviva la mémoire des années 1960 lorsque le frère du dalaï lama, Gyalo Thondup, essaya d’amener toutes les sectes tibétaines sous le contrôle du Geluk, par la force si nécessaire. Lorsque 14 groupements se soulevèrent contre son plan, des troubles s’élevèrent dans la communauté. En mars 1997, le chef des groupes, Gungthang Tsultrim, fut tué à bout portant. Le meurtrier dit qu’il avait reçu 300 000 roupies de la part du gouvernement tibétain en exil. Il prétendit qu’on lui avait proposé encore plus pour tuer le 16ème karmapa lama.

Lorsque le dalaï lama embrassa Urgyen Trinley en janvier dernier après sa fuite du Tibet, les espoirs augmentèrent de voir une réconciliation entre les sectes Geluk et Karma Kagyu. Que le fugitif se fut rendu à Dharamsala plutôt qu’à Rumtek, siège traditionnel du karmapa, suggérait qu’il se mettait sous la protection du Geluk. Ceci s’accordait avec l’ambition de la secte d’unir les familles spirituelles en exil sous son chapeau.

Cela aida aussi à développer le moral du Geluk, étant donné les nombreuses anxiétés de la secte. Avec l’âge avancé du dalaï lama et son échec à ouvrir un dialogue avec Pékin, la demande augmente, plus forte et plus radicale, d’une approche violente si nécessaire pour décider de l’avenir du Tibet. Craignant le chaos, et la naissance d’une “forme plus violente du nationalisme tibétain”, Dharamsala a pressé récemment les Chinois de négocier avec le dalaï lama. Dans un rapport de 45 pages, le gouvernement en exil écrit : “Sans son influence modératrice, des factions différentes lanceront des actions différentes.”

L’arrivée de Urgyen Trinley aida aussi Tai Situ. Le régent avait dérapé. Mettre le karmapa entre les mains des Chinois avait provoqué un retour de flamme. Une fois que Pékin avait eu son “Bouddha vivant”, il n’avait plus besoin de Tai Situ. Ce dernier vit avec tristesse Thaye Dorje installé comme un karmapa rival. En 1994, à la cérémonie d’intronisation à l’Institut international bouddhiste karmapa de Delhi, les fidèles de Tai Situ jetèrent des pierres et proférèrent des insultes, hurlant : “Le karmapa est un faux, c’est un choix politique.” Des fenêtres furent brisées, et des douzaines de personnes furent blessées dans une mêlée d’une heure avant que la police indienne restaure l’ordre. Pendant que Urgyen Trinley languissait au Tibet, son sponsor était au désespoir alors que Thaye Dorje gagnait des convertis et des dons en enseignant sur le circuit international. Un fidèle du Karma Kagyu à Munich disait : “Tai Situ vit les foules que Thaye Dorje attirait quand il vint en Allemagne, et la même chose à Taiwan. Cela sapait son influence. Il devait agir, sortir Urgyen Trinley hors du Tibet pour entrer dans la compétition.”

Comment les karmapas rivaux rivalisent-ils ? En août, Thaye Dorje semblait dans son élément quand il donnait des enseignements et des bénédictions à une foule de mille personnes dans les collines de Dordogne en France. Ses réponses à leurs questions théologiques montrent qu’il n’est pas un sot. Il est versé non seulement dans les écritures bouddhiques, mais aussi dans des matières plus “mondai-nes” comme le cricket, l’informatique, Internet ou la musi-que des Spice Girls. Thaye Dorje apprécie également les pizzas de Hawaii, les jeux sur ordinateur et la vidéo de Star Wars. “Le temps dira comment cette rivalité de karmapas se résoudra”, assure-t-il à Asiaweek. Quand on lui suggère une rencontre avec Urgyen Trinley, il répond : – “Cela ne poserait pas de problème. Ce serait intéressant !”

Le bouillant Urgyen Trinley est plus difficile à sonder. Asiaweek a obtenu une audience, mais n’a pas pu l’intervie-wer, tellement est grande la paranoïa entourant l'”oiseau en cage”, comme disait un aide. Les gardes indiens furent doublés le mois dernier, lorsque leurs services secrets ont eu vent d’un projet de fuite, peut-être pour se rendre au mo-nastère de Rumtek, le siège envié du karmapa. Le dalaï lama parle d’un poème exquis que le jeune lama est suppo-sé avoir écrit pour lui. “Je vois de grandes possibilités en lui en matière de spiritualité”, dit-il. Un fidèle occidental le qualifie de “spectaculaire”. Cependant, d’autres lui prêtent des sautes d’humeur et un pauvre Q.I.

