Eglises d'Asie

Heilongjiang : après l’intervention du Bureau local des Affaires religieuses, l’Association patriotique des catholiques de Harbin prononce la dissolution d’un couvent de religieuses

Publié le 18/03/2010




Selon des informations transmises par l’Eglise catholique locale au début du mois de mars dernier, le couvent des sœurs du Sacré Cœur de Jésus à Harbin a été dissous en janvier 2001. La dissolution de ce couvent de religieuses catholiques « officielles », situé dans la capitale du Heilongjiang, à l’extrémité nord-est de la Chine, a été prononcée par l’Association patriotique des catholiques de Harbin après que le Bureau local des Affaires religieuses (BAR) eut expulsé une partie des religieuses.

A l’origine de cet incident se trouve l’élection le 31 août dernier de la supérieure du couvent. Selon des sources ecclésiales locales, la sœur qui a reçu le plus de voix n’aurait pas été choisie, les autorités diocésaines préférant nommer à la tête du couvent une autre religieuse ayant recueilli moins de suffrages. Après plusieurs mois de remous, plusieurs des religieuses qui refusaient d’accepter cette façon de faire ainsi que la religieuse ayant réuni le plus de voix ont été expulsées du couvent par les responsables locaux du BAR. En signe de protestation, plus d’une vingtaine d’autres sœurs ont alors décidé de quitter le couvent et de rentrer chez elles, à la suite de quoi l’Association patriotique locale a prononcé la dissolution du couvent.

A ce conflit s’ajoute le fait que, à l’occasion de la messe célébrée lors de l’élection de la supérieure le 31 août dernier, les responsables du BAR sont intervenus, ayant été informés – à tort – qu’une élection épiscopale allait avoir lieu. Les fonctionnaires des Affaires religieuses ont malmené un prêtre (qui dut être hospitalisé plusieurs jours), profané des hosties consacrées et violemment repoussé des religieuses qui cherchaient à s’interposer.

Sans évêque « officiel », le vaste diocèse du Heilongjiang est dirigé par un administrateur diocésain, le P. Yue Fusheng, âgé de 37 ans. Contacté le 13 mars par l’agence Ucanews, le P. Yue s’est contenté de dire que la situation de ce couvent était très compliquée, que la fermeture n’était que temporaire et qu’il rouvrirait ses portes dès que les conditions le permettraient. Selon des sources catholiques locales, l’incident a des racines anciennes. En décembre dernier, les sœurs n’auraient pas reçu assez de nourriture ni de vêtements assez chauds pour faire face aux rigueurs de l’hiver. « Les religieuses se plaignaient du fait que leurs conditions de vie n’étaient pas bonnes », a confirmé le P. Yue, « mais les ressources financières de notre diocèse sont minimes et nous ne pouvons pas leur donner ce qu’elles demandent ».

Selon le P. Yue, le manque de formation des sœurs complique les choses, la plupart d’entre elles n’ayant suivi que le premier cycle de l’école secondaire, voire la seule école primaire. « Si elles ne veulent pas revenir, je ne peux pas les forcer », conclue le P. Yue, qui ajoute que certaines d’entre elles ont déjà trouvé un emploi. Des 26 religieuses de ce couvent (sans compter une vingtaine de novices), presque toutes âgées d’une vingtaine d’années, seules deux sont restées ; elles ont prononcé des vœux temporaires le 16 mars dernier. Selon des sources locales, les autres religieuses n’ont pas renoncé à leur vocation, bien que plusieurs d’entre elles aient subi de fortes pressions les engageant à trouver un travail, à aider leurs familles respectives et à abandonner ainsi toute idée de vie religieuse.