Eglises d'Asie

Hongkong : selon une religieuse locale, l’Eglise catholique en Chine a toujours besoin de l’aide des catholiques de Hongkong et de la diaspora

Publié le 18/03/2010




Plus de vingt ans après le début des réformes en Chine, quatre ans après le retour de Hongkong sous le drapeau chinois, l’Eglise catholique en Chine, subissant la volonté de contrôle des autorités communistes et entravée dans son développement par les contraintes qui lui sont imposées, a toujours besoin du soutien et de l’aide des catholiques chinois de Hongkong et d’outre-mer. Tel est l’avis de Sœur Béatrice Leung Kit-fun, de la congrégation du Précieux Sang, professeur associé à l’université Lingnan de Hongkong. Selon la religieuse catholique, les catholiques de la diaspora chinoise devraient contribuer plus qu’ils ne le font aujourd’hui à rendre l’Eglise en Chine plus proche de l’Eglise universelle tandis que les catholiques de Hongkong pourraient se charger de l’intendance et de la logistique.

Selon la religieuse, avant le retour de Hongkong sous le drapeau chinois, s’était développée l’idée que l’Eglise à Hongkong devait utiliser sa position privilégiée pour servir de « pont » entre l’Eglise en Chine et l’Eglise universelle. Les autorités chinoises ne se montraient pas fondamentalement hostiles à cette notion, même si elles ont toujours pris soin de mettre en garde le clergé de Hongkong à propos de ses éventuelles activités sur le continent chinois. Cependant, note Sœur Béatrice Leung, depuis juillet 1997, date de la rétrocession, les relations entre l’Eglise catholique à Hongkong et les autorités chinoises se sont tendues, rendant difficile la réalisation de cette mission. La dégradation de ces relations tient à plusieurs facteurs, précise la religieuse, facteurs liés aux prises de position de l’Eglise à Hongkong aussi bien vis-à-vis des autorités de Pékin que vis-à-vis de celles de Hongkong : la défense par l’Eglise à Hongkong de la canonisation à Rome, le 1er octobre 2000, de 120 martyrs de l’Eglise en Chine (1) ; la critique par les responsables du diocèse de Hongkong de l’attitude du gouvernement de Hongkong vis-à-vis du mouvement Falungong, interdit en Chine continentale (2) ; ou bien encore la question du permis de résidence des ressortissants de Chine continentale sur le territoire de Hongkong (3).

Aujourd’hui, nombreux sont les catholiques chinois installés au Canada ou aux Etats-Unis à être originaires de Hongkong. En dépit de la distance physique qui les sépare de la Chine, ces catholiques, d’origine chinoise et munis d’un passeport étranger, font face à moins de « contraintes politiques » que leurs pairs de Hongkong pour agir en Chine, estime Sœur Leung. Ce sont eux qui devraient pouvoir aider l’Eglise en Chine à faire face à ce qui est le principal défi de cette Eglise aujourd’hui, un défi de nature interne : le manque général de formation spirituelle, manque particulièrement aigu chez les prêtres et les religieuses. Remarquant qu’environ 30 % des prêtres de Chine continentale ont quitté le sacerdoce au cours de ces dernières années, Sœur Leung souligne l’urgence qu’il y a, avec l’aide des catholiques chinois de l’extérieur du pays, à renforcer la formation à tous les niveaux.

L’Eglise à Hongkong tiendra bien entendu un rôle toujours important auprès de l’Eglise en Chine, ajoute Sœur Leung. Elle cite, à titre d’exemple, le nombre grandissant de laïcs à Hongkong qui ont suivi une formation biblique et catéchétique pour se rendre sur le continent auprès des laïcs, des séminaristes et des religieuses. Mais, met-elle en garde, les autorités chinoises continueront à exercer un étroit contrôle sur tout ce qui touche au domaine spirituel. L’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce ou l’attribution des Jeux olympiques 2008 à Pékin n’y changeront rien. Avec le déclin du communisme, les gens se tournent vers la religion pour combler le vide spirituel dans lequel ils vivent et cela explique, ajoute encore Sœur Leung, pourquoi les autorités chinoises se montrent toujours aussi décidées à contrôler les religions et les sectes, comme on peut le constater avec la répression qui s’est abattue sur le mouvement Falungong (4).