Eglises d'Asie

LE PERIPLE DE L’EGLISE CATHOLIQUE EN MALAISIE : 1511 – 1996

Publié le 18/03/2010




Première partie :

Présentation de la structure physique, socio-politique et religieuse de la Malaisie contemporainep.  2

Deuxième partie :

Vers le troisième millénaire : le rôle de l’Eglise en Malaisie au XXIe sièclep.  16

Notesp.  32

Cartes

La Malaisie et ses voisinsp.  34

Les diocèses de la Péninsule malaisiennep.  35

Les diocèses de la Malaisie orientalep.  35

Première partie :

Présentation de la structure physique, socio-politique

et religieuse de la Malaisie contemporaine

La situation géographique, topographique, climatique

La Malaisie comprend la péninsule malaisienne à l’ouest, Sabah et Sarawah à l’est. Sa latitude est située entre 1° et 7° au nord de l’équateur et sa longitude entre 100° et 119° Est. La péninsule malaisienne a une superficie de 131 794 km , s’étendant de l’isthme Kra au détroit d’Ishor. Sabah et Sarawah couvrent, ensemble, une superficie avoisinant les 148 000 km . Distantes l’une de l’autre d’un minimum de 650 km, la Malaisie orientale est séparée de la Malaisie occidentale par la mer de Chine du sud (1).

Les terres de la Malaisie occidentale ainsi que celles de la Malaisie orientale se caractérisent par un relief de plaines le long des côtes donnant accès à un massif intérieur accidenté. La péninsule malaisienne se distingue par sa crête montagneuse connue sous le nom de « chaîne principale » ou bajaran titiwangsa, qui coure de la frontière thaï jusqu’à Negri Sembilan au sud, séparant d’une manière frappante la partie est de sa partie ouest.

Etant donné la configuration du pays et de la densité des pluies, il y a de nombreuses rivières qui, il y a encore cent ans, servaient d’artè-res principales pour le commerce et les transports. Leur importance historique est souligné par le fait que pratiquement tous les Etats de la péninsule empruntent le nom de leur rivière principale.

Les rivières de Sarawak et de Sabah sont plus longues que celles de la péninsule. La plus longue est le Sunjei Rejang de Sarawak (563 km) qui est navigable pour des petits bateaux à moteur jusqu’à Kapit, 160 km en amont. A Sabah, le Sujei Kinabatangan s’étire sur 560 km. Une des plus importantes chaînes de montagnes à Sabah est la chaîne Cocker avec une moyenne de 457 m à 914 m qui sépare l’étroite basse terre du nord-est de la côte de l’intérieur. A Sarawak, les deux plus hauts pics sont Gunung Murud (2 425 m) et le Gunung Mulu (2 371 m) ; ce dernier a la particularité d’abriter une des plus grandes grottes naturelles du monde.

La Malaisie se trouve entièrement en zone équatoriale. Le climat suit le régime des moussons de nord-est et sud-ouest qui soufflent alternativement en cours d’année. Située aux tropiques, la température est constamment élevée (26°). L’humidité (environ 80 %) est elle aussi élevée à cause de la température et du degré d’évaporation. Les précipitations sont abondantes allant de 2 000 mm à 4 000 mm à travers le pays, bien que des variations considérables sont constatées entre diverses régions (2).

La population

La caractéristique de la population de la Malaisie est sa diversité ethnique qui la place comme un des premiers exemples d’une société multiraciale dans le monde. Le caractère pluriethnique de la population malaisienne s’est formé durant les dernières 150 années. Selon les statistiques de 1996, la population en Malaisie pouvait être décomposée par groupe ethnique comme suit :

Répartition de la population par groupe ethnique, 1996 (3)

Race Nombre (milliers) Nombre (milliers)Pourcentage

Bumiputras12 216,957,7

dont Malais10 012,1

autres bumiputras (4) 2 204,8

Chinois (5) 5 373,825,4

Indiens (6) 1 521,2 7,2

Autres (7) 668,6 3,1

Total :

Citoyens malaisiens19 780,593,4

Etrangers (8) 1 388,5 6,6

Population totale21 169,0

En gros, les groupes ethniques de la Malaisie peuvent être classés en deux catégories principales : ceux qui ont des affinités culturelles indigènes à la région et qui sont classés comme bumiputras et ceux dont les affinités culturelles restent liées à l’étranger et qui sont classés comme non bumiputras.

Les groupes bumiputras (9)

Les groupes bumiputras sont très différenciés. On trouve trois grandes catégories : les aborigènes (Orang Asli), les Malais et les Malais apparentés.

Les Orang Asli

Les Orang Asli (« premier peuple » ou « peuple originel ») sont numériquement peu nombreux mais constitue, historiquement, une minorité indigène importante de la population malaisienne. Le terme Orang Asli a été introduit par le gouvernement au début des années 1960 et est encore utilisé par le Bureau des affaires des Orang Asli (Jabatan Hal Ewhal Orang Asli – JHEOA) pour toutes ces activités, incluant son terme de référence. De plus, il est maintenant bien accepté par les Orang Asli eux-mêmes (10).

Dans la péninsule malaisienne, les Orang Asli, au nombre de 92 529, forment une très petite minorité, de seulement 0,5 % de la population nationale en 1996 (11). Culturellement et linguistiquement, ils se répartissent en 19 groupes ethniques : les Semai, Jakun, Mah Meri, Orang Kanak, etc. (12). Les Orang Asli sont généralement divisés en trois grand groupes : les nomades Negritos dans le nord et les régions centrales, les semi-nomades Senoi qui pratiquent une forme de culture itinérante et les Jakuns du sud, souvent appelés Proto-Malais, qui adoptent de plus en plus une vie agricole sédentaire.

Les Malais

Les Malais forment le plus important groupe ethnique dans la péninsule, une minorité substantielle à Sarawak et un plus petit groupe à Sabah. Une distinction peut être faite entre les Malais établis depuis longtemps dans le pays (en particulier, les Malais de la côte est de la péninsule de Sarawak, de Sabah) et ceux qui ont traversé le détroit de Malacca venant de Sumatra et qui se sont établis en nombre à la fin du XIXe siècle et au XXe siècle.

Les autres groupes ethniques considérés comme Malais pour des raisons pratiques, et dont la plupart se sont établis dans le pays (en particulier dans la péninsule) depuis 1850, incluent les Javanais (spécialement sur la côte ouest de Johor, Selengor et Perak), les Banjarese, Boyanese, Bugis et les Minangkabau). Les Bajaus de Sabah sont à placer dans la même catégorie. L’assimilation rapide de ces groupes dans la communauté malaise est le résultat de traits culturels communs et avant tout, d’une commune appartenance à la religion musulmane.

Les Malais apparentés

La troisième catégorie des Malais bumiputras consiste en groupes ethniques qu’on trouve à Sabah et Sarawak. A Sabah, les communautés indigènes sont la majorité dans l’Etat, représentant 85 % d’une population de 1,8 million de personnes (recensement de 1991). Au plan national cependant, ils restent une minorité avec 6,6 % de la population nationale. Les 39 groupes ethniques incluant Kadazandusun, Murut et Bajau sont collectivement dénommés comme Anak Negeri ou natifs de l’Etat.

La plus importante catégorie est celle des Kadazandusun, un ensemble de tribus qui sont le plus souvent des cultivateurs de rizières en marécages et en terrasses, et qui vivent dans les plaines de la côte nord et ouest. Leur langue appartient à la famille de la langue dusunique. A part cela, ils partagent en plus un système de croyances animistes variant dans ses coutumes et sa pratique.

Un important mais plus petit groupe sont les Murut et leurs sous groupes apparentés qui vivent bien à l’intérieur dans la région du sud bordant Kalimantan et Sarawak. Encore récemment, il y avait un groupe isolé et à l’écart observant un style de vie nomade. Les Murut sont traditionnellement des fermiers pour leur subsistance et sont connus pour leur talent de chasseurs.

La troisième catégorie comprend ceux qui sont en grande partie musulmans. Ce sont les Bajaus et les groupes apparentés (tels que les Iranun, Obian, Binadan, Suluk et d’autres plus petites minorités avec des origines et coutumes culturelles semblables) ; ils forment le deuxième plus large groupe indigène à Sabah. Plusieurs d’entre eux ont vécu des centaines d’années sur les côtes. Récemment, ils ont été rejoints par d’autres groupes d’immigrants venant des Philippines et d’Indonésie. Collectivement, ils ont souvent été décrits comme Malais, une classification générale qui est quelque peu trompeuse, vu que ces groupes montrent une grande diversité dans leurs cultures, dans leurs langues et dans leurs coutumes (13).

