Eglises d'Asie – Chine
Anhui : tandis que les autorités fusionnent les trois diocèses de la province en un seul et unique diocèse “officiel”, un prêtre de l’Eglise “clandestine” est placé en résidence surveillée
Publié le 18/03/2010
Selon des sources catholiques locales, le nouveau “diocèse” de l’Anhui, dont les limites correspondent aux frontières administratives de la province, compte moins de vingt prêtres pour 70 000 fidèles environ. Les deux-tiers de ces prêtres ont moins de 50 ans. La responsabilité du diocèse a été confiée à Mgr Joseph Zhu Huayu, âgé de 83 ans et qui jusqu’ici avait la charge du diocèse de Bengbu. Le 3 juillet dernier, une cérémonie et une messe en l’église Notre-Dame-de-Lourdes à Hefei, capitale de l’Anhui, ont marqué cette fusion et Mgr Joseph Zhu réside désormais dans un nouvel évêché, construit dans la banlieue de Hefei, où il est assisté de deux jeunes prêtres. Toujours selon ces sources, les trois anciens diocèses resteront pour l’heure financièrement indépendants et les autorités civiles ont interdit tout transfert de prêtres à l’intérieur du nouvel ensemble.
Cette fusion n’est pas une première. Arguant du manque de prêtres et de la vacance de nombreux évêchés, les autorités chinoises ont entrepris depuis quelque temps de redessiner les contours de la carte ecclésiastique. Ainsi, ces deux dernières années, dans les provinces du Guizhou, du Guangxi et du Hunan, les diocèses ont été fusionnés de façon à ce que chacune de ces trois provinces ne compte plus qu’un seul diocèse. Dans le Shandong, une réduction du nombre des diocèses est en cours de préparation (1). Selon les observateurs, dans de nombreux diocèses, les prêtres sont effectivement peu nombreux et les évêques, là où il y en a, sont souvent très âgés. Dans la province de l’Anhui, par exemple, seul Bengbu avait un évêque à sa tête, les deux autres sièges épiscopaux étant vacants depuis plusieurs années ; les prêtres, s’ils sont souvent jeunes, sont en nombre insuffisant et les départs du sacerdoce ne sont pas rares : ces dernières années, au moins cinq jeunes prêtres, natifs de la province, ont quitté la prêtrise ; dans le diocèse de Wuhu, en 1996, il y avait au moins quatre prêtres et ils ne sont plus que deux aujourd’hui. Toutefois, il semble que les autorités utilisent ces difficultés – réelles – pour justifier des opérations de redécoupage qui sont imposées à la Conférence des évêques “officiels” et dont le but réel semble être de faciliter le contrôle exercé sur l’Eglise catholique.
Le vicariat apostolique d’Anhwei (Anhui) a été érigé en 1921, d’une scission du vicariat apostolique voisin de Jiangnan. Il fut rebaptisé en 1924 vicariat apostolique de Wuhu avant qu’en 1929 n’en soient détachés les vicariats apostoliques de Bengbu et d’Anqing. En 1946, les trois vicariats devinrent des diocèses tandis qu’Anqing était élevé au rang d’archidiocèse. Tous trois avaient été confiés à des jésuites espagnols et italiens. Depuis le début des réformes en 1979, la renaissance de l’Eglise dans ces territoires a été relativement lente, les catholiques se heurtant, entre autres, à la mauvaise volonté des autorités locales quant à la restitution des propriétés d’Eglise confisquées (2). Par contraste, le dynamisme des communautés chrétiennes protestantes dans cette province est frappant : sur une population de 62 millions d’habitants, Amity News Service, organe des Eglises protestantes “officielles”, estimait en 1997 le nombre des protestants à 1,18 millions, plaçant l’Anhui au troisième rang des provinces de Chine pour l’importance de la population protestante.