Eglises d'Asie – Pakistan
Deux chrétiens faussement accusés de profanation du Coran sont condamnés à la prison à vie ; d’autres sont arrêtés pour blasphème contre le prophète Mahomet
Publié le 18/03/2010
Dès le lendemain du jugement, l’évêque de Faisalabad, Mgr Joseph Coutts, est allé rendre visite aux prisonniers dans leur prison de Jhang pour les soutenir et réconforter leurs familles. Un des parents a confié à l’évêque que tous étaient absolument persuadés qu’il ne s’agissait là que d’une fausse accusation. Les policiers désiraient de l’argent, a-t-il révélé ; ils avaient menacé les deux hommes d’aggraver leur cas s’ils ne se soumettaient pas à leurs exigences. Les deux prisonniers n’ayant pas payé, leur premier crime, à savoir le trafic de drogues, a soudain changé de nature et est devenu profanation du Coran, crime automatiquement puni par la prison à perpétuité.
Selon des informations rapportées par Johnson Michael, un ancien député du parlement provincial du Pendjab, qui a accompagné l’évêque de Faisalabad dans sa visite aux deux prisonniers, l’avocat de Amjad et de Asif a demandé, au cours du procès pour profanation, au personnel de la prison et à la police si ses clients avaient gardé quelque chose avec eux en prison. La réponse ayant été négative, il était ainsi prouvé que les deux inculpés étaient dépourvus des allumettes qui leur auraient permis de mettre le feu aux pages du livre sacré. Un autre témoin a estimé que l’avocat avait défendu les deux hommes avec grand talent et avait prouvé leur innocence d’une façon indubitable. Chrétiens et avocats présents au procès estiment que le juge qui a prononcé la sentence a été terrorisé par les menaces de musulmans extrémistes. Il a été décidé de faire appel de ce jugement auprès de la Haute Cour.
Quelques jours plus tard, le 3 avril, à Daska, à 175 km au sud d’Islamabad, la police a arrêté un enseignant chrétien, Parvaiz Masih, accusé d’avoir blasphémé le nom du prophète. Auparavant, des élèves ayant rapporté à leurs parents que leur maître avait prononcé des paroles irrespectueuses envers le prophète, une manifestation s’était formée demandant l’arrestation de l’enseignant chrétien. Précédemment, le 21 mars, à Kharpur Tamiwali, à 700 km au sud d’Islamabad, un autre chrétien a été accusé d’avoir tiré sur la moustache d’un musulman au cours d’une dispute, geste considéré comme blasphématoire, à cause des recommandations du prophète concernant la moustache.
De janvier à mars 2000, dix musulmans et deux chrétiens ont été arrêtés au nom de l’article 295-C du code pénal, article sanctionnant la profanation du Coran. De janvier à octobre 2000, 40 membres de la secte des Ahmadi, 6 chrétiens, et 26 musulmans, ont été détenus pour violation de la loi contre le blasphème. Ces dernières années, la Haute Cour a cassé à quelques reprises des jugements prononcés contre des chrétiens accusés d’avoir blasphémé le prophète, accusation passible de la peine de mort, ou d’avoir profané le Coran. Cependant, les accusés ainsi graciés ont été obligés, pour leur sécurité, de quitter le pays, des extrémistes musulmans ayant même lancé contre eux des assassins professionnels.