A Sarawak, les groupes indigènes se réfèrent maintenant collectivement à l’appellation dayaks, comptant pour 44 % de la population de l’Etat (qui se chiffre à 1,7 million – recensement de 1991). Au plan national, ils ne forment que 4 % de la population totale. Les groupes dayaks incluent les Orang Ulu (littéralement les « gens des sources ») tels que les groupes les Penan, Ukit, Kelabit et Kenyah (14). Le terme Orang Ulu est utilisé pour désigner toutes les personnes originaires de Sarawak qui ne sont pas Iban, Bidayuh, Malais ou Melanau. Ils représentent seulement 5 % de la population totale de Sarawak et vivent le plus souvent dans les régions hautes où les rivières prennent leur source. La population musulmane inclue les Malais ainsi que d’importantes proportions des Kedayans et des Melanaus, deux groupes qui ont adopté l’islam. Les Ibans (Dayaks de la mer) constituent le plus important groupe parmi les indigènes non musulmans de Sarawak (15).

Les groupes non bumiputras

Ce sont principalement des Chinois et des Indiens avec des plus petites communautés faites d’Arabes, de Cinghalais, d’Eurasiens et d’Européens. Les contacts entre les Chinois, les Indiens avec la Malaisie remontent à l’aube de son histoire mais il n’y a pas eu d’établissement permanent dans le pays de ces deux groupes jusqu’au XIXe siècle, avec une exception pour la communauté chinoise Baba à Malacca dont on peut tracer l’origine au XVIe siècle. La cause de l’immigration massive des Chinois et des Indiens, qui débuta au XIXe siècle, fut le rapide développement économique qui commença sous l’impact de forces de la révolution industrielle et le laissez-faire d’une politique suivie par la nouvelle administration coloniale britannique à la suite du Règlement des accords des détroits. Les Chinois en profitèrent pour investir et travailler au développement de l’industrie minière de l’étain et les Indiens dans le travail agricole du café et plus tard du caoutchouc.

L’immigration dans la péninsule et les territoires de Bornéo demeura ouverte jusqu’en 1931 quand l’impact de la grande dépression obligea l’imposition de contrôles. Cependant, jusque-là, la nature de l’immigration chinoise et indienne fut essentiellement transitoire et le nombre des Chinois et des Indiens nés en Malaisie restait faible en proportion du nombre total des immigrants dans le pays. L’imposition des contrôles réduisit fortement le nombre des immigrants, normalisant rapidement la proportion des sexes avec comme résultat le développement de communautés chinoises et indiennes formées surtout de natifs. Le déclenchement de la seconde guerre mondiale et l’occupation japonaise arrêtèrent toute immigration chinoise et indienne.

Les Chinois de Malaisie viennent en grande partie du sud de la Chine, les Cantonnais et les Hokkiens formant les plus larges groupes dialectaux. Pour les Indiens, les Tamouls du sud de l’Inde et du Sri Lanka forment le plus large groupe, avec des minorités Sikh et Malayali (16).

La complexité linguistique

Bahasa melayu est la langue nationale (17) et le véhicule de l’instruction dans les écoles publiques. L’anglais est toujours largement utilisé, en particulier parmi les couches les plus éduquées de la société. Le mandarin est le véhicule d’instruction dans les écoles d’éducation chinoise ; outre le mandarin, sont aussi parlés de nombreux dialectes chinois (parmi les plus courant, il y a le cantonnais, le hokkien, le teochew, le hakka et le hailam). Pour les Indiens, le tamoul est le plus commun, mais de nombreuses langues régionales indiennes sont aussi parlées. On peut identifier 15 langues différentes parmi les indigènes de la péninsule malaisienne et la diversité linguistique en Malaisie orientale offre un champ de recherche intéressant.

La composition religieuse

Une des caractéristiques fondamentales de la société malaisienne est sa diversité religieuse et ethnique. Les informations sur la religion collectées dans le recensement de 1991 sont fondées sur l’identification personnelle d’un individu pour un choix particulier de croyances

Répartition de la population par religion – Malaisie, 1980 et 1991 (18)

Religion Nombre (milliers) Nombre (milliers) Pourcentage Pourcentage

1980199119801991

Islam6 918,310 257,252,958,6

Christianisme 843,0 1 412,3 6,4 8,1

Hindouisme 920,4 1 112,3 7,0 6,4

Bouddhisme2 265,5 3 222,117,318,4

Confucianisme

– Taoïsme1 518,7 928,011,6 5,3

Religion populaire

– Animisme 249,5 206,0 2,0 1,2

Autres religions 69,8 82,6 0,5 0,5

Sans religion 275,3 253,5 2,1 1,4

Inconnu — 24,2 — 0,1

Total : 13 070,417 498,1 100,0 100,0

L’islam est la religion la plus largement professée en Malaisie. Comme le montre la tableau ci-dessus, en 1991 quelques 10,25 millions de personnes s’en réclament, constituant 58,6 % de la population totale. Cela représente un accroissement d’environ 6 % sur la période 1980-1991.

Le caractère plurireligieux de la Malaisie est souligné par le fait que des proportions significatives de la population suivent le bouddhisme, le confucianisme, le taoïsme, le christianisme ou l’hindouisme. Une augmentation dans les proportion des personnes professant le bouddhisme et le christianisme a été notée d’un recensement à l’autre. La proportion des bouddhistes est passée de 17 % à 18 %, alors que les chrétiens augmentaient de 6 % à 8 % entre 1980 et 1991. Une enquête sur la composition des personnes d’autres religions montrent que la majorité d’entre elles adhèrent à la religion Sikh et à Bahai.

La répartition de la population par religion en Malaisie est en grande partie très liée à sa composition ethnique. Le tableau ci-dessous montre que parmi les citoyens malaisiens, 88,2 % des bumiputras, en 1991, étaient musulmans. Avec 8,1 %, les chrétiens se classaient principalement dans la catégorie des « autres bumiputras » que l’on trouve surtout à Sarawak et Sabah

Ventilation de la population par religions et groupes ethniques – Malaisie 1991 (19)

(en pourcentage)

Religion CitoyensBumiputrasChinoisIndiensAutres Etrangers

malaisiens

Islam57,688,2 0,4 5,388,182,4

Christianisme 7,9 8,1 7,8 8,1 5,211,7

hindouisme 6,6 0,2 83,1 0,2 1,3

Bouddhisme19,1 0,1 68,3 0,7 6,1 2,7

Confucianisme

– Taoïsme 5,5 20,2 0,1 0,1 0,5

Religion populaire

– Animisme 1,2 1,9 0,1 0,1

Autres religions 0,5 0,3 0,3 2,6 0,1 0,3

Sans religion 1,5 1,2 2,7 0,1 0,1 0,6

Inconnu 0,1 0,3 0,1 0,5

Total : 100,0 100,0 100,0 100,0100,0100,0

(en milliers) 16 775,8 10 281,44 609,0 1 313,6571,7722,3

: donnée inférieure à moins de la moitié de la plus petite unité retenue

Les Chinois étaient bouddhistes en majorité ou pratiquaient le confucianisme, le taoïsme ou d’autres religions chinoises traditionnelles. Ces catégories rassemblaient 88,5 % de la population chinoise totale ; 7,8 autres pour cent de Chinois étant chrétiens. L’hindouisme (une des principales religions des Indiens en Malaisie) était surtout l’affaire des Indiens (83,1 %) tandis que 8,1 % et 5,3 % des Indiens étaient, respectivement, chrétiens et musulmans. Dans la catégorie « Autres », on trouvait principalement des musulmans (88,1 %), la majorité étant des descendants d’Indonésiens.

Les étrangers en Malaisie étaient principalement musulmans (à hauteur de 82,4 %). La majorité de ces musulmans non détenteurs d’un passeport malaisien venaient d’Indonésie et des Philippines. Un autre 11,7 % de ces étrangers étaient chrétiens.

