Eglises d'Asie

Une décision de la Cour suprême donne aux minorités religieuses les mêmes droits électoraux qu’aux musulmans

Publié le 18/03/2010




Pour la quatrième phase des élections aux assemblées locales, le 2 juillet dernier, pour la première fois depuis 1979, les Pakistanais appartenant à des religions minoritaires sont allés voter avec leurs compatriotes musulmans et, avec eux, ont élu un président d’assemblée locale, un groupe de vice-présidents, un représentant du monde du travail pour les hommes, un représentant du monde du travail pour les femmes, une représentante des femmes et un représentant des minorités. Lors des élections précédentes, les électeurs non musulmans étaient divisés selon leur religion et ne pouvaient voter que pour des membres de leurs minorités, candidats aux postes qui leur étaient réservés au plan national ou provincial ou encore dans la circonscription électorale.

Ce système, dit des électorats séparés (1), a été aboli la veille du vote, par une décision de la Cour suprême stipulant que désormais les élections auraient lieu sur la base de l’égalité des électeurs et avec des candidats communs. Ce jugement annulait un précédent jugement de la Haute-Cour provinciale du Pendjab qui avait refusé aux minorités ethniques le droit de voter avec la majorité de l’électorat pour des candidats communs.

Dès qu’il a été connu, le jugement de la Cour suprême a été accueilli avec une grande satisfaction par les membres des diverses minorités. Une personnalité du monde chrétien, Naseem George Shindhu, l’a qualifié de décision historique venant rétablir une égalité rompue par la décision du président Mohammad Zia-ul-Haq de mettre en place le système des électorats séparés en 1979. D’ores et déjà, la décision de la cour a modifié les relations entre les musulmans et leurs compatriotes des autres religions. Les candidats musulmans sont aussitôt venus trouver les chrétiens pour solliciter leurs suffrages, ce qui a fait dire à ceux-ci que le nouveau système électoral les rétablissait dans leur dignité. Voilà déjà de nombreuses années que les chrétiens réclamaient l’abolition du système des électorats séparés. Les hindous les avaient rejoints dans leur lutte à l’occasion des actuelles élections.

Une controverse s’est cependant instaurée concernant les trois premières phases des élections qui se sont déroulées selon l’ancien système, pour lesquels les responsables religieux des minorités avaient donné des consignes d’abstention (2). Ces consignes avaient été très largement suivies. Lors du premier tour qui avait eu lieu le 31 décembre 2000 dans 18 districts du pays, pour les 962 sièges réservés aux minorités, seuls 234 candidats s’étaient présentés, laissant 728 sièges vacants. Environ 76 % des électeurs avaient refusé de déposer un bulletin dans l’urne. Le boycott avait été le même lors de la seconde et troisième phases des élections. Beaucoup, comme par exemple le pasteur Shamim Barkat Masih, seraient d’avis de recommencer les trois phases électorales précédentes dont les résultats ont été faussés à cause du boycott. Cependant, le ministre fédéral pour les assemblées locales, Omar Asghar Khan, tout en affirmant que la décision de justice serait désormais appliquée à toutes les futures élections, a déclaré qu’elle ne pouvait invalider les élections précédentes.

En ce quatrième tour des élections, quelque 10 000 candidats se disputaient 3 700 sièges en 29 districts des plus grandes villes du pays, parmi lesquelles Karachi, Lahore, Rawalpindi et Peshawar. Le nouvel électorat, désormais unique, était composé d’environ 20 millions d’électeurs.