Eglises d'Asie – Sri Lanka
Au sanctuaire marial de Madhu, des moines bouddhistes ont prié avec des catholiques et ont pu s’entretenir avec des responsables des séparatistes tamouls
Publié le 18/03/2010
Le vénérable Kamburupitiye Vajira Thero a indiqué à la presse, le 20 février, que « cette discussion et ces échanges d’idées avaient été très francs » et qu’il pensait vraiment que « ces gens étaient sincères et désireux d’un vrai dialogue ». La délégation a pu s’entretenir avec Sudakar, secrétaire du bureau politique du LTTE, Pulidevan, responsable des relations publiques des Tigres, et George, secrétaire de leur bureau des Affaires étrangères. Les moines ont souligné que la création, sur le territoire du Sri Lanka, d’un « pays traditionnel » tamoul leur paraissait s’opposer au plan de décentralisation du pouvoir au sein d’un Sri Lanka uni, plan proposé par le gouvernement contrôlé par la majorité cinghalaise (2). Les religieux ont également fait part au LTTE des craintes des Cinghalais dans le sud du pays et se sont inquiétés de savoir si le LTTE avait décidé de l’avenir et de la place des Cinghalais qui vivent aujourd’hui dans la partie nord et est de l’île dans l’hypothèse où un Etat tamoul indépendant verrait le jour.
A l’issue de cette rencontre, l’évêque de Ratnapura, Mgr Malcolm Ranjith, a pu déclarer à la presse : « Il nous faut maintenant rencontrer la présidente Chandrika Kumaratunga et pousser le gouverne-ment à faire avancer les négociations de paix » amorcées sous médiation norvégienne (3). Mgr Ranjith, secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques du Sri Lanka, et Mgr Rayappu Joseph, évêque de Mannar où se situe Madhu, ont eux-mêmes animé les prières et la liturgie du service cuménique.
Le LTTE et les troupes gouvernementales se livrent à une guerre très meurtrière depuis 1983, les Tigres revendiquant la création d’un Etat tamoul indépendant dans le nord et l’est du pays. Selon les estimations, cette guerre a déjà fait 60 000 morts. Au sud du pays, des moines bouddhistes cinghalais sont à la tête de l’opposition nationaliste qui refuse toute tentative de négociation en vue d’un éventuel accord avec le LTTE.