L’islam, religion officielle en Malaisie

Selon la Constitution fédérale de la Malaisie, « l’islam est la religion de la Fédération mais les autres religions peuvent être pratiquées en paix et en harmonie partout dans la Fédération » [article 3 (1)]. La Constitution, ainsi, donne à chaque citoyen le droit de professer et de pratiquer sa propre religion, et de propager sa foi, bien que le droit de propager d’autres religions n’est pas permis par la loi au sein des peuples qui sont musulmans. A Sabah et à Sarawak, les lois de ces Etats restreignant la propagation parmi les musulmans sont sujettes à l’approbation des 2/3 du total des deux assemblées législatives concernées.

Selon la Constitution, l’islam relève des affaires des Etats, ce qui veut dire que seuls les gouvernements des Etats de cette Fédération en possèdent l’autorité législative et exécutive. Le gouvernement a une telle autorité seulement dans le cas du territoire fédéral. Les pouvoirs des Etats incluent, inter alia, la loi musulmane et la loi personnelle et familiale pour les musulmans, le wakaf, la coutume malaise, zakat et fitrah, baitul-mal et revenus semblables, les mosquées, la détermination et la punition pour les offenses faites par les musulmans, la détermination de la loi pour les affaires musulmanes, la doctrine et les coutumes malaises (20).

L’islam : son identification prépondérante avec les Malais

L’islam s’identifie principalement avec les Malais, même si il y a un nombre considérable de non Malais (en particulier des musulmans venant de l’Inde, des Chinois, Kadazandusun et d’autres) sont également musulmans. L’islam forme le plus grand groupe religieux dans le pays. Le premier signe attestant la présence de l’islam dans la péninsule malaisienne date de 878. Selon le professeur Fatimi, « nous n’avons pas de preuves de la présence de l’islam avant 878 (.). L’arrivée de l’islam ne fut ni une calamité soudaine s’emparant des Malaisiens ni une manifestation miraculeuse de la grâce de Dieu. Ce fut un événement d’une grande importance historique, qui se réalisa par un lent mais inexorable processus historique. Vu que ce processus fut presque entièrement paisible et évolutionniste, il prit du temps pour mûrir » (21).

Des signes isolés et des récits de voyageurs prouvent bien que la voie principale pour la venue de l’islam dans la région fut le commerce. Les marchands arabes étaient déjà passés en Chine du sud au port de Canton dès le VIIIe siècle, laissant des traces de leur influence sur leur passage (22). Le nombre de marchands venant du Sud-Est asiatique s’accrut grandement avec la conversion à l’islam du puissant royaume du Gujerat sur la côte malabar en Inde à la fin du XIIIe siècle. Selon R.A. Blasdell, l’islam vint de l’Inde à Sumatra et de Sumatra à Malacca (23).

En 1414, le premier gouverneur de Malacca, Parasmeva, se convertit à l’islam, et plus tard, sous le règne du sultan Muzaffar Shah, l’islam s’établit comme religion d’Etat à Malacca. Après cette date, Malacca devint le point central de l’expansion de l’islam pour tout le Sud-Est asiatique. Entre 1449 et 1477, l’influence de l’islam fut ressentie à Ishor et Pahang ; plus tard, au XVe siècle, Kedah devint officiellement musulmane (24). Lors de la conquête portugaise en 1511, l’islam était fermement établie comme religion des Malais.

L’aptitude de l’islam à s’adapter

L’islam en Malaisie a pu établir un foyer important parmi les Malais car il avait la possibilité d’être modifié par l’adat (25). L’adat est une loi coutumière, originellement apportée par les Malais lors de leur migration de Sumatra, qui dirige aptitudes et actions dans toutes les relations humaines d’une tribu. C’est plus une coutume ou un ensemble de coutumes, fondées sur les valeurs qui sont enracinées dans la tradition ancestrale. Ces valeurs religieuses et philosophiques, qui forment le fond de l’adat, ne sont plus forcement tenues conscientes, mais elles gouvernent encore les relations humaines (26).

Un nouveau défi pour les aptitudes d’adaptation de l’islam vint sous la forme de la structure « moderne » des relations sociales, de l’accroissement de la mobilité et des nouvelles conditions économiques. Pour y faire face, les théologiens musulmans appelèrent à une libre interprétation des principes contenus dans le Coran et la Sunnah, habituelle dans les premiers jours de l’islam. Dans son article « Les musulmans en Malaisie et à Singapour : la loi de propriété matrimoniale » (27), Ahmad Ibrahim estime que l’adat lui-même peut être modifié pour s’adapter aux nouvelles conditions sociales et économiques.

Tandis que les « interprétations libres » des principes du Coran peuvent paraître aux observateurs pas moins que de subtiles substitutions, il y a d’autres signes de la relation que les Malais entretiennent avec l’islam et qui ont permis une fervente adhésion à travers des situations pourtant changeantes au cours des siècles. Wan A. Hamid, dans son article « Religion et culture du Malais moderne » (28), donne deux exemples de cette « libre interprétation ».

Le premier touche à l’interdit coranique du riba (prêt à intérêt). Le mot malais, inacceptable socialement, pour intérêt bunga’ a été remplacé par le mot faeda’ (bénéfice) qui, comme l’explique Wan Hamid, « semble plus acceptable pour la conscience malaise ». Le deuxième exemple concerne un groupe de théologiens qui se sont rencontrés pour discuter si le revenu d’une tombola de bienfaisance pouvait être utilisé pour construire des mosquées. Vu que les jeux d’argent sont interdits par l’islam, il fut décidé que le revenu serait versé au revenu général de l’Etat, que ce dernier allouerait un budget spécial au ministère du Développement rural qui, à son tour, donnerait des subventions à divers villes et villages pour construire des mosquées.

La religion chinoise

La religion chinoise pratiquée en Malaisie est fondée sur la religion classique en Chine qui a atteint son complet développement pendant dynastie des Chou (1122-1221 BC) et le début de la période Han, avant l’influence étrangère du bouddhisme et la naissance du taoïsme comme religion (29). Au temps de Confucius et de Lao Tse, elle était déjà bien établie. Elle fut utilisée par Confucius pour promouvoir la valeur éthique dominante de la piété filiale au sein de la structure hiérarchique de l’Etat, et par Lao Tse comme base de son élaboration du tao (30).

L’essentiel de la religion classique chinoise était la vénération du tien (ciel), pouvoir suprême dans l’univers dirigeant particulièrement les activités du monde spirituel. Sous le tien se trouve le shen, grand panthéon des dieux, chacun ayant une fonction définie pour réaliser l’équilibre des relations des esprits avec celles des hommes. Sous le shen, se trouve les kuei, multitude de plus petits esprits ou fantômes qui constituent les sujets du monde spirituel. Les relations entre les niveaux de cette structure hiérarchique se fondait dans le principe émis dans le Li Chi ( Livre des Rites’) : « Toute chose découle du ciel et l’homme prend son origine dans les ancêtres » (31).

Modification de la religion chinoise classique

Quand les trois courants de la vie chinoise de la dévotion (mahayana, bouddhisme, confucianisme et taoïsme, tous étant reliés à la religion chinoise classique) arrivèrent en Malaisie britannique durant l’immigration à grande échelle du XIXe siècle, ils furent ensuite modifiés par les nouvelles circonstances sociales où se trouvèrent plongés les Chinois (32). Ce fut une rupture avec la grande famille causée par l’immigration et par le fait que, bien qu’une large identité culturelle soit maintenue, il y avait un mélange considérable de groupes de différents dialectes. Vu que chacun de ces groupes avaient en Chine des coutumes différentes et un calendrier de culte différent en certaine occasion, ce fut naturel qu’une modification des traditions religieuses s’effectua. Les migrants venaient des basses classes du sud de la Chine et venaient pour faire de l’argent. Manquant d’une connaissance doctrinale du fait d’une éducation souvent pauvre et laissés libres par les Anglais d’être comme il leur plairait, orthodoxes ou non orthodoxes, les Chinois se tournèrent de plus en plus vers l’usage des esprits médiums et d’autres formes de divination qui pouvaient contribuer au succès de leur entreprise financière (33).