Ce sont les politiques qui décideront finalement qui s’assoira sur le trône du karmapa. Durant les derniers deux mois, les partisans d’Urgyen Trinley ont pressé l’Inde de lui permettre d’occuper le siège du karmapa au monastère de Rumtek. Des centaines d’entre eux, venus du monde entier, se sont rendus à Dharamsala en août pour tenir une conférence sur le sujet. Leurs e-mails spéculent sur un statut d’asile politique. Mais New Delhi est méfiant. “Le gouvernement indien, en effet, a reconnu Thaye Dorje en le recevant à Delhi, dit un membre occidental du Karma Kagyu. Et il a depuis longtemps reconnu Sharmapa Rinpoche comme le suprême régent de notre lignée.”

A tort ou à raison, New Delhi craint aussi que Pékin ne joue double jeu. Il est peu probable que la Chine, comme le suggèrent quelques officiels indiens, ait réellement arrangé une évasion de Urgyen Trinley du Tibet. (La plupart des sources pensent que Dharamsala, et peut-être Tai Situ, ont joué un rôle). Mais les Chinois pourraient retirer un avantage, dans le futur, s’ils pouvaient ouvrir des négociations avec lui en tant que représentant de la communauté tibétaine en exil. C’est pourquoi la question de savoir si Urgyen Trinley pourrait succéder au 14ème dalaï lama est cruciale. Mais Sonam Topgyal, président du cabinet du gouvernement en exil, assure que “le scénario n’est pas possible. Le karmapa sera comme tous les autres lamas, il enseignera.” Mais d’autres ne sont pas d’accord ; ils notent que la secte Geluk est maintenant dominante mais que d’autres factions – incluant le Karma Kagyu – ont gouverné dans le passé. “Beaucoup de gens, dit Sonam, ont fixé dans leur esprit que le dalaï lama règne, mais ce n’est pas nécessaire.” Akong Rinpoche déclare à Asiaweek : “Une autre école pourrait arriver.” Même Sonam reconnaît : “Il y a beaucoup d’autres lamas [que le dalaï lama]. Les Tibétains peuvent même décider d’élire un non-religieux.”

Quant à Pékin, il attend que le dalaï lama meure. Il estime que sa disparition marquera la fin des cinq décennies d’existence de “la question du Tibet”. Mais quelques Tibétains disent qu’au contraire ce sera justement le début pour Pékin des vrais ennuis. “Quand le dalaï lama mourra, il y aura le chaos, dit à Asiaweek le secrétaire général du Congrès tibétain de la jeunesse, Pema Lhundup. La frustration accumulée contre l’occupation chinoise est tout juste contenue par sa sainteté. Son décès pourrait être l’étincelle qui enflamme un soulèvement.” Mais Lhundup, cet homme politique qui parlait librement, est mort quelques semaines après l’interview. Il est tombé d’un immeuble ; les autorités indiennes assurent que sa mort est accidentelle. Un soulèvement ne pourrait pas repousser les Chinois hors du Tibet et il serait probablement violemment réprimé. Mais il constituerait une très grosse épine dans le pied pour Pékin, au moment où la Chine s’efforce d’ouvrir son économie et d’améliorer son image internationale.

Au Tibet même, les autorités chinoises semblent avoir resserré leur contrôle. “Peut-être pour la première fois depuis la Révolution culturelle, même de simples actes de pratique religieuse placent une personne sous suspicion”, dit Ronald Schwartz, auteur de Cercle de protestation, un livre sur la politique tibétaine. “Tout cela va au-delà du dalaï lama, dit-il. Le bouddhisme tibétain lui-même est perçu comme une menace potentielle contre le gouvernement chinois. Il n’est pas inconcevable qu’il soit traité comme le Falungong et les autres soi-disant cultes qui défient le pouvoir du Parti communiste.”

Pour éviter des scénarios plus violents, Pékin espère remporter la bataille du Tibet en contrôlant la bataille des grands lamas. La mort du dalaï lama verra presque certainement le panchen lama approuvé par Pékin reconnaître le successeur du dalaï lama. L’an dernier, les Chinois ont annoncé que le prochain dalaï lama naîtrait au Tibet – et ainsi sous leur contrôle. Ils écartent la propre assertion du dalaï lama selon laquelle il renaîtrait en exil, disant en plaisantant que si cela arrivait il aurait les yeux bleus d’un Occidental. Ils se soucient peu du fait que le plupart des Tibétains rejettent le choix de la Chine. Mais si avoir deux karmapa lamas a déjà créé une telle tension au sein de la diaspora tibétaine, des dalaï lamas en compétition créeraient encore plus de tensions. “Les Chinois voient nos divisions sur la religion et sur l’idéologie, et ils cherchent à les exploiter pour détruire notre communauté en exil”, commente Sonam à Dharamsala.

