Le 25 mars 2000, les soldats birmans du bataillon 66 sont revenus au village de P.. Toutes les maisons, dont les occupants avaient pris la fuite à l’arrivée des soldats, ont été pillées : argent, vêtements, poules, cochons, ils ont tout emmené dans leur caserne. Les personnes capturées alors qu’elles fuyaient et celles que les soldats ont pu trouver travaillant dans les champs ont été menées jusqu’à un « camp de réfugiés », situé près de la caserne des soldats. Dix personnes ont été ainsi emmenées.
Le 26 mars 2000, des soldats birmans du bataillon 548 ont fait irruption au village de L., dans les environs de Méwei. Après avoir tué poules et cochons et pillé les maisons, ils ont exigé le versement de « la taxe des porteurs » (chaque village doit fournir un certain nombre de porteurs ou bien payer une certaine somme). Cette amende est de 30 000 kyats (soit 450 FRF) par mois et par personne. Ceux qui ne payent pas sont pris comme porteurs durant quatre jours. Si après ces quatre jours, les nouveaux porteurs ne sont pas au complet ou bien que l’un d’eux s’est enfui pendant la nuit, ceux qui restent doivent payer 25 000 kyats chacun (soit 400 FRF).
Dans un village, les soldats birmans ont volé des noix d’arec puis les ont revendues dans d’autres villages, forçant les villageois à les acheter au prix de 300 kyats les cents. Les soldats ont également exigé qu’on leur fournisse du riz.
Quand la KNU (Armée karen de libération) fait exploser des mines posées par les soldats birmans et que ceux-ci entendent le bruit de l’explosion, ils viennent réclamer le prix de la mine aux villages environnants (70 000 kyats par mine, soit 1 050 FRF). Quand la KNU s’empare d’un fusil de l’armée birmane, les villageois des environs doivent payer 100 000 kyats (1 500 FRF) par fusil.
Avec de telles pressions quotidiennes, la population de la région de Méwe fuit vers la Thaïlande pour rejoindre le camp de réfugiés de Morkaki, installé dans la région de Maesarieng (province de Mekongson). Cependant, certains villageois restent envers et contre tout dans leur village. Le 22 avril, j’ai obtenu tous ces renseignements, suite aux discussions avec les villageois. Cinq familles ont préféré rejoindre la Thaïlande, cela fait 29 personnes.