En général, les Chinois malaisiens simplifièrent les rites qu’ils avaient apporté de Chine. Par exemple, l’absence d’une large famille servant de noyau de prière, les tablettes des ancêtres gardées dans la maison pour un temps plus court, conduisit à raccourcir l’espace des générations à qui le culte s’adressait et à l’absence presque complète de salles familiales. Et puis encore à cause de l’humidité obligeant à inhumer les corps rapidement (moins de trois jours), l’élaboration des arrangements funéraires fut simplifiée.

Les aspects spécifiques de la religion chinoise

Une désignation courante de la religion chinoise en Malaisie est pai-shen : pai dénotant le mouvement des mains jointes de haut en bas (avec ou sans bâtons d’encens) et les autres mouvements du corps comme s’agenouiller et se courber ; shen, les dieux à vénérer chacun étant identifié avec un certain intérêt pour la maison, pour l’humanité, souci de santé, de richesse et autres besoins (34).

Les divinités les plus populaires sont le sympathique mélange des dieux taoïstes, les bouddhistes bodhisattvas, et les ancêtres déifiés, le tout prenant sa source dans le confucianisme. Kwan Yin, par exemple, est le double de la déesse taoïste, Tien Hou Shen Mu. Le nom signifie « celle qui entend le son des mortels, qui regarde le monde et entend ses cris ». Kwan Yin, par conséquent, est la déesse de la miséricorde, la Sainte Mère, la Reine du Ciel. D’un point de vue historique, elle est la bouddhiste bodhisattva Avolo-kiteswara qui arriva en Chine vers le Ve siècle et qui fut changée en déesse femme Kwan Yin. Puis il y a Kwan Ti, dieu de la guerre plutôt mal aimé, qui, ayant été fait prisonnier lors de sa première bataille, changea de camp et, après s’être échappé, changea à nou-veau de camp. Finalement, il essaya de prendre la forteresse de Kin Chan, échoua et se rendit. Fait prisonnier, il refusa de changer de camp une troisième fois et fut exécuté (35). Les dieux con-fucéens incluent Sam Po Tai Shan et Toh Peh Kong ; on a recours à ce dernier pour les démarches commerciales spécialement à Penang où un temple lui est dédié. Toh Peh Kong est l’exemple d’un dieu dont le culte a été créé par les Chinois en Malaisie (36).

Festivals et processions jouent un rôle important dans la vie des Chinois. Le festival le plus suivi est celui du jour de l’an, quand les dettes sont réglées, les ennemis pardonnés et les familles réunies à la maison du fils aîné pour renouveler la piété filiale et préparé un nouveau départ. Les autres fêtes importantes sont le Wesak (commémoration de la naissance de Bouddha) et le Kuei Chieh (festival des fantômes qui ont faim). Wesak est reconnu officiellement par le gouvernement. Selon la croyance populaire en ce qui concerne « les fantômes qui ont faim », les portes de l’Enfer s’ouvrent à minuit au dernier jour de la sixième lune (du calendrier lunaire chinois), et les fantômes qui ont été abandonnés par leur parenté, sortent pour se mêler aux vivants pendant trente jours. Ayant faim et laissés sans soin, ils sont enclins à la méchanceté jusqu’à ce qu’ils soient calmés. On évite la catastrophe en brûlant des bougies, des bâtons et des papiers d’encens et finalement en préparant de somptueux banquets pour ces fantômes (37). Une occasion moins sombre est le festival du gâteau de lune au 15e jour de la 8e lune qui débute par la célébration de la rébellion victorieuse contre les gouvernements mongols au XIVe siècle en Chine. Les rebelles utilisaient des gâteaux pour se faire passer des messages entre eux, tandis que les lanternes qui font partie intégrale du festival étaient utilisés pour des signaux transmis de colline en colline (38).

A travers tous ces festivals et ces expressions culturelles se retrou-vent le thème de la solidarité familiale. Le festival du nouvel an renforce les valeurs morales de l’optimisme, de l’harmonie et de la bonne volonté ; Ch’ing Ming (le rite de balayer les tombes) rap-pelle les liens de parenté ; le festival « des fantômes qui ont faim » renforce la responsabilité commune envers les malheureux (39).

Il y a quatre traits principaux habituels dans ce que Ray Nyce appelle la « religion folklorique » des Chinois en Malaisie. Le premier trait concerne l’orientation de la dévotion envers une large catégorie d’esprits bienfaisants classés sous le termes générique de shen, avec une croyance vaguement définie dans une autorité supérieure (tien). Deuxièmement, il y a une large orientation envers la vie, visible et invisible, avec une intimité que l’on trouve dans le modèle des relations immédiates. Le troisième trait consiste en une sensibilité pour l’activité dans le monde en dehors ou à l’écart du modèle des relations intimes. L’activité naît avec l’interaction des principes universels yin et yang. Elle devient une affaire de souci personnel avec l’action des démons et l’intercession du shen. Le but personnel vers lequel l’adorateur cherche à changer cette activité est l’accumulation de la richesse et d’autres bénéfices. Le dernier trait inclut l’effort vers le salut. En termes théologiques, ceci est généralement décrit comme la protection contre les démons. En termes de but concret, c’est généralement la guérison (40).

Le bouddhisme

Le bouddhisme, qui est le plus souvent identifié aux Chinois, est aussi la religion des Thaïs, en plus petit nombre des Cinghalais et des Birmans dans le pays. La présence du bouddhisme chinois dans la région date au moins du début du IXe siècle quand le pèlerin bouddhiste chinois, I Tsing, rapporta que la capitale de l’empire maritime de Sri Vijaya (Palembang dans le sud de Sumatra) était un centre important d’études du bouddhisme (41). C’est avec l’établissement d’une communauté chinoise à Malacca au XVe siècle que le bouddhisme pris d’abord racine en Malaisie. Le temple Cheng Hoon Ten a la réputation d’être le plus ancien temple bouddhiste en Malaisie. Pour ce qui est du bouddhisme parmi les Chinois de Malaisie aujourd’hui, il est associé avec les grandes vagues d’immigrants qui arrivèrent au XIXe siècle et après. La majorité de ces Chinois appartiennent à l’école bouddhiste mahayana, mais tardivement un certain nombre ont embrassé le bouddhisme theravada, tandis que beaucoup suivent les deux écoles.

Bien que les sociétés bouddhistes soient autonomes, nombreux sont devenus membres du centre régional en Malaisie pour la Confédération mondiale des bouddhistes qui a tenu sa première conférence internationale en 1950. Cette organisation a pour but de rassembler les diverses écoles et formes du bouddhisme trouvées dans différents pays, et d’établir une coopération entre elles pour servir les buts du bouddhisme. Elle a des centres régionaux, en plus de la Malaisie, en Thaïlande, en Birmanie, au Vietnam, au Cambodge, au Laos, au Japon, au Népal, au Sri Lanka, à Singapour et en Indonésie. Aujourd’hui, l’organisation principale pour les Chinois bouddhistes est l’Association bouddhiste malaisienne.

Le bouddhisme theravada

Les bouddhistes originaires du Siam, de Ceylan et de Birmanie suivent l’école theravada. Elle est pratiquée par les Malaisiens et les Thaïs dans les Etats voisins de Kelantan, Kedah et Perlis qui ont subi l’influence thaïe au cours des trois derniers siècles. Au Kelantan, il y a de nombreux temples et monastères bouddhistes thaïs. Le beau Wat Putharamaran à Repek (Pasir Mas, Kelantan) est le centre du bouddhisme thaï dans cet Etat. On peut aussi trouver des temples bouddhistes à Perlis, Kedah, Penang, Taiping, Ipoh et Kuala Lumpur.

Au sud de Penang et de Kelantan, la plupart des bouddhistes theravada sont cinghalais. La toute première fondation bouddhiste connue dans le pays est le temple bouddhiste cinghalais de Jalan Berhala (Brickfields, Kuala Lumpur), construit sur un terrain donné par le gouvernement colonial et consacré en 1894. Le temple fut construit par le Sasana Abiwurdhi Wardhana (Dispensation de la Société bouddhiste) qui a là son siège aujourd’hui. C’est aussi le quartier général de la société bouddhiste (fondé en 1962) ; la plupart de ses activités sont dispensées en langue anglaise. Les bouddhistes de Birmanie s’occupent d’un temple à Penang, un des plus anciens temples dans l’île (42).

