Eglises d'Asie

Hongkong : face aux prises de position du gouvernement de la RAS à propos du mouvement Falungong, des responsables chrétiens appellent à la sauvegarde des libertés fondamentales

Publié le 18/03/2010




Réagissant aux prises de position menaçantes de membres du gouvernement de la Région administrative spéciale (RAS) de Hongkong au sujet du mouvement mystique Falungong, interdit en Chine continentale mais autorisé à Hongkong, douze associations et mouvements chrétiens (cinq catholiques et sept protestants) ont publié un communiqué commun le 8 février rappelant que les activités du mouvement Falungong à Hongkong étaient, jusqu’à preuve du contraire, conformes à la loi. Dans ce texte intitulé « Considérer Falungong avec un cœur ouvert les responsables chrétiens appellent les autorités de Pékin à respecter le principe ‘Un pays, deux systèmes’ et la Loi fondamentale, mini-constitution de la RAS qui garantit aux habitants de Hongkong le respect des libertés essentielles : liberté de s’associer, de se réunir, de manifester et liberté de croyance religieuse.

Ces dernières semaines, les autorités de Pékin, engagées dans une répression brutale du Falungong en Chine, ont laissé transparaître ouvertement leur agacement de voir les adeptes de ce mouvement manifester et agir librement à Hongkong (1). Le 6 février, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré que Pékin était sûr que les autorités de Hongkong ne laisseraient pas la RAS devenir une base pour des activités subversives dirigées contre la Chine. A Hongkong, certains journaux pro-chinois et personnalités proches de Pékin mènent campagne pour que soit retirée à Falungong son inscription dans les registres de la RAS comme « organisation religieuse ». La secrétaire à la Sécurité, Regina Ip Lau Suk-yee, est allée dans leur sens en déclarant que ses services allaient dorénavant surveiller de près les activités des adeptes de Falungong dans la RAS. Enfin, quelques heures après que les responsables chrétiens eurent rendu public leur communiqué, le chef de l’exécutif local, Tung Chee-hwa, a pris la parole pour qualifier Falungong de « secte ». Se refusant à préciser si Falungong allait être interdit sur le territoire de la RAS comme il l’est déjà sur le reste du territoire chinois, Tung Chee-hwa a toutefois déclaré que son administration se réservait le droit de préparer une loi anti-subversion. « Le gouvernement de Hongkong ne permettra à personne d’abuser de la liberté et de la tolérance en vigueur à Hongkong pour menacer la paix et l’ordre public, que ce soit à Hongkong ou sur le continent », a encore déclaré le chef de l’exécutif, précisant : « Si de l’instabilité se manifeste sur le continent, la prospérité de Hongkong en souffrira. »

En écho à ces différentes déclarations, les responsables chrétiens demandent au Bureau de liaison du gouvernement chinois à Hongkong ainsi qu’à certains hommes politiques de Hongkong de cesser de tenir des propos qui sèment la division et l’animosité entre les habitants de Hongkong. Alors qu’on lui demandait si les groupes chrétiens auteurs de ce communiqué ne craignaient pas que leur geste attire sur eux une « attention spéciale » du gouvernement, Rose Wu, directrice de l’Institut chrétien (protestant) de Hongkong, a répondu que si l’atmosphère actuelle d’intolérance se développait, ce ne serait pas seulement les membres de Falungong qui seraient concernés mais bien les libertés de tous les citoyens de la RAS. « Notre démarche n’est pas motivée par la peur, une peur que nous éprouverions pour nous-mêmes, mais par la conviction que nous sommes appelés à protéger les libertés et les droits de l’homme », a-t-elle ajouté. Chan Ka-wai, du Comité industriel chrétien de Hongkong, est allé dans le même sens, déclarant que chacun devait pouvoir pratiquer librement ses croyances religieuses.

Une organisation chrétienne de Hongkong a déjà eu l’occasion de ressentir les pressions que peut exercer l’administration dès lors que les actions menées ne déplaisent aux autorités de la RAS. En octobre dernier, le Conseil (protestant) de Hongkong des femmes chrétiennes a en effet reçu une lettre de l’administration fiscale l’informant que son statut d’organisation « charitable, avec les exemptions fiscales qui y sont attachées, » pourrait lui être retiré. L’administration fiscale précisait dans ce courrier que le soutien apporté par le conseil protestant à des activités de nature « politique » était sans rapport avec l’objet social pour lequel il était enregistré.