Eglises d'Asie

Zhejiang : la détermination des catholiques “clandestins” du district de Cangnan n’est pas entamée par les nombreuses tracasseries policières dont ils sont l’objet

Publié le 18/03/2010




Depuis 1997, les catholiques “clandestins” du district de Cangnan, dans la province du Zhejiang, n’ont cessé d’endurer les tracasseries et les mesures de répression exercées à leur encontre par les autorités locales : à six reprises, le presbytère et l’église du village de Linjiayuan ont été fermés par la police, des scellés apposés sur les portes. Cette mesure se révélant insuffisante, l’église fut détruite par la police, rebâtie par les villageois, puis à nouveau détruite par la police ; des pressions ont été exercées pour que les fidèles rejoignent l’Association patriotique des catholiques chinois ; les célébrations liturgiques à l’occasion des grandes fêtes, à Noël et à Pâques en particulier, ont été perturbées. Et pourtant, la détermination des catholiques de ce district, celles des 300 familles catholiques du village de Linjiayuan en particulier, paraît inentamée : dans les journées qui ont précédé et suivi Pâques cette année, à la mi-avril, 42 adultes et 16 enfants ont été baptisés.

L’année dernière, en 2000, les autorités locales, furieuses de voir que la fermeture de l’église n’empêchait pas les catholiques de Linjiayuan de s’y rendre, sont intervenues le dimanche de Pâques pour détruire l’église de ce village. En juin de la même année, les catholiques l’ont rebâtie en trois jours et trois nuits. Le 8 décembre 2000, jour de la fête de l’Immaculée Conception, la police est revenue à la charge pour détruire la nouvelle église, longue de 35 m. et large de près de 15 m. A sept heures du matin ce jour-là, un responsable local du Parti communiste escorté de 120 policiers s’est présenté devant l’église où 300 fidèles étaient rassemblés pour prier. A 8h30, le chef du Bureau des Affaires religieuses de Cangnan a ordonné la démolition de l’édifice. Apprenant la nouvelle, environ 300 catholiques supplémentaires étaient accourus des environs. Récitant le chapelet et demandant l’aide de la Vierge Marie, ils parvenaient à se glisser dans l’église tandis que les forces de l’ordre tentaient de les en empêcher. Une heure plus tard, après des appels répétés de la police à évacuer l’église, une vingtaine de camions ont amené 500 membres de la Sécurité publique en renfort. Encerclés, les catholiques de Linjiayuan ont été alors contraints de quitter leur église : dix d’entre eux et deux policiers ont été blessés dans l’échauffourée. Six laïcs – dont deux femmes – furent arrêtés, puis relâchés un peu plus tard contre le paiement d’une caution d’un montant total de 2 000 yuans (240 dollars US). A midi, l’église, la chapelle et la résidence du prêtre étaient à terre.

Deux jours plus tard, le dimanche 10 décembre, les catholiques n’ont pas hésité à se réunir à nouveau -à ciel ouvert cette fois – pour la messe. Furieux de la détermination et de l’entêtement dont faisait preuve cette communauté, les Affaires religieuses ont dépêché trois bulldozers pour effacer toute trace de l’église détruite. Seuls trois petits amas de débris ont subsisté. Selon le témoignage d’un catholique du lieu, les autorités ont même fait planter des arbres afin que nulle trace de l’église ne demeure. Les catholiques considèrent leur église détruite comme “leur Calvaire”, témoigne encore ce catholique. Ils ont placé une croix à l’endroit où elle s’élevait et, que ce soit sous le soleil ou la pluie, l’assistance aux liturgies dominicales est plus importante aujourd’hui qu’elle ne l’était “avant” et ne cesse de croître. Les diverses campagnes des autorités pour que les catholiques “clandestins” de cette contrée s’affilient à l’Association patriotique n’ont jamais rencontré de succès. En février 2000, seulement une vingtaine de catholiques ont cédé sous la pression, rapporte encore un catholique de Linjiayuan.

Mgr James Lin Xilin et les prêtres “clandestins” du diocèse de Wenzhou, dont dépend cette chrétienté, ont tous été arrêtés à diverses reprises depuis 1999 et détenus pour de plus ou moins longues périodes (1). L’un d’eux, le P. Paul Jiang Sunian, a été condamné à six ans de prison en avril 2000 pour avoir, sans autorisation, imprimé des livres (2). Le diocèse de Wenzhou fait partie de ces diocèses de la province du Zhejiang où la partie “clandestine” de l’Eglise catholique est forte et où les autorités ne cessent de s’efforcer d’en contenir l’essor (3).