L’hindouisme

Il y a eu des influences hindoues en Malaisie depuis l’aube de son histoire, mais l’hindouisme de la période hindoue dans l’histoire de la Malaisie a peu de rapport avec l’hindouisme pratiqué dans le pays aujourd’hui. L’hindouisme brahmane, qui fleurissaient à la cour des petits Etats malaisiens avant l’arrivée de l’islam, était une religion aristocratique soutenant l’autorité de la classe dirigeante. Il avait été importé de l’Océan Indien par les premiers marchands hindous. Mais l’hindouisme pratiqué aujourd’hui en Malaisie est l’hindouisme des colons venus dans le pays au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle, la plupart cultivateurs sous contrats, avec une légère couche d’immigrants éduqués à l’anglaise qui donnèrent la base pour une communauté de classe moyenne urbaine. On estime que 83,66 % des Indiens malaisiens pratiquent l’hindouisme (43).

Ces hindous viennent de l’hindouisme connu comme bhakti. Le Bhagavad-Gita offre trois chemins vers l’absolu : le chemin du savoir (jnana), le chemin de l’action (karma) et le chemin du bhakti. Bhakti est une attitude et un sentiment spécifiquement religieux dont les aspects essentiels sont la foi, l’amour et l’abandon confiant en Dieu. C’est une participation affective de l’âme dans la nature divine, le plus intense amour pour Dieu, un penchant du cœur pour le seigneur suprême dont la grandeur se réalise plus ardemment dans l’âme et le religieux (44).

Avec une influence quasi négligeable de l’aspect brahamique, les extrêmes du système des castes ne sont pas très apparents en Malaisie. Cependant, les mécanismes de plus étroites sous divi-sions de castes sont présents même si le fait que les Indiens sont minoritaires dans un pays non hindouiste a atténué les barrières rigides des castes, à l’exception des cas de mariages. Les catho-liques indiens sont peu disposés à admettre que les distinctions de castes jouent un rôle au sein de leur communauté (45).

Avec le Bhagavad-Gita, nous avons le tournant définitif qui sépare le monisme panthéistique, présent aussi dans les Upanishads, du fervent théisme des cultes du bhakti (46). Alors que c’était Krishna qui devenait l’objet premier du culte dans les terres tamoules du sud de l’Inde, il y avait un mouvement semblable parmi les adorateurs de Siva. L’intense esprit de dévotion des saivites trouvait son expression dans le Saiva Siddhanta, grandement influencé par le Svetasvatara Upanishad et par les écrits des saints tamouls saivites. Pour les Saiva Siddhanta, Dieu est amour. Toute leur conception de Dieu, et Dieu dans sa relation avec le monde, se trouve plus près de la chrétienté que n’importe quel autre système ; pour eux, Dieu est amour et chaque action divine découle de la bonté de Dieu pour ses créatures (47).

Les Indiens de Malaisie adhérant à la foi hindouiste suivent géné-ralement le culte saivite. Certains sont Vaishnavites et des images de Krishna du Bhagavata Purana, entouré de gopis séduisants ou accompagné par Radha, sa compagne favorite, peuvent être vues sur les murs de beaucoup de maisons indiennes (48).

Festivals et rites hindouistes

Pour les Indiens de Malaisie, il y a trois festivals hindouistes importants, Deepavali, Thaipusam et Thai Ponggal. De nombreux autres, en lien avec des temples locaux, sont aussi observés.

Deepavali/Diwali ou le festival des lumières est un des plus largement célébrés. Il tombe quand la lune est à son déclin dans le mois hindou de Kartik qui correspond à une période en octobre/novembre. Plusieurs légendes entourent les origines de ce festival, la plus familière est celle de la victoire de Sri Krishna, la réincarnation de Vishnou, sur le roi démon Narakasuta. Dans tous les cas, c’est l’occasion de célébrer le triomphe du bien sur le mal, symbolisé par les lumières des lampes à huile qui dispersent l’obscurantisme. Au matin du festival, les membres de la famille hindoue se lèvent à l’aube, prennent un bain d’huile végétale, mettent des habits neufs et prient. Ensuite, ils se rendent généralement au temple. Parfois, les familles offrent prasadam (nourriture végétarienne bénie) pour les défunts. Pour les enfants, de même que pour les musulmans au Hari Raya Puasa et pour les Chinois à leur nouvel an, Deepavali est le jour des nouveaux habits, plein de nourriture et d’amusement.

Thaipusam est un festival originaire du Tamil Nadu, en Inde, qui depuis longtemps est célébré en Malaisie. Son nom vient de celui du mois tamoul thai (janvier/février) quand la constellation Pusam est ascendante. C’est une célébration liée à la pénitence et l’expiation. C’est aussi un festival relié à l’accomplissement de vœux. Si une personne a reçu la faveur pour laquelle il priait, il peut décider de justifier cette grâce en faisant pénitence pendant le Thaipusam. La préparation implique un jeûne rigoureux (entre une semaine et trois mois) durant lequel il s’adonne à la prière et s’abstient de tous plaisirs sensuels. Au matin du festival, il va au temple, se baigne, revêt des robes couleur safran et se présente au prêtre. Celui encense le porteur de kavadi, en priant Subramanya, pendant que les autres dévots se joignent en chantant. La plupart du temps, le porteur de kavadi tombe en transes. S’il le fait, on lui perce la langue et les joues avec des broches métalliques et puis de longues aiguilles sont glissées sous la peau de son corps, les extrémités rattachées au kavadi, une arche comme une charpente en fer gaiement décorée. Aucun sang ne coule. Le dévot rejoint la procession, charriant son kavadi entouré des chants de ses parents et de ses amis, quelque fois sur quelques kilomètres, jusqu’au temple principal de la ville. Là, on lui retire les aiguilles, on lui badigeonne le corps avec des cendres et il rentre chez lui, son vœu accompli (49).

Thai Ponggal est le festival de la moisson qui tombe au début du mois de thai. La saison de la moisson est absorbée par le festival qui offre les libéralités des dieux à eux mêmes en retour pour approbation. Les festivités débutent avec le nettoyage de la maison et des feux de joies alimentés par des affaires abandonnées. Du riz parfumé est offert au dieu du ciel, Surya, et un pot de pongga (lait, riz, sucre et dhal) est posé sur le fourneau. Quand il commence à bouillir, ce symbole de prospérité est marqué par les mugissements de la trompe de conque et des cris de « ponggol, ponggol ! »

Mais les festivals ne sont pas la partie centrale de la religion hindoue. Presque chaque hindou a trois principales divinités : le dieu du village ou de la ville où il vit, le dieu de la famille et son dieu personnel. Comme le décrit Ryan, « le dieu du village et de la famille est déterminé par la naissance. Le dieu du village est généralement adoré dans le temple et, une ou deux fois l’an, une fête est donnée en l’honneur de sa divinité. Le dieu de la famille aura le plus souvent un autel dans la maison ou dans l’enclos. De courtes prières seront dites chaque jour. Le dieu personnel sera adoré dans la pièce ou bien une petite réplique sera portée autour du cou » (50).

La formation d’associations de jeunes hindous à travers la pénin-sule veut être une coordination des diverses organisations hin-doues. La première conférence hindoue malaisienne se tint en 1954 et donna naissance à la formation d’un Conseil hindou pour la Malaisie, qui fonctionne aujourd’hui en tant que sangam hindou malaisien (établi en 1965). Le sangam est responsable de la coordination des divers besoins de la communauté religieuse hindoue et a le soutien de plus de 400 temples dominants et d’ins-titutions religieuse (51). La mission Ramakrishna et la société Vivakananda représentent les mouvements de réformes com-mencés dans ce pays quelques décennies avant la seconde guerre mondiale. Ils visent la purification de la religion en la débarrassant de ses aspects vieillots et hors de propos. Ces deux mouvements ont joué un rôle important pour préserver et propager les valeurs hindoues. D’autres groupes aux buts identiques incluent la Société de vie divine et la Société pour la connaissance de Krishna.

Le sikhisme

La communauté sikh en Malaisie doit ses débuts dans le pays aux Britanniques et en particulier au recrutement des sikhs pour les paramilitaires malaisiens et les unités de police qui formèrent le noyau duquel la police moderne et les forces militaires de la nation sont issus. La première de ces unités fut les sikhs de Perak. Les guides des Etats malaisiens, quelques années plus tard, furent aussi composés largement de sikhs. Les sikhs continuèrent d’être le plus souvent identifiés avec les services militaires et de sécurité mais, de 1930 à 1950, il y eut une augmentation remarquée du nombre des sikhs présents dans les domaines professionnels, commerciaux et techniques. Les principaux lieux où ils se sont alors établis sont Penang, Perak et Selangor.

