Eglises d'Asie – Thaïlande
Une commission de la Conférence des évêques catholiques uvre pour faire respecter la dignité des minorités ethniques du pays
Publié le 18/03/2010
Au cours de ce séminaire, Chuphinit Kasaemmani, professeur d’université et spécialiste des minorités ethniques, a mis en lumière la lutte des minorités du nord et de l’ouest du pays pour survivre dans un milieu de forêts en voie de disparition. Il a expliqué qu’ils étaient menacés par les exploitations forestières parce que “leur mode de vie est intimement lié aux rythmes de la forêt”. Aux reproches qui leur sont faits de détruire la forêt par la culture sur brûlis, Kasaemmani a rétorqué qu’au contraire cette méthode contribuait à la sauvegarde de la forêt. Les terres que les ethnies minoritaires abandonnent pour leur donner le temps de se régénérer, explique-t-il, subissent une transformation biologique au point de devenir une réserve alimentaire pour les animaux, les insectes et les plantes, réapprovisionnant et régénérant ainsi le sol.
Kasaemmani a également fait observer que bien que beaucoup de villages en Thaïlande aient essayé de travailler en lien avec le gouvernement pour redonner aux minorités leur dignité, le succès de ces efforts a dépendu partout des citoyens thaïlandais eux-mêmes dont le plus grand nombre nourrit encore des préjugés à leur encontre. “Il nous faut développer une politique pour promouvoir de meilleures relations avec les ethnies minoritaires afin de les aider à se réinstaller dans leur dignité et faire qu’ils jouissent des même droits que tout autre citoyen”, a conclu le professeur.
Prasert Trakarnsupkorn qui anime l’association “Education et culture des peuples de la montagne” (IMPECT), a présenté les valeurs culturelles des ethnies minoritaires parmi lesquelles, a-t-il expliqué, la croyance en un esprit supérieur et en la sagesse de la création. Pour eux, “tout le monde est un frère ou une sœur, c’est pourquoi ils partagent ce qu’ils ont”. Prasert a aussi souligné que leurs chefs coutumiers devaient posséder des principes moraux, être déterminés mais souples et protéger les gens. Pour cela, dit-il, ils doivent bien connaître les rites religieux, les interdits et les traditions culturelles. A leur crédit, a-t-il fait observer, il faut dire que les ethnies minoritaires ont le sens de la loyauté, de l’égalité des sexes et aspirent à une vie paisible.
Le P. Prasit Rujirat, directeur du Centre diocésain d’action sociale de Ratchaburi, à l’ouest de la Thaïlande, a fait part de ses réflexions sur la situation des minorités qui vivent sur la région frontalière entre la Thaïlande et la Birmanie. Les forces armées de part et d’autre de la frontière bombardent les minorités qui ont à déplorer des morts et des blessés parmi leurs enfants, leurs femmes et les personnes âgées. Ces bombardements ont poussé beaucoup de membres de ces ethnies minoritaires à chercher refuge dans les camps de Thaïlande. Le P. Prasit a raconté qu’au mois d’avril il avait été reçu par “l’armée de Dieu” (1), groupe de guérilleros qui se bat contre l’armée birmane. Le groupe s’était rendu aux autorités thaïlandaises après que plusieurs de ses membres aient été tués dans un hôpital à Ratchaburi où ils avaient pris des patients en otage. Alors qu’il parlait avec Johnny Htoo, un des célèbres jumeaux soi-disant invulnérables et censés diriger “l’armée le garçon lui a dit : “La guerre ça suffit, c’en est assez de se battre. Pourquoi ne pas vivre ensemble en paix ?”. Et le prêtre de s’étonner de ce que des adultes ne puissent exprimer les mêmes mots de paix.
Mgr Michael Bunluen Mansap, évêque de Ubon Ratchathani et président de la Commission catholique des minorités ethniques, avait ouvert la session par une prière demandant l’aide de Dieu pour tous les peuples minoritaires de Thaïlande et d’ailleurs dans le monde. La Conférence des évêques de Thaïlande a consacré le deuxième dimanche de mai comme “Jour des minorités ethniques” qui cette année a été célébré le 13 mai.