Eglises d'Asie

Hongkong : mise en cause dans un article de presse, l’Eglise catholique se défend d’avoir à payer au gouvernement des loyers pour les activités religieuses menées dans les écoles catholiques

Publié le 18/03/2010




Mise en cause par un éditorial récemment publié dans le quotidien Tung Fong (Oriental Daily News), quotidien de langue chinoise de Hongkong, l’Eglise catholique dans la Région administrative spéciale de Hongkong se défend d’avoir à payer des loyers pour les bâtiments scolaires dont elle a l’usage. Selon l’agence Fides qui rapporte la nouvelle dans une dépêche datée du 10 janvier, le quotidien Tung Fong a écrit que l’Eglise catholique devait aux autorités de Hongkong la somme de un million de dollars HK (128 000 dollars US) pour les « activités religieuses » qu’elle mène dans les écoles de la Région administrative spéciale. Par la voix d’Alice Woo, déléguée du diocèse de Hongkong pour l’éducation, l’Eglise a répondu qu’elle était « exemptée de payer des loyers pour les bâtiments scolaires [dont elle a l’usage] ».

Commentant cette nouvelle, certains membres de l’Eglise catholique à Hongkong expriment leur crainte que la publication de cet article ne soit que le prélude à une tentative menée par le gouvernement de la RAS et peut-être pilotée depuis Pékin pour prendre peu à peu le contrôle des écoles de la Région et en déloger l’Eglise catholique. Dans sa lettre circulaire de Noël 2000, Mgr John Tong, évêque auxiliaire de Hongkong, écrivait que les libertés étaient de façon générale préservées dans la RAS mais il ajoutait : « Un changement qui nous concerne tous est que le gouvernement a commencé à toucher au système éducatif ». Sans consultation suffisante, les autorités ont commencé à changer le système des examens, la gestion des écoles, etc. Mgr Tong ne mentionnait pas la question de l’usage pour activités religieuses des infrastructures scolaires mais il concluait en disant que « ces changements devaient être observés de près ».

Héritage de la présence britannique, les Eglises, tant catholique que protestantes, sont très présentes dans le domaine de l’éducation à Hongkong. La moitié des écoles environ sont gérées par elles. Selon l’annuaire 2000 de l’Eglise catholique de Hongkong, l’Eglise y gère 323 établissements scolaires (de la maternelle au lycée), où étudient près de 290 000 enfants (dont 6,56 % sont de confession catholique). Sur la base des accords passés du temps de l’administration britannique, les écoles catholiques utilisent des bâtiments publics et les préaux, les salles de classe et les chapelles de ces écoles sont régulièrement utilisées – en dehors des heures de cours – par les catholiques de Hongkong pour le culte, le catéchisme ou d’autres activités religieuses. C’est sur ce point que le Tung Fong attaque l’Eglise. Selon son éditorialiste, le diocèse fraude le gouvernement lorsqu’il ne paye pas de loyers pour les activités religieuses qui sont menées dans les locaux des écoles catholiques. Ces bâtiments, argumente-t-il, sont réservés aux activités strictement éducatives et toute organisation qui souhaite y mener ses propres activités doit payer un loyer pour cela.

Selon Alice Woo, l’Eglise catholique, dans sa mission d’éducation, sert l’ensemble de la communauté, parents et enfants confondus. Aux termes des règlements en vigueur, l’Eglise est la personne morale responsable des écoles dont elle a la charge. Elle n’est pas locataire de ses écoles et seuls les directeurs d’écoles ont le pouvoir de décider s’ils demandent ou non une contribution aux personnes ou institutions qui utilisent leurs infrastructures. Le P. Stephen Chan, directeur d’une école catholique et conseiller auprès de la Commission ‘Justice et paix’, a pour sa part déclaré que les activités religieuses étaient partie intégrante de l’éducation et contribuaient aux valeurs morales et humaines d’une société.

Usant d’une dialectique qui rappelle celle en vigueur en Chine populaire, le Tung Fong souligne ce rôle de l’Eglise catholique dans la société. « Trois ans et demi après la rétrocession de Hongkong [à la Chine], la contribution de l’Eglise catholique à la société est telle qu’elle représente une force morale pour le peuple de Hongkong. » « Pour cette raison, continue l’éditorialiste, les gens de Hongkong attendent d’elle qu’elle continue d’être un modèle de moralité. » En ne payant pas de loyers au gouvernement pour les activités religieuses menées dans les écoles, l’Eglise faillit donc à sa réputation et trahit la confiance placée en elle, en tant que modèle moral, conclue-t-il.