A présent, la population sikh en Malaisie est estimée entre 40 000 et 50 000 personnes, soit environ 3 % de la communauté indienne dans la population nationale (52). Il y a maintenant deux organisations principales qui supervisent et coordonnent les intérêts des sikhs dans le pays : Poneh Khalsa Diwan Malaysia et Sikh Naujawan Sabha Malaysia.

On peut trouver des temples sikhs dirigés par des communautés locales à Penang, Taiping, Ipoh, Kuala Lumpur, Seremban et dans d’autres plus petites lieux où il y a une communauté sikh. Les comités du temple sont formés par l’association locale. Les temples eux-mêmes servent de centres sociaux et de réunions et souvent fournissent l’instruction de la lecture du Gurmukhi (dans lequel est écrit le Granth, leurs saintes écritures)

Les trois catégories principales des sikhs, à savoir Malawa, Majha, Dhoaba, sont toutes représentées en Malaisie. Dans les centres importants, il y a des temples séparés pour chaque groupe, mais ailleurs les temples sont conservés grâce aux efforts communs des trois groupes. Les principaux festivals sikhs sont les anniversaires des naissances et des morts du Guru Nanak et de Govind Singh, Vasakhi et le nouvel an Sikh.

La chrétienté aujourd’hui

Les chrétiens, une petite minorité dans le pays, peuvent être subdivisés en 19 dénominations. La liste ci-dessous indique l’année de leur établissement dans la péninsule malaisienne (53).

Catholiques romains1511

Anglicans1809

Frères chrétiens1859

Eglise Presbytérienne1881

Eglise chrétienne de Bâle1882

Méthodistes1891

Eglise évangélique luthérienne1907

Adventistes du 7e jour1911

Eglise syrienne Mar Thoma 1926

Eglise du Vrai Jésus1927

Mission évangélique de Bornéo1928

Assemblée de Dieu1935

Eglise pentecôtiste1936

Commission chrétienne évangélique1951

Eglise luthérienne 1953

Convention malaisienne baptiste1953

Eglise évangélique libre1964

Eglise de la Deuxième pluie1975

Assemblée de l’Evangile intégral1978

En 1985, dans une importante initiative, les responsables des Eglises des différentes traditions existantes dans le pays se rencontrèrent et établir un corps chrétien national.

La Fédération chrétienne de Malaisie (CFM)

La Fédération chrétienne de Malaisie (CFM) est l’organe chrétien national représentant les Eglises et les organisations de l’Eglise catholique en Malaisie, du Conseil des Eglises (protestantes) en Malaisie, et de l’Association nationale chrétienne évangélique. La CFM a été formée en février 1985 et a reçu son certificat d’enregistrement le 14 janvier 1986 (54). En tant que corps chrétien national, le CFM agit au nom de la communauté chrétienne en relation avec le gouvernement et les autres communautés religieuses.

L’objectif premier de la CFM est de réunir tous les chrétiens qui acceptent l’autorité de la Sainte Bible et qui souscrivent aux doctrines cardinales de la chrétienté édictées par le Symbole les Apôtres. Son second objectif est de renforcer et d’étendre, partout où c’est possible, par le dialogue et la consultation, les domaines communs d’entente entre les différents groupes chrétiens dans le pays. Elle prend soin des intérêts de la communauté chrétienne dans son ensemble en ce qui concerne plus spécialement la liberté religieuse et les droits inscrits dans la Constitution fédérale. La CFM représente la communauté chrétienne en Malaisie sur toutes les questions qui la touchent ou qui ont un intérêt pour elle. Son dernier objectif est de consulter et de travailler avec le gouverne-ment et les corps non gouvernementaux (religieux et séculiers) à tous les niveaux administratifs, sur les sujets d’intérêts communs.

Le Conseil des Eglises (protestantes) en Malaisie (CCM)

Le Conseil des Eglises en Malaisie est composée des organisations et Eglises suivantes : Eglise anglicane, Eglise chrétienne de Bâle, Eglise évangélique luthérienne, Eglise luthérienne, Eglise syrienne Mar Thoma, Eglise méthodiste, Eglise syrienne orthodoxe, Eglise presbytérienne de Malaisie, Eglise protestante à Sabah, Armée du Salut, Société biblique, Brigade des garçons, Association des jeunes hommes chrétiens, Association des jeunes femmes chrétiennes, le YWCA national, le Séminaire théologique de Malaisie et le Mouvement des étudiants chrétiens.

En 1913, une assemblée consultative était formée pour travailler à une coopération œcuménique. Elle conduisit finalement à la formation du Conseil des Eglises de Malaisie et Singapour en 1948, assemblée consultative et non législative. En 1973, elle devint officiellement le Conseil des Eglises de Malaisie (55).

L’Association chrétienne évangélique nationale (NECF)

Les dénominations représentées dans cette association incluent les Assemblées de Dieu, les Baptistes, les Frères chrétiens, la Commission évangélique chrétienne nationale, la Deuxième pluie, les Presbytériens, Sidang Injil Borneo et les Indépendants.

Le Conseil consultatif malaisien pour le bouddhisme, le christianisme, l’hindouisme et le sikhisme (MCCBCHS)

Le Conseil consultatif malaisien pour le bouddhisme, le christianisme, l’hindouisme et le sikhisme (connu en bahasa melayu comme Majlis Perundingan Malaysia bagi Ugama Buddha, Kristian, Hindu dan Sikh) fut discuté pour la première fois en 1981. En août de cette année, des déclarations furent émises par les autorités gouvernementales et d’autres en ce qui concernait le statut ultime de la Malaisie comme Etat islamique. De telles déclarations inquiétèrent les responsables des religions non musulmanes et ceux-ci profitèrent de cette occasion pour se réunir et promouvoir des idées d’intérêts mutuels, et aider à l’édification d’une nation où l’harmonie religieuse et raciale puisse régner.

Pour cela, à une rencontre informelle organisée cette même année, une décision fut prise. Malgré les différentes religions, le groupe pourrait parler d’une seule voix sur les sujets d’intérêts communs. Il y eut accord pour former une organisation qui pourrait travailler à un dialogue plus ouvert et à une coopération non seulement avec les bouddhistes, les chrétiens, les hindous et les sikhs mais aussi avec les musulmans dans la réalisation d’une société multireligieuse et multiraciale en Malaisie.

Le MCCBCHS, qui fut officiellement enregistré comme société le 6 août 1983, a trois buts principaux. Des efforts sont faits pour promouvoir la compréhension, le respect mutuel et la coopération entre les gens de différentes religions. Le deuxième but est d’étudier et de résoudre les problèmes affectant les relations interreligieuses. Troisièmement, le MCCBCHS enverra des représentants en ce qui concerne les affaires religieuses quand cela sera nécessaire (56). Le MCCBCHS est l’organe représentatif des quatre principales religions non musulmanes de Malaisie. Dans l’assemblée, les bouddhistes sont représentés par l’Association malaisienne bouddhiste et la Sasana Abhiwurdi Wardhana Society, les chrétiens par la Fédération chrétienne de Malaisie et les sikhs par le Gurdawara Council of Malaya et le Khalsa Diwan Malaysia.

La constitution de ce conseil prévoit une rotation pour la position du président parmi les quatre religions. Elle prévoit que le président ne conserve pas cette fonction plus de deux ans, et l’unité de l’assemblée est améliorée par la pratique d’une recherche de consensus des quatre religions avant de prendre des décisions. Au cours des dix premières années de son existence, le MCCBCHS a eu cinq responsables religieux différents : l’archevêque Dominique Vendargon (christianisme), le révérend Dr. Kim Beng (bouddhisme), M. Joginder Singh (sikhisme), M. A. Vaithiglingam (hindouisme) et Mgr Denis C. Dutton (christianisme), pour présider l’assemblée. Malgré leurs diverses coutumes et pratiques religieuses, ces responsables ont cherché à travailler dans une vision commune d’unité dans la diversité.

