Eglises d'Asie

Nouvelles controverses à propos de la loi contre le blasphème

Publié le 18/03/2010




Une controverse s’est développée dans le pays après que The News, un quotidien de Lahore, eut rapporté les propos tenus au sujet de la loi contre le blasphème par l’actuel ministre pour les Affaires des minorités, un chrétien, S.K. Tressler. Celui-ci y disait en particulier que la loi contre le blasphème n’était pas dirigée contre les minorités du Pakistan. Pour le ministre, il s’agissait là d’une interprétation erronée de la loi alors que, aussi bien dans sa nature que dans sa forme, ce texte de loi ne contenait aucun caractère discriminatoire. Pour justifier ses propos, le ministre affirmait que personne n’avait été exécuté à cause de cette loi, si bien qu’il n’était pas nécessaire de l’abroger ou de la modifier. La loi condamne à mort lorsque le blasphème porte sur le prophète et à la prison à vie lorsqu’il porte sur le Coran.

Le 6 mai dernier, lors d’une réunion organisée pour le troisième anniversaire du suicide de Mgr John Joseph, les propos du ministre ont été la cible de critiques et une résolution a été votée par un certain nombre de militants des droits de l’homme participant à la réunion. Selon ces derniers, les déclarations du ministre refléteraient surtout son ignorance puisque, depuis 1986, 52 procès pour blasphèmes ont été intentés à des musulmans, 32 à des chrétiens et 21 à des Ahmedis. Bien que ceux-ci se considèrent comme des musulmans, ils ne sont pas considérés comme tels par le gouvernement du Pakistan et de quelques autres pays musulmans à cause de leur croyance selon laquelle le prophète Mohammad n’est pas le dernier prophète de l’islam. La résolution affirme que, dans le nombre des condamnés, quelques-uns sont morts en prison, d’autres ont perdu tous leurs biens, ou encore endurés des souffrances physiques ou psychologiques insupportables. Les participants de la réunion de Lahore ont également évoqué l’affaire du village de Shanti Nagar (1) où 800 maisons avaient été rasées et 13 églises détruites en représailles pour les pages arrachées à un exemplaire du Coran. La résolution reproche donc au ministre de détourner son regard des conséquences négatives de cette loi aussi bien chez les musulmans que dans les religions minoritaires. Le seul moyen d’assurer la paix, l’harmonie et la tolérance entre les diverses religions est de se débarrasser des lois en question, pouvait-on encore lire dans cette résolution.

La résolution affirme enfin que le jugement porté par le ministre des Affaires des minorités est en contradiction avec un communiqué du chef de l’Etat, le général Pervez Musharra, rapporté par le Daily jang du 4 mai. Le général y affirme que, en principe, le gouvernement est d’accord pour l’abolition des lois contre le blasphème. Un nouveau projet de loi abrogeant ces dernières devrait être bientôt présenté au ministère de la Justice.

En conclusion, les auteurs de la résolution affirment que les chrétiens ne se sont jamais comportés en traîtres à l’égard de leur pays, mais qu’ils ne pourront rester muets tant que ces lois diviseront les citoyens du pays.