C’est pourquoi la saga du karmapa a été si dévastatrice pour les Tibétains. Elle a paralysé une secte puissante, le Karma Kagyu, et elle a ouvert la porte aux Chinois pour intervenir au Tibet dans les questions liées à la réincarnation. Celui, quel qu’il soit, qui gagnera la course pour le trône du karmapa et mettra sur sa tête le Chapeau Noir trouvera une lignée déchirée. Le vainqueur devra tenir fermement le chapeau sur sa tête. Les perdants pourraient être le Tibet et le peuple tibétain.

Rien ne changera

Le regard d’un homme de l’intérieur sur le passé – et l’avenir

Pour négocier avec les Chinois, en 1951, Lhassa nommait un gouverneur provincial, Ngabo Ngawang Jigme. Dépeint comme un traître à la cause du Tibet dans le film sorti des studios d’Hollywood, Sept années au Tibet, il n’était pourtant à l’époque qu’un fonctionnaire parmi d’autres, sans beaucoup d’autres alternatives que la coopération avec Pékin. Ngabo et quatre autres délégués ont apposé leurs signatures au bas de l’Accord en 17 points, lequel donnait le contrôle du Tibet à la Chine. L’accord garantissait que le Tibet serait dirigé par le gouvernement installé à Lhassa et que la liberté de religion serait maintenue (ce dernier point fut plus tard révoqué, après la fuite du dalaï lama). Ngabo est ensuite devenu le premier gouverneur du Tibet sous contrôle chinois. N’accordant que rarement des interviews, Ngabo, aujourd’hui âgé de 80 ans, a défendu son rôle. Propos recueillis par David Hsieh. Extraits :

Quelle la position de Pékin au sujet de la fuite du karmapa lama ?

Le karmapa a laissé une lettre dans laquelle il affirme qu’il part retrouver son Chapeau noir et certaines reliques de nature religieuse. Il n’a pas trahi le peuple et la nation et il ne s’oppose pas au gouvernement central. Il dispose d’une voie pour revenir chez lui.

Il existe une confusion au sujet du 11ème panchen lama. Pékin et le dalaï lama ont chacun désigné leur propre candidat. Quelle est votre position ?

Après le décès du 10ème panchen lama en 1989, nous avons dû procéder aux recherches de sa réincarnation en enfant selon la pratique coutumière. Finalement, deux ou trois enfants ont été retenus comme candidats. J’ai suggéré à Pékin que nous devrions demander l’avis du dalaï lama. Ma suggestion a été retenue. [Mais par la suite] le dalaï lama a fait son choix tout seul. Le dalaï lama a seulement le droit de mettre en route le processus mais pas de désigner et d’installer un panchen lama par lui-même.

A quoi Pékin espère-t-il parvenir en désignant un panchen lama ?

Les étrangers peuvent voir les choses de la façon suivante : le dalaï lama est à l’étranger et nous avons un enfant à opposer au sien. Mais c’est une vue sans fondement. S’il n’y avait pas d’enfant, il n’y aurait pas de panchen lama.

L’Accord en 17 points constitue la base juridique du statut actuel du Tibet. Aujourd’hui, en considérant les années écoulées, comment voyez-vous ces négociations ?

Il y avait cinq conditions, parmi lesquelles figurait la reconnaissance de notre part que le Tibet faisait partie du territoire chinois. La condition la plus ferme était que [Lhassa] n’autorise à aucun prétexte l’entrée de troupes chinoises au Tibet. Ces deux points étaient contradictoires. Mais la délégation a fait de ses objections aux Chinois. Lorsque nous avons signé, il y avait des différences entre certaines des clauses signées et ce que le dalaï lama avait donné comme instructions. A l’époque, le dalaï lama était à Dongya. S’ils n’avait pas été satisfait par l’accord, il aurait très certainement quitté le pays.

Que se passera-t-il au Tibet lorsque le dalaï lama mourra ?

Rien ne changera. Sans dalaï lama pendant quarante ans, nous ne nous sommes pas si mal débrouillés.

“Plus de liberté adviendra”

Un entretien avec le dalaï lama

Le leader spirituel du Tibet pratique ce qu’il prêche. Tenzin Gyatso, le 14ème dalaï lama, fait montre de beaucoup de compassion et sourit beaucoup. Son dernier livre, L’Art du bonheur, est un best-seller aux Etats-Unis. Mais pour le prix Nobel de la paix 1989, ces dernières années n’ont pas été particulièrement pacifiques ni spécialement heureuses. Le dalaï lama fait face à une Chine fermée et des divisions grandissantes à l’intérieur de la communauté tibétaine en exil. Il a évoqué ces difficultés ainsi que la question de sa mort avec Julian Gearing d’Asiaweek à Dharamsala. Extraits :

Qui est le vrai karmapa lama – Urgyen Trinley, qui a fuit le Tibet en 2000, ou Thaye Dorje ?

