Eglises d'Asie

Hongkong : selon Mgr Zen Ze-kiun, évêque coadjuteur de Hongkong, les propos du chef de la RAS à propos du Falungong sont dangereux et pourraient bien concerner l’Eglise catholique

Publié le 18/03/2010




Les récentes prises de position du gouvernement de la Région administrative spéciale de Hongkong et de son chef, Tung Chee-hwa, à propos du groupe Falungong (1) continuent de susciter de vives réactions. Mgr Zen Ze-kiun ainsi que d’autres responsables catholiques ont exprimé leur net désaccord à l’égard de ce qui ressemble à un alignement de la position du gouvernement de Hongkong sur celle des autorités chinoises, lesquelles pourchassent sans relâche les partisans du mouvement Falungong. “Si le Falungong est accusé de causer du désordre au sein de la société de Hongkong simplement parce qu’il y manifeste pacifiquement, alors une telle accusation peut aisément être portée demain contre la Commission catholique ‘Justice et paix’, contre le diocèse [de Hongkong] et contre de nombreuses organisations chrétiennes”, écrit Mgr Zen Ze-kiun, en première page de l’édition du 18 février du Sunday Examiner, l’hebdomadaire catholique de langue anglaise de la RAS (2).

Selon Mgr Zen Ze-kiun, “dire que le Falungong est un “culte pernicieux” est très préoccupant, non seulement pour le mouvement lui-même, mais pour nous tous”. En effet, poursuit l’évêque coadjuteur de Hongkong, il n’existe pas de définition communément admise de ce qu’est un “culte pernicieux”. D’un point de vue catholique, le Falungong peut être caractérisé comme étant “hérétique” vis-à-vis de certaines religions traditionnelles, mais cette caractérisation n’équivaut pas à celle de “secte ou culte pernicieux”. Rien ne prouve, poursuit Mgr Zen, que le Falungong se soit rendu coupable de manipulation psychologique ou mentale, de destruction des valeurs familiales, de restriction des libertés individuelles ou encore de malhonnêteté. Les récentes immolations par le feu à Pékin de plusieurs personnes que les autorités chinoises présentes comme étant membres du Falungong soulèvent trop de question pour être à coup sûr attribuées au mouvement interdit en Chine.

Mgr Zen explique encore, qu’avant les déclarations de Tung Chee-hwa, les accusations portées par des membres du gouvernement de la RAS à l’encontre du Falungong étaient que ce mouvement était devenu “plus politique”, qu’il était en contact avec “des éléments étrangers” ou bien encore qu’il s’en prenait au gouvernement chinois. Or, souligne l’évêque, il y a une différence entre le fait de se montrer critique à l’égard du gouvernement et le fait d’être un culte pernicieux. Si cette différence n’existe pas, on peut bien craindre que l’Eglise catholique “clandestine” en Chine soit qualifiée de “culte pernicieux” et subisse le sort que subit le Falungong en Chine. Si l’Eglise “clandestine” a échappé à cela jusqu’à maintenant, c’est sans doute, estime Mgr Zen, qu’elle a maintenu très discret son refus d’obéir aux directives du Parti communiste et que “le prestige international de l’Eglise catholique ne peut être ignoré”. Le Falungong ayant décidé de manifester publiquement son opposition au gouvernement chinois, les autorités chinoises ont entrepris de l’écraser en le faisant passer pour un “culte pernicieux”.

Outre Mgr Zen, d’autres responsables catholiques ont exprimé leur désaccord avec les prises de position des responsables de la RAS. Sœur Leung, professeur associé de l’université Lingnan de Hongkong, a ainsi estimé que “si le Falungong est peu à peu réprimé [à Hongkong], alors c’est la mort programmée du principe ‘un pays, deux systèmes'”. Selon la religieuse, la polémique autour du Falungong est le premier vrai test du respect de la liberté de croyance dans la RAS depuis que Hongkong a été restitué par le Royaume-Uni à la Chine, le 30 juin 1997.