Eglises d'Asie

Pour la deuxième phase des élections aux assemblées régionales, les minorités religieuses du pays ont largement suivi les consignes de boycott

Publié le 18/03/2010




Les minorités religieuses et, en particulier, l’ensemble des communautés chrétiennes du pays, n’ont pas désarmé dans leur combat contre le système des électorats séparés. Les récentes élections aux assemblées régionales ont constitué pour elles un nouveau et important succès. Lors de leur première phase, le 31 décembre dernier, les élections aux assemblées régionales avaient déjà été très largement boycottées par les divers groupes non musulmans. Pour les 962 sièges réservés aux minorités, seuls 234 candidats s’étaient présentés, laissant 728 sièges vacants (1). Selon la Commission nationale des élections, environ 76 % des électeurs avaient refusé de déposer un bulletin dans l’urne. Le second tour des élections, qui a eu lieu le 21 mars et concernait 23 districts du pays, a vu une même mobilisation des électeurs appartenant aux minorités. Une enquête menée immédiatement par les “Organisations chrétiennes au Pakistan” (COSAP) a relevé que 80 à 85 % de l’électorat non musulman ne s’est pas rendu aux urnes dans au moins 19 districts. Seuls 569 des 1 459 sièges réservés aux électeurs des minorités ont été pourvus avec la participation de l’électorat minoritaire.

L’analyse régionale du nombre de candidatures et de votes vient confirmer partout ce constat d’ordre national. Dans le Balûchistân, le boycott a été total et aucun électeur des minorités ne s’est rendu aux urnes. Si 13 des 67 sièges ont été cependant pourvus, c’est par défaut, le siège ayant été attribué au seul candidat inscrit sans qu’aucun bulletin n’ait été déposé dans l’urne. Dans la province de la Frontière du Nord-Ouest, seulement 24 des 178 sièges ont été pourvus d’un titulaire tandis que 18 autres ont été gagnés par des candidats uniques n’ayant pas eu à soutenir de compétition électorale. Dans le Sind, 75 % des sièges sont restés vacants ou ont été gagnés par défaut. Dans le Pendjab, il n’y a eu de compétition électorale que pour environ 52 % des sièges. Quelque 26 % des sièges sont restés sans titulaires.

Les études statistiques montrent qu’en associant les résultats des deux tours des élections aux assemblées régionales, ceux des mois de décembre et de mars, on peut constater que, au total, les minorités religieuses se sont abstenues de fournir des candidats à 1 259 sièges sur un total de 2 416. Cinq cent des sièges restants ont été remportés par des candidats uniques, sans aucune compétition électorale. Au total, il n’y a eu de compétition électorale que pour 657 sièges, soit 27 % du total.

Commentant ces élections, un responsable du COSAP a déclaré qu’en dépit de la propagande et de la désinformation incitant les minorités religieuses à participer aux élections, celles-ci ont montré clairement leur désaccord avec le système électoral en vigueur au Pakistan aujourd’hui. Les responsables chrétiens du Pakistan se réjouissent du succès de la stratégie adoptée pour manifester leur opposition. “Les fidèles des religions autres que l’islam ont refusé de se laisser berner par les promesses fallacieuses de ministres qui n’ont pas le courage de dire la vérité a fait remarquer un observateur. S’appuyant sur ces derniers résultats, la Commission ‘Justice et paix’ de la Conférence des évêques catholiques du Pakistan a demandé au gouvernement de se soumettre à la réalité des chiffres et de tenir compte du message qui lui a été ainsi envoyé par les minorités. Cette commission est d’avis que, dès la troisième des quatre phases des élections aux assemblées régionales, un système d’électorat unique devrait être mis en place, qui donnerait aux minorités religieuses les mêmes droits qu’au reste de la population. La Commission ‘Justice et paix’ a déclaré au gouvernement que celui-ci ne pouvait se satisfaire du fait qu’un certain nombre de sièges réservés aux minorités soient maintenant occupés par des personnes non représentatives. Un tel état des choses ne pouvait qu’affecter la qualité de l’administration régionale et la mise en œuvre du plan de décentralisation du pouvoir.