Le catholicisme

La structure de l’Eglise en Malaisie

L’Eglise catholique en Malaisie compte huit diocèses, trois dans la péninsule, trois à Sarawak et deux à Sabah. Dans la péninsule malaisienne, il y a l’archidiocèse de Kuala Lumpur, le diocèse de Malacca Ishore et le diocèse de Penang. Sarawak a l’archidiocèse de Kuching, le diocèse de Sibu et le diocèse Miri-Brunei (jusqu’en février 1998 quand fut établie la préfecture apostolique de Brunei Darussalam). A Sabah, se trouve les deux diocèses de Kota Kinabalu et de Keningau.

Mgr Luigi Bressan, dcl, nonce apostolique pour la République de Singapour, le Cambodge et la Thaïlande, et qui est en même temps délégué apostolique au Laos, en Birmanie, en Malaisie et à Brunei, a pris son affectation le 27 août 1993. Avant cette affectation, il a été nonce apostolique à Islamabad (de 1989 à 1993) (57). Docteur en droit canon, il est entré au service diplomatique du Saint-Siège en 1971. Il a servi comme secrétaire aux nonciatures de Corée, de Côte d’Ivoire et du Brésil, de même qu’aux Missions permanentes du Saint-Siège aux Nations Unies à Genève et au Conseil européen à Strasbourg. Mgr Luigi Bressan a été remplacé par Mgr Adriano Bernardini, nommé nonce apostolique et délégué apostolique le 24 juillet 1999.

Mgr Anthony Sother Fernandez fut nommé archevêque de Kuala Lumpur le 30 juillet 1983, et pris son poste le 10 novembre 1983. Il succédait à Mgr Vendargon, psm, qui, après onze années à la tête du diocèse, s’est retiré le 30 juillet 1983. L’archevêque est assisté par l’évêque auxiliaire Murphy Pakiam, nommé le 1er avril 1995 et ordonné évêque le 4 octobre 1995 (58).

Mgr James Chan Soon Seong, nommé évêque du diocèse de Malacca-Ishore le 22 décembre 1972, fut ordonné évêque six mois plus tard, le 8 juin 1973. Mgr Anthony Selvanayagam était évêque auxiliaire de Kuala Lumpur quand il fut élu sur le siège de Penang le 30juillet 1983 et installé le 8 novembre de la même année (59).

En Malaisie orientale, Mgr Peter Chung Hoan Ting, dcl, fut nom-mé archevêque de Kuching le 31 mai 1976, ayant été le premier évêque local depuis le 15 novembre 1970 (60). Il est assisté par l’évêque auxiliaire John Ha Tiong Hock, ssd, dont la nomination par le pape Jean-Paul II prit effet le 30 janvier 1998 (61).

Mgr Dominic Su Haw Chiu fut ordonné évêque de Sibu le 6 janvier 1987. Pour le diocèse de Miri, Mgr Anthony Lee Kok Hin fut ordonné évêque le 20 novembre 1977. La préfecture apostolique de Brunei Darussalam fut établie le 22 février 1998, et Mgr Cornelius Sim y fut établi comme premier préfet aposto- lique (62). A Sabah, l’ordination de Mgr Jon Lee comme évêque de Kota Kinabalu pris place le 26 juin 1987. Quand Keningan devint un diocèse, son premier chef fut ordonné Cornelius Piong, ordonné évêque le 6 mai 1993 (63).

La Conférence épiscopale de Malaisie

Les chefs des diocèses en Malaisie mentionnés ci-dessus, ensemble avec l’évêque de Singapour, sont membres de la Conférence épiscopale catholique de Malaisie, Singapour et Brunei. Une des raisons de la formation de cette conférence est de permettre à la hiérarchie de cette région d’exercer ensemble des services pastoraux en développant le plus grand bien que l’Eglise offre à l’humanité, spécialement par des formes et programmes d’apostolat adaptés aux circonstances du moment (64).

La conférence vise à fortifier l’esprit de communion et la responsabilité commune des évêques des régions, permettant aux évêques d’agir sur des affaires d’intérêt commun et pour le bien commun de l’Eglise locale, de poursuivre une politique commune autant que possible dans un esprit de coopération et de coordination dans l’exercice de leur office pastoral, et d’établir des relations avec les autres conférences épiscopales.

La population catholique en Malaisie

La population catholique en Malaisie (estimation de 1996) (65) était de 676 094 âmes. Comme le montre le tableau ci-dessous, une majorité de ces catholiques sont installés en Malaisie orientale.

Répartition des catholiques en Malaisie (1996)

DiocèseNombre de catholiques

Archidiocèse de Kuala Lumpur 81 952

Diocèse de Malacca-Johor 31 315

Diocèse de Penang 65 000

Archidiocèse de Kuching105 800

Diocèse de Sibu 79 000

Diocèse de Miri-Brunei (66) 64 774

Diocèse de Kota-Kinabalu171 426

Diocèse de Keningau 76 827

Total :676 094

Comparé à la population nationale totale de 21 169 000 (1996) (67), le pourcentage des catholiques en Malaisie en 1996 atteint 3,19 %, avec 1,18 % pour Sarawak, 1,17 % pour Sabah et les 0,84 % restant pour la péninsule malaisienne comme le montre le tableau ci-dessous :

Répartition des catholiques en Malaisie (pourcentage) (1996)

LieuxNombre totalEn %Proportion de catholiquesProportion de catholiques

de catholiquesrapportée à la populationrapportée à la population

de l’Etatde la Féd. de Malaisie

Sarawak249 574 36,9111,241,18

Sabah248 253 36,7210,271,17

Péninsule

malaisienne178 267 26,37 1,190,84

Total :676 094100,03,19

Selon l’Annuaire catholique de 1996, Sarawak a 2 200 000 habitants, Sabah 2 418 087, et la péninsule malaisienne, 14 942 700. A Sarawak, cette même année, 11,24 % de sa population étaient catholiques. A Sabah, la proportion était de 10,27 % tandis que pour la péninsule malaisienne, les catholiques atteignaient 1,19 %. Du total national de 676 094 catholiques, 36,91 % étaient à Sarawak, 36,72 % à Sabah et 26,37 % dans la péninsule.

Les congrégations religieuses en Malaisie

Vingt-deux congrégations religieuses œuvrent au service de l’Eglise catholique en Malaisie (68). Dix d’entre elles sont des ordres religieux masculins, les autres étant des ordres féminins. Ces congrégations sont énumérées en fonction de la date de leur première arrivée en Malaisie.

Société de Jésus (sj) (69)

La Société de Jésus fut fondée en 1540 par saint Ignace de Loyola, un Espagnol. Ayant comme devise Ad maiorem Dei gloriam ( Pour la plus grande gloire de Dieu’), les jésuites cherchèrent toujours à faire ce qui amènerait la plus grande gloire de Dieu. Le premier jésuite à venir en Malaisie fut saint François Xavier qui arriva à Malacca 1545. Il fut suivi, trois ans plus tard, par deux jésuites qui établirent la première résidence jésuite et une école à Malacca. Les jésuites en furent expulsés avec d’autres clercs et religieux après la prise de la cité par les Hollandais en 1641. La résidence jésuite fut choisie par les Hollandais pour abriter leur quartier général ; elle devint ensuite le palais du gouverneur.

En 1955, l’évêque du nouveau diocèse de Kuala Lumpur, Mgr Dominique Vendargon, invita les jésuites à travailler dans son diocèse. Le P. Paddy Joy vint de Singapour et demanda aux autorités de Petaling Jaya un terrain pour construire une Eglise et un centre de jeunes. L’Eglise Saint François Xavier, à Petaling Jaya, fut officiellement inaugurée le 22 février 1961. Le centre de jeunes, le Xavier Hall, fut terminé en mai 1961.

La Société des Missions Etrangères de Paris (mep)

Cette congrégation fut fondée par Mgr François Pallu et Mgr Lambert de la Motte en France. Les débuts du Séminaire des Missions Etrangères de Paris datent de 1659. L’approbation du pape fut donnée le 16 août 1664. Les missionnaires français étaient en Asie depuis 1662 et beaucoup fut fait par les premiers missionnaires pour établir l’Eglise dans les formes que nous connaissons aujourd’hui. La première rencontre des missionnaires français avec le Sud-Est asiatique se fit au Siam puis, de là, avec la Malaisie. Expulsés du Siam, les deux premiers missionnaires mep du Siam, le P. Coude et le P. Garnault, arrivèrent à Kuala Kedah en 1781 et à Penang en1786. L’église de l’Assomption (maintenant cathédrale) fut établie en 1786 et devint de diverses manières l’église mère des Missions françaises. C’est de là qu’en 1821, des visites furent rendues à Singapour. Ce n’est pas la politique de la société de recruter des vocations locales pour augmenter ses membres, mais de former des locaux à prendre des responsabilités dans l’Eglise et à être prêts à coopérer.

