Eglises d'Asie

Un rapport de la Caritas du Sri Lanka chiffre le coût de la guerre qui oppose depuis dix-huit ans les forces gouvernementales aux Tigres tamouls du LTTE

Publié le 18/03/2010




Caritas Sri Lanka a publié un rapport sur le coût de la guerre qui ravage le pays depuis 1983. Il est estimé à environ 16,8 milliards de dollars américains, dépensés ou perdus de 1983 à fin 1998 dans une guerre qui oppose le gouvernement sri-lankais aux rebelles séparatistes tamouls. Dans ces chiffres sont inclus le manque à gagner de l’économie touristique et les investissements étrangers perdus, les pertes en capital humain et en production, auxquels s’ajoutent les dommages causés aux biens, aux propriétés ainsi que le coût de la réinsertion des victimes.

Le rapport, publié le 12 mars, révèle que, pour mener cette guerre, le gouvernement a dépensé 253 milliards de roupies et les Tigres tamouls (LTTE), 42,6 milliards. Les dommages et les destructions des biens physiques sont estimés à 90 milliards de roupies et le coût des réparations à 137 milliards. Le gouvernement aurait dépensé 38 autres milliards en faveur des personnes déplacées. Le même rapport tente d’évaluer qualitativement « le coût socio-politique et moral » de la guerre, y compris la peur, l’insécurité, la corruption, les dommages moraux et l’accoutumance à la violence qui en résultent. Le nombre de morts se situe entre 50 et 60 000. Sont à prendre en compte également les handicapés physiques, les populations déplacées, les sans-abris, les veuves et les orphelins.

Dramatique dans ces conséquences pour les civils, cette guerre est tout bénéfice pour les marchands d’armes, peut-on encore lire dans ce rapport. Elle a également d’autres conséquences « positives » : « L’armée a donné du travail à beaucoup de ruraux sri lankais sans travail en accroissant leur statut socio-économique et leur capacité ». Quant aux séparatistes tamouls, « les jeunes Tamouls des couches socio-économiques défavorisées, grâce aux groupes armés, ont pu acquérir des positions de force et de contrôle de l’économie et de certaines ressources ».

Le P. Joseph Benedict Devarajah, directeur de la Caritas sri-lankaise, l’organisation caritative des évêques catholiques, a confié aux journalistes que ce rapport était à considérer « comme une participation des évêques à la paix », à côté du pèlerinage pour la paix organisé dans tout le pays, du nord au sud, autour de la statue de la Vierge du sanctuaire de Madhu (1).