Eglises d'Asie

LE ROLE DES LAICS

Publié le 18/03/2010




DANS L’EGLISE CATHOLIQUE EN THAILANDE

“L’esprit missionnaire signifie que les laïcs doivent partager ce que nous savons être bon”

Ucanews : Comment décririez-vous la participation du laïcat asiatique dans ALM II ?

Chainarong : Nous voulions avoir davantage de participants de Thaïlande, aussi avions-nous invité toutes les organisations de laïcs du pays à envoyer leurs représentants. Ainsi, nous avons plus ou moins 30 participants thaïlandais, alors que des autres pays ils sont entre trois et cinq. Les organisateurs avaient installé un système de traduction, car ils ne voulaient pas que les participants thaïlandais puissent penser que s’ils ne comprenaient pas l’anglais, ils ne devraient pas venir. Avant la réunion, nous avons organisé un séminaire pour nous familiariser avec les documents ayant trait à l’enseignement social de l’Eglise, documents auxquels on s’est reporté continuellement au cours de ALM II.

Les organisateurs avaient-ils préparé d’autres choses ?

Nous avons arrangé des “voyages d’immersion”. Nous avons choisi des lieux où les défavorisés semblent oubliés, par exemple la prison pour immigrants et une décharge. Nous y avons emmené les participants pour qu’ils voient comment les gens vivent dans de telles situations et ce que fait l’Eglise pour les aider à vivre dans la dignité. Nous avons emmené aussi un groupe de participants dans un village bouddhiste pour parler avec les gens, observer leur mode de vie et voir leur attitude envers nous. Quelques personnes ont dit que nous avons montré seulement le mauvais côté du pays, mais c’est une réalité. Il y a des lieux où l’Eglise fait déjà quelque chose pour les défavorisés, mais il y a d’autres lieux où l’Eglise n’a pas autant de succès. Si les laïcs voient qu’ils ont un rôle à jouer dans ces lieux, alors ALM II aura atteint son but.

Dans quelle mesure les laïcs sont-ils actifs dans le travail qui se fait ?

Le travail est démarré (ou initié) d’abord par des prêtres et des religieux. Mais à cause du nombre limité des personnes et des ressources, ils essaient d’apporter une aide de telle manière que les gens locaux dans les communautés puissent s’aider eux-mêmes. Alors, ils se déplacent vers d’autres projets. Nous voyons de plus en plus la hiérarchie de l’Eglise travailler avec les laïcs.

Comment jugez-vous le pouvoir donné aux laïcs et le mouvement qui s’efforce de faire de l’Eglise de Thaïlande une Eglise participante ?

Il y a trois manières de voir cette question. D’abord, au niveau des paroisses, c’est maintenant plus systématique. Beaucoup de curés comprennent et voient les bénéfices d’une Eglise participante. Ils donnent de plus en plus de pouvoir aux laïcs en leur permettant d’avoir leur mot à dire et de participer au travail pastoral de la paroisse.

Une autre forme de l’engagement des laïcs dans l’Eglise, ce sont les organisations de laïcs. Elles semblent être plus actives aujourd’hui. Je ne les connais pas toutes mais c’est mon impression. Celles dont je m’occupe personnellement sont très actives.

Un autre niveau encore est constitué par les laïcs qui travaillent à plein temps pour l’Eglise. Il faut là encore plus d’attention, en termes de protection sociale, peut-être de salaire, et de délégation de pouvoirs. Nous voyons déjà cela dans le domaine de l’éducation, où davantage de laïcs deviennent directeurs et directrices d’écoles. L’Eglise donne aux laïcs le pouvoir de diriger les écoles. En d’autres secteurs, cependant, je pense qu’il faut faire davantage.

Qu’en est-il du rôle des laïcs dans l’évangélisation ?

Jusqu’à maintenant, les directives de la hiérarchie demandent que nous soyons des témoins de notre foi là où nous sommes : dans la famille, la communauté, le lieu de travail, et dans tout ce que nous faisons. Cependant, ceci n’est pas assez agressif. Mais quoi que nous décidions, cela doit être un effort concerté. Sinon, si c’est juste une ou deux personnes qui font de l’évangélisation à leur manière, cela ne marchera pas. Je pense qu’une ligne de conduite claire doit être élaborée. Sinon, il ne se fera pas grand chose.

Est-ce que ceci n’est pas contenu dans le plan pastoral national de dix ans ?

C’est mentionné, mais il n’y a pas de précisions sur les détails. Même aujourd’hui, l’archidiocèse de Bangkok poursuit son plan de cinq ans, à moitié parcours. L’évangélisation y est mentionnée, mais aucun groupe n’a été désigné pour penser réellement cela et pour dire : “Nous sommes dans un nouveau millénaire et donc l’évangélisation, pour les dix prochaines années, va être ceci et ceci”. Non. Je pense que c’est encore le dialogue interreligieux et le témoignage. Point final.

En tant que dirigeant laïc thaïlandais, avez-vous un message général à adresser aux laïcs thaïlandais ?

Je pense que la chose dont nous manquons le plus – mais ceci est seulement ce que je pense personnellement et c’est peut-être faux – c’est un esprit missionnaire. Sans lui, nous sommes enclins à rester chez nous. Nous sommes heureux avec ce que nous avons et ce que nous faisons. Avoir un esprit missionnaire, cela signifie que lorsque nous connaissons quelque chose de bon, nous sentons le besoin de le dire aux autres gens. Comme Serra, par exemple. Je crois que ce mouvement représente une bonne chose, et à cette réunion, j’en ai parlé avec plusieurs évêques. Ils ont dit : “C’est la première fois que j’entends parler de Serra. Venez dans mon diocèse”. Aussi, le mois prochain, je vais aller au Bangladesh, et à la fin du mois, j’irai en Malaisie, et après, j’irai en Inde, au Sri Lanka, au Pakistan et au Népal.

L’esprit missionnaire pour moi signifie que si nous savons que quelque chose est bon, nous en parlons autour de nous. L’esprit missionnaire signifie que nous devons être prêts à aller au dehors, et à ne pas nous sentir heureux en restant dans notre maison, notre communauté, notre pays.