Les Frères des Ecoles chrétiennes (fsc)

Connus aussi comme les Frères de la Salle, cette congrégation fut fondée en France en 1680 par saint Jean-Baptiste de la Salle. Le fondateur vit le besoin d’apporter l’éducation aux pauvres car les écoles étaient alors réservées aux riches. En 1852, le premier groupe des Frères de la Salle arriva à Penang en Malaisie où les frères établirent leur première école, l’Institution Saint Xavier. La mission de cet institut est de donner une éducation chrétienne et humaine aux jeunes, particulièrement les pauvres, en accord avec le rôle que l’Eglise lui a confié.

Les Sœurs de l’Enfant Jésus (ij)

La congrégation des Sœurs de l’Enfant Jésus fut fondée en France en 1662, par le bienheureux Nicolas Barré, un religieux de l’ordre des Minimes. Sa mission est de faire connaître et aimer le Christ, par l’éducation et l’instruction, en particulier aux simples et aux pauvres. Le ministère des Sœurs de l’Enfant Jésus inclut l’éducation formelle dans les écoles, l’éducation générale dans les centres urbains et ruraux, le travail avec les jeunes (tenir des maisons pour les désavantagés physiques et intellectuels, assurer le travail paroissial). La première maison en Malaisie fut établie en 1852 au couvent de l’Enfant Jésus (Light Street, Penang).

La Société Saint Joseph de Mill Hill (mhm)

Mill Hill est une des banlieues résidentielles du nord ouest de Londres. C’est là qu’un jeune prêtre, le P. Herbert Vaughan, commença, en 1866, la première société missionnaire anglaise appelée Société Saint Joseph des Missions Etrangères, dont les membres au cours du temps sont devenus connus comme « les missionnaires de Mill Hill ». La mission de la société n’est pas définie par des règles et des statuts. « Aller là où les besoins sont les plus grands » a inspiré les membres de la société pour entreprendre n’importe quel travail missionnaire demandé ou suggéré en fonction du pays, des gens et des circonstances. « Aller là où le pape les envoie » explique la présence des Mill Hill dans différents pays des cinq continents.

Les prêtres et les frères de la société sont établis à Sabah et à Sarawak depuis 1881. Longtemps après leur arrivée, les pères de Mill Hill furent les seuls prêtres de cette région. Durant ces cent dernières années (1881-1981), ce n’était pas la politique de la société de recruter des vocations locales pour augmenter leurs effectifs. Depuis 1988, cependant, la société a ouvert ses portes pour des candidats locaux afin devenir missionnaires Mill Hill. La maison de formation pour cette région se trouve à Iloilo City, aux Philippines.

Les Filles de la Charité de Canossa (fdcc)

La congrégation FDCC fut fondée à Vérone, Italie, en 1808 par sainte Madeleine de Canossa dont le principe directeur était : « Notre vie doit être bâtie sur l’amour ». En 1894, les premières sœurs de Canossa furent invitées à Singapour où elles établirent le couvent de Saint Anthony. La mission portugaise résidant à Malacca demanda aux sœurs de Canossa de s’occuper de la formation et l’éducation des descendants de la colonie portugaise. Le 5 mai 1905, quatre sœurs de Canossa quittèrent la communauté de Singapour pour Malacca. Elles s’établir dans une vieille maison à Bandar Hilir et reprirent l’organisation d’une école pour garçons et filles à Tranquerah.

Les Sœurs de Saint François de Sarawak (ssfs)

L’ordre SSFS est une congrégation religieuse de droit diocésain avec des vœux temporaires et perpétuels. Il suit pratiquement la règle du troisième ordre séculier de saint François d’Assise et sa propre constitution approuvée par le Saint-Siège. La congrégation fut fondée à Kuching, Sarawak, en 1928, par Mgr Edmond Dunn, un missionnaire de Mill Hill. Connues au début comme « les petites sœurs de Sarawak », cet ordre local changea son nom, en 1971, en « sœurs de Saint François de Sarawak ». Les sœurs ont comme vision, la promotion de la gloire de Dieu par la fidélité à leur vocation et par le maintien de l’idéal franciscain de construire sur terre le royaume de Dieu. Leur mission inclut le service auprès des pauvres, des nécessiteux, des malades et des ignorants. La première maison fut établie au couvent de Marie Immaculée, à Padungan, Kuching, Sarawak, en 1928.

Les Sœurs franciscaines de l’Immaculée Conception (fsic)

La congrégation des FSIC fut fondée par Mgr August Watcher, un missionnaire de Mill Hill à Kota Kinabalu, Sabah, en 1933. Leur vision est de vivre et de partager l’amour du Christ avec tous, particulièrement quand c’est le plus nécessaire. La mission de ces sœurs est d’apporter Dieu dans la vie des gens où qu’ils soient, par leur vie et leur exemple. Le ministère des sœurs FSIC englobe l’assistance des paroisses, ainsi que l’infirmerie, l’éducation, l’assistance aux personnes âgées et aux orphelins. La première maison fut établie à Limbahau (Tapar) en 1933.

Les Frères des Ecoles maristes (fms)

L’ordre FMS fut fondé à Lyon, France, en 1887, par saint Marcellin Champagnat, un prêtre. Son nom, à l’origine, fut « petits frères de Marie ». Cette congrégation se consacre essentiellement à l’enseigne-ment religieux en voulant apporter une bonne éducation aux jeunes. En 1891, six frères allèrent en Chine comme missionnaires. Ils prirent soin des besoins d’éducation des gens jusqu’à ce qu’ils furent expul-sés par les communistes en 1949. Les frères se replièrent alors en Ma-laisie et à Singapour. Les premières maisons établies furent Champa-gnat House, à Singapour, et l’Ecole Sam Tet à Ipoh, Perak, en 1950.

Les Frères de la miséricorde (fmma)

En 1850, avec l’accord de l’évêque de Trêves en Allemagne, le bienheureux Peter Friedhofen fondait la Congrégation des Frères de la Miséricorde de Marie, Secours des chrétiens. Les frères partirent en mission en Chine en 1933, et furent bien reçus par les gens. Mais avec l’arrivée du régime communiste, les frères furent expulsés de Chine en 1951. A la demande de l’ancien archevêque Michel Olcomendy, ils vinrent en Malaisie, arrivant à Scudai, Sohore, en 1952. Ils offrirent des services médicaux dans les villages. De Ishore, ils allèrent exercer dans Perak à Kampar, Batu Gajah, Ipoh et plus tard étendirent leurs services à Permatang Tinggi dans la province Wellesley. Aujourd’hui, les frères tiennent un hôpital à Ipoh nommé « Hôpital Fatima ».

Les Petites sœurs des pauvres (lsp)

La première petite sœur des pauvres, la bienheureuse Jeanne Jugan, est née à Cancale, un village de pêcheurs près de Saint-Servan, en France. Elle fonda l’ordre LSP en 1893. La mission spéciale des LSP est de répondre aux besoins des personnes âgées aux ressources modestes. Leur vision est d’atteindre les plus désavantagés, pour manifester le respect pour la vie en toute circonstance, et pour témoigner de la valeur du grand âge et des richesses qu’il porte pour les générations à venir. Les petites sœurs des pauvres vinrent s’établir en Asie en 1882, établissant une maison à Calcutta. Ceci fut rapide-ment suivi par des fondations au Sri Lanka, à Rangoon, à Shanghai, à Hongkong, à Singapour et en Malaisie. La première maison en Malaisie fut établie en 1952 à Batu Lanchang Lane, Penang. En 1963, une autre maison était établie à Cheras, Kuala Lumpur.

Les Missionnaires franciscains de Marie (fmm)

L’Institut des Missionnaires de Marie fut fondée en Inde, en 1877, par Mère Marie de la Passion. Elle était missionnaire en Inde et comprit le