Eglises d'Asie

Hongkong : devant le mini-parlement de la RAS, les responsables des principales religions diffèrent quant à leur analyse du mouvement Falungong

Publié le 18/03/2010




Après les polémiques soulevées par les récents propos du chef de l’exécutif de la Région administrative spéciale de Hongkong à propos du Falungong (1), mouvement mystique interdit en Chine, la Commission pour les Affaires intérieures du Conseil législatif, le mini-parlement de la RAS, a invité 19 responsables des cinq principales religions représentées à Hongkong à venir partager leurs vues au sujet du Falungong. C’était la première fois que le Conseil législatif consultait ainsi des res-ponsables bouddhistes, confucéens, musulmans, catholiques et protestants sur un sujet ayant trait à la religion. D’après les déclarations de ces responsables religieux, les positions sont diverses. Les catho-liques et les protestants n’admettent pas que les autorités puissent définir par voie législative la religion et les activités qui y sont liées. Les représentants bouddhistes estiment, eux, qu’il est légitime que les autorités prennent des mesures préventives contre les activités des « groupes à haut risque ».

Mgr Zen Ze-kiun a ainsi déclaré que la diversité et l’unité de la société hongkongaise avaient toujours été jusqu’ici respectées et qu’il était « très difficile et même inutile de chercher à donner une définition précise de la religion ». Dans l’atmosphère politique qui est celle de Hongkong en ce moment, il est presque impossible de discuter sereinement de ces questions, a-t-il ajouté, estimant que, d’une façon générale, le gouvernement n’avait ni le droit, ni le devoir de légiférer sur les questions religieuses. Le révérend Fung Chi-wood, de l’Eglise anglicane, est allé dans le même sens, disant que c’était une ac-cusation très sérieuse que de qualifier une secte de culte pernicieux. Une quelconque action à l’en-contre d’un membre d’une secte ne doit être entreprise que si ce membre a enfreint la loi et non sur la base de sa foi ou de ses croyances, a-t-il ajouté. Plusieurs autres représentants des milieux protestants ont qualifié les propos de Tung Chee-hwa d’« inappropriés », déclarant que les autorités devaient se contenter d’assurer les conditions permettant à chacun de pratiquer ses propres croyances religieuses.

Le responsable de l’Association bouddhiste de Hongkong, le vénérable Sik Hin Hung, a tenu des propos sensiblement différents. Selon lui, des membres du Falungong ont harcelé les fidèles dans deux temples bouddhistes de Hongkong l’an dernier, se livrant à des activités « anormales ». Avant que des personnes soient victimes de « cultes à haut risque », un gouvernement « responsable » se doit de prendre des mesures préventives. Le moine bouddhiste n’a pas précisé quel type de mesures les autorités devraient prendre en ce cas. Tong Yun-kai, président de l’Académie confucéenne, partage les mêmes vues, estimant qu’une organisation qui est la cause de troubles sociaux ainsi que de blessures physiques et spirituelles n’est pas un groupe religieux normal et doit donc être contrôlé, voire interdit.

Ali Tuet, vice-président de l’Association fraternelle et culturelle des musulmans chinois, s’est contenté pour sa part de déclarer que l’islam rejette la vénération des idoles ou d’un individu en particulier et demande que toutes les religions se conforment au droit. Le secrétaire adjoint aux Affaires intérieures du gouvernement de la RAS, Leo Kwan, a pris la parole après que les 19 responsables religieux eurent exposées leurs vues ; il a affirmé que Hongkong respecte la liberté religieuse, garantie par la Loi fondamentale, mini-Constitution de la RAS. Le gouvernement de Hongkong n’a pas l’intention de restreindre les religions, a-t-il ajouté.