Eglises d'Asie – Thaïlande
Quelques jours avant la fin de son procès pour corruption, le Premier ministre se rend dans un temple bouddhiste pour assister à un rite censé lui apporter la bonne fortune
Publié le 18/03/2010
« Je ne me rends pas là-bas pour assister à un rite destiné à éloigner le mauvais il, mais seulement parce que nombreux étaient les moines de cette région à avoir émis le souhait de me rencontrer », s’est contenté de déclarer Thaksin Shinawatra. La Cour constitutionnelle doit se prononcer lundi 18 juin sur les soupçons qui pèsent sur le Premier ministre à qui il est reproché d’avoir sciemment omis de déclarer une partie de sa fortune – comme la loi lui en fait obligation – lorsqu’il a été, en 1997, un éphémère Vice-Premier ministre d’un gouvernement précédent. Malgré la large victoire de son parti aux élections du 6 janvier dernier, Thaksin se débat dans les difficultés depuis son élection au poste de Premier ministre le 9 février dernier. Selon les observateurs de la scène politique locale, la visite au temple de Khon Kaen apparaît comme la dernière d’une série d’initiatives visant à éloigner la perspective d’une condamnation par la Cour constitutionnelle (1). Si cette dernière, qui devrait rendre son jugement entre le mois de juillet et septembre 2001, reconnaît la culpabilité du Premier ministre, Thaksin pourrait être privé de ses droits civiques pendant cinq ans et forcé de gouverner, s’il le souhaite encore, par personne interposée.
Selon un responsable de l’officiel Bureau des religions, la décision du Premier ministre d’assister à cette cérémonie bouddhiste dans un but politique ne viole pas les préceptes bouddhistes mais menace la confiance du peuple dans la religion. Soulignant la bonne foi des moines bouddhistes, ce responsable estime que la célébration de ce rite est « une façon d’enseigner le bouddhisme », mais, ajoute-t-il, l’effet peut être à double tranchant : « Les gens peuvent avoir une plus grande confiance [en la religion bouddhiste] si le Premier ministre est reconnu innocent, mais ils peuvent aussi perdre confiance s’il est reconnu coupable ».
94 % des 62 millions de Thaïlandais se réclament du bouddhisme théravada (petit véhicule). Le pays compte 150 000 moines. Cependant, la pratique du bouddhisme en Thaïlande est marquée par un certain nombre d’éléments sous-jacents issus de l’hindouisme et de l’animisme. Depuis quelques années, la crédibilité d’une partie du clergé bouddhiste a été mise à mal par plusieurs scandales de mœurs ou financiers (2).