Eglises d'Asie

Selon des sources concordantes, plusieurs dizaines de séminaristes ont été renvoyés du séminaire national “officiel” de Pékin à la suite des ordinations épiscopales de janvier 2000

Publié le 18/03/2010




On se souvient qu’en janvier 2000, à l’Epiphanie, jour où traditionnellement le pape consacre de nouveaux évêques à Rome, les autorités chinoises avaient organisé dans la cathédrale de Pékin la consécration de cinq nouveaux évêques, tous ordonnés sans l’aval du pape (1). Le geste avait été interprété comme marquant une volonté de rupture de la part du gouvernement chinois dans le long processus de normalisation des relations entre l’Eglise catholique et le pouvoir chinois. Au Vatican, le porte-parole du Saint-Siège avait exprimé son “regret” et sa “déception” face à cette initiative unilatérale. En Chine, le gouvernement s’était heurté à une vive résistance d’une partie de l’Eglise catholique “officielle”. Il ne lui avait pas été facile de trouver des candidats pour de telles ordinations épiscopales et, lors de la cérémonie elle-même, le 6 janvier 2000, l’atmosphère avait été pesante, sinon glaciale. Dans la cathédrale de l’Immaculée Conception de Pékin, plusieurs bancs avaient été réservés pour les séminaristes du séminaire national “officiel”, mais, au dernier moment, les affichettes marquées du signe “réservé” avaient dû être enlevées à la hâte, les dits séminaristes ayant refusé de se joindre à l’assemblée.

Plus d’une année après cet événement, il n’est pas encore possible de faire toute la lumière sur les conséquences subies par les séminaristes pour ce geste de “rébellion”. Toutefois, deux versions existent et, estiment les observateurs, se complètent plutôt qu’elles ne s’opposent.

Selon Mgr Li Mingshu, évêque “officiel” de Qingdao (Shandong) et vice-recteur du Séminaire catholique chinois de philosophie et de théologie (nom complet du séminaire national “officiel” installé dans la banlieue de Pékin), 120 séminaristes suivent en ce moment les cours du séminaire. Interrogé par les journalistes de l’agence Ucanews, il concède simplement que, au début de l’année dernière, environ une quinzaine d’étudiants sont retournés “de leur propre initiative” dans leurs diocèses respectifs, certains pour des problèmes de santé, d’autres discernant qu’ils n’avaient pas de réelle vocation sacerdotale et d’autres encore pour assumer diverses tâches pastorales dans leur région d’origine.

Les cours au séminaire ont recommencé en mars 2000, après les vacances du nouvel an chinois. Selon les responsables du séminaire, ces vacances du “printemps 2000” ont duré deux mois, soit plus longtemps qu’à l’accoutumée, uniquement pour permettre aux ouvriers de mettre la dernière main aux nouveaux locaux. Le séminaire national est en effet dorénavant installé à Daxing, dans la lointaine banlieue de Pékin. Mgr Li, âgé de 76 ans, y réside en permanence, délaissant son diocèse de Qingdao où il a pourtant été nommé en août 2000 et bien que ce siège épiscopal soit resté vacant durant huit années. Selon lui, sa présence au séminaire est requise car il n’y a pas de prêtre suffisamment âgé disponible pour occuper ce poste de vice-recteur. Le recteur en titre, Mgr Joseph Liu Yuanren, évêque “officiel” de Nankin et président de la Conférence épiscopale “officielle”, est trop occupé par ses autres fonctions et a une santé trop fragile pour assumer une direction effective au séminaire. Quant aux autres prêtres enseignant au séminaire, ils sont tous âgés d’une trentaine d’années et sont donc trop jeunes pour diriger le séminaire, explique encore Mgr Li.

Selon d’autres sources, proches du séminaire, la présence de Mgr Li est aussi due au fait qu’une partie du corps enseignant a été renvoyée du séminaire en même temps que les étudiants “rebelles”. Selon ces mêmes sources, le 6 janvier 2000, ce sont bien une centaine d’élèves du séminaire, épaulés par plusieurs de leurs professeurs, qui ont refusé d’assister aux ordinations épiscopales. A la suite de quoi, les cours ont été supprimés. Au cours des vacances anormalement longues du nouvel an chinois 2000, des séances d’“éducation politique” ont été imposées. Un total de 70 élèves et professeurs ont été interrogés puis renvoyés ou suspendus. Ils ont été purement et simplement rayés des listes du séminaire ou bien ont “reçu l’ordre” de regagner leurs diocèses respectifs.

Selon Mgr Li Mingshu, en décembre 2000, le séminaire, prévu pour accueillir 200 étudiants, ne fonctionnait pas à pleine capacité, certains candidats ne répondant pas aux critères académiques ou religieux requis.