Eglises d'Asie

D’après un rapport officiel, dix pour cent des moines thaïlandais s’adonnent à la drogue

Publié le 18/03/2010




En Thaïlande, la toxicomanie s’étend jusque dans les temples bouddhistes où 10 % des moines et des novices cherchent de l’aide pour tenter de se passer de stupéfiants, déclare un rapport officiel. Les efforts pour protéger les 300 000 moines du clergé bouddhiste du fléau de la drogue ont échoué par manque de financement et du fait de l’inadaptation des programmes de prévention existants, a déclaré Manop Polpairin, fonctionnaire du Département des Affaires religieuses. Un manque de coopération de la part des moines les plus âgés est également en partie responsable de cet état de fait, a-t-il ajouté. “Les moines âgés ne veulent pas reconnaître que les jeunes et les novices dans leurs temples s’adonnent à la drogue par crainte de voir le public perdre foi en la religion”, a déclaré Manop à la presse thaïlandaise. “En conséquence, personne n’est prêt à accepter que l’usage des drogues est généralisé dans les monastères.”

Le Département des Affaires religieuses manque cruellement de moyens face à l’ampleur de la tâche. Le budget annuel pour venir en aide aux moines intoxiqués est de seulement 3 millions de baths (67 700 US$). “Avec trois millions de baths, cela ne fait que dix baths par toxicomane pour la désintoxication. C’est évidemment insuffisant”, regrette Manop.

On estime que sur une population de 62 millions d’habitants, 6 % des Thaïlandais utilisent des narcotiques, surtout des amphétamines. Il est estimé que 700 millions de cachets d’amphétamine sont consommés en Thaïlande chaque année (des cachets venus le plus souvent des raffineries cachées dans la jungle, le long de la frontière avec la Birmanie). Le phénomène est tel que le royaume a déclaré la drogue comme étant une menace majeure à la sécurité nationale. Malgré cela, selon Manop, et malgré la toxicomanie qui sévit chez les moines, les autorités religieuses du bouddhisme en Thaïlande ferment les yeux. Déjà ébranlées par de récents scandales, elles craignent que les fidèles perdent confiance dans la religion (1). Alors que dans le passé la majorité des hommes passait au moins trois mois comme moine dans un temple, aujourd’hui ils sont moins de 10 % à suivre la tradition de la remise de la robe, avoue un moine âgé.