Eglises d'Asie

Des musulmans chiites ont été arrêtés pour le simple fait de ne pas appartenir à l’islam sunnite, majoritaire parmi les musulmans de Malaisie

Publié le 18/03/2010




Suaram, une organisation locale de défense des droits de l’homme, a fait savoir vendredi 9 février que les autorités malaisiennes ont arrêté au cours de ces quatre derniers mois six personnes qui, selon elle, ont été détenues pour le simple fait d’appartenir à la minorité musulmane chiite du pays. « Nous sommes conduits à penser que ces personnes ont été arrêtées sur la seule base de leur appartenance religieuse », peut-on lire dans le communiqué publié par Suaram. Selon l’organisation de défense des droits de l’homme, ces arrestations ont été opérées au nom de la Loi sur la Sécurité interne, loi fort critiquée qui permet l’arrestation et la détention de toute personne sans jugement et pour une durée indéterminée. Deux des six personnes arrêtées ont été relâchées ; trois autres ont été envoyées en centre de détention pour une durée de deux ans ; le sort de la dernière, arrêtée en janvier dernier, n’est pas encore connu. Interrogé par une agence de presse occidentale, le ministère de l’Intérieur n’a pas commenté la nouvelle.

Environ la moitié des 22 millions de Malaisiens se réclament de l’islam et la quasi-totalité d’entre eux sont rattachés à l’islam sunnite ; seule une petite minorité de 2 à 3 000 personnes se déclare chiite. Suaram rappelle qu’en novembre 1997 une dizaine de chiites avaient été arrêtés de façon semblable, sans motif apparent, au nom de la Loi sur la Sécurité interne. Pour être libérés, il leur avait été demandé de renoncer à leur foi et de rejoindre l’islam sunnite. Les motifs fournis à l’époque par les autorités étaient les suivants : « activités préjudiciables à la sécurité nationale et à l’unité musulmane ».

La Constitution de la Fédération de Malaisie garantit la liberté religieuse. Toutefois, ce texte stipule également que les lois au niveau des Etats formant la Fédération « peuvent contrôler ou restreindre la propagation de toute doctrine religieuse ou croyance parmi les personnes professant la religion de l’islam ». La conséquence directe de cela est que l’Eglise catholique tout comme les autres religions non musulmanes ne peuvent pénétrer le monde malais, tous les Malais étant considérés comme musulmans. A côté des 50 % de musulmans, on trouve en Malaisie 24 % d’adeptes de la religion chinoise traditionnelle, 6 % de bouddhistes, 8 % d’hindous, 7 % de chrétiens (dont une petite moitié sont catholiques) et 2 % de sikhs, animistes ou autres.