Dès le départ, la reconnaissance officielle s’est portée sur Urgyen Trinley. Ainsi, il n’est pas question d’une dispute à son sujet. Mais certains centres acceptent la réincarnation du sharmapa. A la fin, tout ceci sera OK.

En 1995, Pékin a arrêté le garçon que vous aviez reconnu comme le 11ème panchen lama et lui a substitué son propre candidat. Etes-vous inquiet au sujet de votre candidat ?

Au départ, nous avons craint pour sa vie. Mais, du fait de la publicité et de l’attention de l’opinion mondiale à son sujet, nous pensons qu’il doit sans doute aller bien. Je pense que la vérité prévaudra. Après tout, il est plutôt ridicule pour des non-croyants d’être impliqués dans ce processus de reconnaissance. Ils mettent trop l’accent sur la politique et ignore les autres aspects. Ce faisant, ils détruisent la stabilité et l’unité du Tibet.

Est-ce que Pékin utilisera son panchen lama pour reconnaître le futur dalaï lama ?

Oui – et c’est pourquoi il y a un problème. J’ai clairement dit que lorsque je mourrai, [ma] réincarnation devrait logiquement sortir de l’extérieur du Tibet, dans un pays libre. La raison en est que le principal propos de la réincarnation est de poursuivre la tâche qui est restée inachevée dans sa vie précédente. Mais la Chine choisira un garçon pour être le prochain dalaï lama, bien qu’en réalité il ne le sera pas. Comme pour le panchen lama, les Tibétains ne le reconnaîtront pas.

Pékin se trouve mêlé aux réincarnations des principaux lamas.

Oui. Depuis plus de dix ans, les Chinois se sont mêlés aux choix des réincarnations des principaux lamas à l’intérieur du Tibet mais pas à l’extérieur du pays. Cela signifie qu’ils ne veulent pas de la reconnaissance qu’apporte le dalaï lama.

Cela vous soucie-t-il ?

Non – aussi longtemps que les réincarnations n’en sont pas des vraies. Dans le cas du panchen lama, certains de mes amis et certains Tibétains disent que sa réincarnation doit être trouvée à l’extérieur du Tibet. Et je pensais que cette [position] était politiquement motivée – et incorrecte. La priorité n° 1 est que la réincarnation soit une vraie réincarnation. Qu’elle soit choisie à l’intérieur ou à l’extérieur du Tibet, le problème est secondaire. Considérant mes propres enquêtes, il est clairement apparu que la vraie réincarnation était au Tibet.

A quel point votre mort affectera-t-elle le peuple tibétain ?

Elle représentera certainement un réel contretemps. Mais la lutte pour notre liberté n’est pas une lutte pour restaurer le dalaï lama en tant qu’institution ou pour restaurer ses privilèges. Si c’était le cas, toute la lutte s’effondrerait avec la mort du dalaï lama. Mais notre lutte est pour les six millions de Tibétains, leurs droits, leur bien-être, leur avenir. C’est la lutte d’une nation pour sa survie. Qu’un dirigeant en particulier demeure ou non, la nation poursuivra la lutte.

Vous vous battez pour l’autonomie du Tibet, non pour son indépendance.

Juste. Lorsque j’explique cela aux Tibétains, ils sont parfois déçus. La réalité, étant donné qu’ils forment une petite communauté, est que notre survie dépend complètement de la nature des liens que nous entretenons avec la Chine – des liens très étroits.

Mais le dialogue avec la Chine est interrompu.

Pour le moment. Mais les Chinois ont répété à maintes reprises qu’ils étaient ouverts au dialogue avec moi. En dépit d’une situation de plus en plus sérieuse au Tibet et des critiques grandissantes à mon égard, ma position ne changera pas. Ainsi, dès que les Chinois donneront le signe qu’ils sont prêts, je suis prêt à discuter. Mais s’ils estiment que leur politique actuelle – dure – est la bonne, alors je pense qu’il n’y a pas matière à dialoguer.

Voyez-vous une possibilité de progrès dans un proche avenir ?

La possibilité existe. Elle est là. Le problème du Tibet est liée à la question du développement même de la Chine. En comparaison de la situation d’il y a 20 ans, beaucoup de choses ont changé en Chine et continuent à changer. La Chine a intégré la scène mondiale et ce qui s’y passe à un impact sur elle. A un échelon mondial, les systèmes totalitaires n’ont pas d’avenir. Tôt ou tard, la Chine deviendra une société plus ouverte. Plus de liberté adviendra.